Procès du bus incendié à Marseille: la victime Mama Galledou demande des explications

Mama Galledou, grièvement brûlée dans l'incendie criminel d'un bus à Marseille le 28 octobre 2006, a réclamé jeudi devant le tribunal pour enfants de Marseille des explications aux deux jeunes incendiaires présumés, jugés à huis clos, a indiqué l'avocat de la victime.

Pour éviter de rencontrer le public et les médias, la jeune femme de 27 ans était arrivée en voiture près de deux heures avant le début de l'audience à 9H30. "Elle a témoigné sans mélo. Elle n'a pas fait dans la démonstration. Elle s'est maîtrisée, ne s'est pas effondrée", a déclaré Me Alain Molla, saluant le "courage" de sa cliente.

Son audition qui a duré une quarantaine de minutes, s'est déroulée par visioconférence, depuis la bibliothèque du tribunal, où elle était entourée d'un greffier, de son autre avocat Me Jean Boudot, et de membres de sa famille.

Seul son visage était filmé et projeté dans la salle d'audience tandis qu'elle pouvait voir le président lui poser des questions. C'est la première fois que la visioconférence est employée lors d'un procès dans la juridiction marseillaise. Il y a quelques années, elle avait été utilisée dans le cadre d'une enquête avec commission rogatoire internationale, selon une source judiciaire.

Mama Galledou s'est refusée à tout contact visuel avec les prévenus auxquels elle a réclamé des explications: "Pourquoi ont-ils mis le feu au bus alors qu'il n'était pas encore vide, pourquoi sont-ils partis, pourquoi l'ont-ils laissée brûler?", a résumé Me Molla.

Cependant, selon lui, les réponses n'étaient pas à la hauteur des attentes de la jeune Franco-sénégalaise qui, malgré son anxiété et son corps encore douloureux, a finalement choisi de faire le déplacement.

"A ses questions, on ne répond pas, on baisse la tête, on dit qu'on a déjà tout dit", a dénoncé Me Molla. "Elle voulait la vérité, savoir comment les événements s'étaient déroulés. Mais les prévenus ont donné l'impression que c'était le fait du hasard".

Lors de l'instruction, plusieurs des huit jeunes hommes mis en cause avaient avoué que l'incendie avait été prémédité pour faire "comme à Paris", "faire parler d'eux dans les médias". A partir du 3 décembre, la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône jugera les six autres protagonistes de l'affaire.

Jeudi matin, "nous n'avons pas obtenu la moindre réponse. C'est désespérant", a commenté Me Gilbert Collard, avocat de la conductrice du bus incendié, également partie civile dans ce procès.
Pour l'avocat de l'un des deux prévenus, Me Michel Lao, "c'était peut-être au-dessus de leurs forces d'apporter toutes les réponses". "Ils ont répété leurs remords, leurs regrets. Ces mots deviennent creux mais peut-être n'ont-ils pas la capacité intellectuelle de s'exprimer autrement".

L'avocat du second prévenu, Me Philippe Vouland, a rappelé que son client "assume totalement. Mais ce qui choque tout le monde c'est qu'il continue à appartenir à un groupe (en refusant d'évoquer les rôles de ses compagnons lors du drame, ndlr). Je rappelle qu'il n'a pas 16 ans, qu'il n'est pas construit totalement".

Les deux prévenus avaient 15 ans au moment du drame. Les six autres responsables présumés de l'incendie criminel, bien que mineurs au moment des faits, avaient plus de 16 ans. Le jugement est attendu vendredi soir. Les deux prévenus encourent une peine maximale de 15 ans.

Source: Afp

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