I Jah Man concert: Tout simplement fabuleux !

… Et puis le phénomène I Jah Man est là. Tout de suite, il enchaîne avec « Africa », un hymne à l’Afrique porté par une voix émotive et mélancolique. La liesse collective est au rendez-vous.

Il est déjà 20 heures du côté du stade Iba Mar Diop de la Médina, mais les cris de la foule généralement perceptibles à l’occasion d’un tel événement ne le sont pas encore. La clameur est timide, elle est indigne de la stature de l’artiste qui se produit ce dimanche 09 septembre.

Il vient de loin, cet artiste ; de très loin. Il vient de la lointaine Jamaïque, l’île qui a « offert » à l’humanité des groupes comme Mysty in Roots, Israel Vibration, Inner Circle (avec le charismatique Jacob Miller, paix à son âme), Gladiators, Capital Letters, Third World, Culture, Black Uhuru, etc, ou des emblèmes internationales comme Bob Marley, Peter Tosh, Bunny Wailer, Burning Spear, Pablo Moses, Mutabaruba, Max Roméo, U Roy, Prince Far I, Yabby You, Don Carlos, I Jah Man… Ah oui, c’est cet artiste qui s’est produit le dimanche ; c’est lui, I Jah Man, membre de la tribu de Levi ! Mais alors, pourquoi diantre il n’y a pas foule ?

C’est un phénomène extra planétaire ce monsieur ! A cette question, on pointe du doigt le manque d’organisation et une communication défectueuse. Mais force est de reconnaître quand même que les organisateurs (Daddy Macky et Country man Production) ont du mérite. Déplacer un monument comme I Jah Man n’est pas évident du tout ; il faudra juste qu’ils songent à tirer les leçons et à corriger les impers. Bref… 2 heures sont passées. Des « dreads », locks au vent ou soigneusement rangés dans de larges bonnets aux couleurs Vert, jaune, rouge et noir avec, au centre l’effigie du « Lion conquérant de la tribu de Juda », font leur entrée par petits groupes. Des « dread », mais aussi des reggaephiles ou de simples fans de I Jah Man, l’auteur du sublimissime « Are we a warrior ».

Dans les dédales de rues sans indication, un mouvement se dessine donc. Tout ce petit monde semble suivre le même chemin : celui de Levi. Les tribunes et les pourtours accueillent timidement du monde au grand bonheur des vendeurs ambulants, ces chasseurs de bonnes affaires. Sur scène, c’est le relais des artistes reggae, rap et dance hall chargés de « gérer » le public : Doug E Tee, Xuman (par ailleurs maître de cérémonie avec la sympathique Maty 3 Pommes), Akiboulane, Dread Maxim… Une pléthore d’artistes (un peu excessif).

Et puis le phénomène I Jah Man est là. Tout de suite, il enchaîne avec « Africa », un hymne à l’Afrique porté par une voix émotive et mélancolique. La liesse collective est au rendez-vous. D’ordinaire très peu démonstratif, le public semble complètement en transe. C’est tout le stade (désormais presque plein) qui bouge au gré des mouvements de foule sur un beat emportant et hypnotisant du groupe jamaïcain. I Jah Man l’avait promis : il jouerait à Dakar les titres de son album à sortir bientôt. Promesse tenue. Le messager de Ras Tafari a promené son public à travers presque tout son répertoire.

Dans un des morceaux, il nous fait comprendre qu’il est le témoin de son époque, une époque marquée par des guerres et déchirures de toutes de sortes. Il exhorte à combattre la bêtise par la foi et, aux Africains, cible centrale de son message, il demande de se départir de la position victimaire. S’assumer, pense-t-il, s’est d’abord se remettre en cause et penser par soi-même sa propre direction. La clé du progrès pour les Africains, chante I Jah Man d’une voix implorante, pleurante même, c’est la révolution mentale et l’unité avant de lâcher un assourdissant « Rastafari !!! ». Que celui qui a des oreilles entende.

Majestueux dans son boubou blanc, le messager de Jah chevauche ses anthologies : Jah Heavy load, Moulding… tout y passe. Après un concert d’enfer de près d’une heure 30 minutes avec un matos pas toujours à la hauteur, I Jah Man lâche le désolant « Good night Sénégal ». C’est fini. Personnellement, j’attendais « Lilly of my valley » et « Two sides of love ». Je ne les aurais pas ce soir. La prochaine fois, peut-être. Le public est reparti, la joie sur les visages. Et chacun pourra dire : « j’y étais ! »…

Source: Sud Quotidien

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