Lena Sene: Une sénégalaise à la Maison blanche ?

La presse a déjà fait cas de cette jeune sénégalaise, Léna Sène qui a été admise à la Maison blanche. Mais sans trop s’intéresser à l’itinéraire assez spécial de cette jeune femme au creuset de trois continents : l’Afrique, l’Amérique et l’Europe. La belle histoire d’un métissage réussi. A bien fouiller les racines de Léna Sène, l’on se rend bien compte qu’elle a , à la fois, subi les influences de la culture américaine, sénégalaise et ukrainienne.

Née aux Etats-Unis, elle a grandi au Sénégal, sous l’aile protectrice d’une maman ukrainienne. Avant de retourner, 18 ans plus tard, sur la terre qui l’a vu naître. Le Populaire a enquêté sur la vie de cette femme...


L’histoire de Léna pourrait bien commencer aux Etats-Unis. L’Amérique, si jalouse de son rêve qui a vu de simples émigrés partir des échelons les plus bas de la société pour atteindre les cimes de la célébrité, se plairait bien de décliner l’histoire de cette fille en quelques phases simples. Elle est née aux Etats-Unis. Elle y a fait de brillantes études supérieures, y a obtenu son premier job, y a gravi des échelons pour afin se retrouver à la Maison blanche. Inscrite en 1996 à l’Université de Portland, elle y prépare effectivement le concours d’entrée dans les grandes écoles d’économie.

Elle décroche le ticket d’entrée Bates College en Novembre 1996, qui est une école privée d’études Supérieures en Economie, l’une des plus prestigieuses aux Etats-Unis. Lena Sène réussit si bien le concours qu’elle est immédiatement sélectionnée pour bénéficier d’une bourse. Quatre ans au Bates College et les entreprises américaines, si promptes à dénicher la bonne graine, la cible. Mais c’est au terme d’un concours très sélectif que la J.P Morgan Bank, très célèbre aux Etats-Unis, la recrute. Le reste, c’est la roue du succès qui s’accélère. Après quatre ans à J P Morgan Bank, elle est recrutée par la prestigieuse LEHMAN Brothers Bank, d’où elle s’est lancée dans le concours qui lui vaut aujourd’hui de rejoindre la Maison Blanche pour un an.

La Maison blanche a lancé un concours pour le recrutement de quatorze personnes, les plus pointues dans les domaines du droit, de la Médecine, les Finances, l’Education etc. Le prestigieux programme (Fellows) fondé en 1964 par le Président Lyndon B Johnson consiste à sélectionner au niveau le plus élevé du gouvernement fédéral, les meilleurs américains. Sur la ligne de départ, ce sont six milles américains, les plus brillants des Etats-Unis qui ont été retenus pour passer le premier tour du concours. Cent six parmi eux seront sélectionnés pour passer le second tour, d’où sortiront Trente et un présélectionnés pour subir le troisième et dernier tour qui a abouti à la sélection de quatorze personnes retenues pour la Maison Blanche. Les lauréats travaillent avec la haute administration américaine et sont testés au quotidien. L’ex-secrétaire d’Etat Colin Powell fait entre autres partie des américains qui ont été propulsés par ce Programme.

Aux confluents de plusieurs cultures
Mais ce serait sauter trop de passerelles que de retracer l’histoire de Léna Sène de façon si linéraire voire simpliste. Les Etats-Unis, l’Ukraine et le Sénégal. L’histoire de cette métisse née en décembre 1977, en plein hiver à l’hôpital de l’Université de Georges Town de Washington, de père sénégalais et de mère ukrainienne, est, à tout point de vue, spéciale. Fruit du métissage tant chanté par le premier Président du Sénégal, elle subit très fortement les influences des cultures sénégalaise, ukrainienne mais aussi américaine. L’Amérique est cependant le lieu de la naissance de Léna Sène. Les parents de Léna Séne , Ibrahima Sène et Valentina Yakovenko étaient tous les deux étudiants à l’Académie des Sciences Agricoles de Timiriazev de Moscou en Agronomie de 1968 à 1973, et s’étaient mariés dans cette capitale des Soviets depuis 1970 .

La suite de cette histoire d’amour, c’est que les jeunes Agronomes vont faire trois enfants, dont deux filles , Oumy Séne en 1972 à Moscou, et Léna Séne en 1977 à Washington , et un garçon, Maxime Séne en 1985 à Kaolack au Sénégal. L’Amérique , où Ibrahima Séne, accompagné de sa femme et de leur première fille, Oumy Séne, est parti en 1977 faire des Etudes en Economie de l’Agriculture, est donc la terre où Léna Sène va humer le premier parfum de sa vie. Mais bien d’autres senteurs meublent le passé de cette fille. L’Ukraine d’où est originaire sa mère Valentina, est bien présente dans le décor de jeunesse de Léna Sène. Toute la famille parle russe. La cuisine- elle- garde les parfums et les goûts du pays d’origine de Valentina. Léna Sène est très belle. Et son physique rappelle celui de sa mère quand elle avait le même âge.

Mais plus fortement, l’influence de sa mère est grande chez la jeune Léna Sène. Et c’est son père, qui fait cet aveu. « Sa maman l’a prise en main ». C’est sa confidente. Elle lui a donné une bonne éducation. Vous devinez facilement qu’une belle fille comme ça à un certain âge, doit avoir un certain caractère pour échapper à certaines « déviances », confesse volontiers Ibrahima Sène, 36 ans d’opposition, le chargé des questions économiques du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) n’a pas eu autant de temps que la maman pour s’occuper de ses enfants. Il trouve quand même le temps de lui filer le virus de l’Economie.

Lena Sène grandit dans cette ambiance. Faite de discussions où souvent papa et maman ne s’entendaient pas sur tout. Heureusement pour elle. Ibrahima Sène est plutôt un grand idéaliste qui aime insister sur les principes alors que maman, toute rigoriste qu’elle soit sur le plan du comportement, n’en est pas moins ouverte aux différences des points de vue. Valentina est en effet une femme assez spéciale, aux convictions plus proches du libéralisme modéré que des thèses de Lénine. Une ukrainienne par ailleurs bien sénégalaise qui parle tant bien que mal le wolof, Français, Anglais et même quelques brides de peul (la grad-mère de Ibrahima .Sène est peul).

Mariée à un sénégalais, Valentina s’est ouverte, dés son arrivée au Sénégal en 1973, à la culture locale. Avec la spécificité de leur profession d’Agronome, le couple ne reste pas sur place. De Bambey, Kolda, Ziguinchor, Kaolack, Thiès, et Dakar, le destin de Léna Sène est naturellement chevillé à celui de ses parents qui, eux-mêmes sont affectés au gré de l’administration. Elle fait donc l’école primaire à Thies et une partie de son cycle secondaire, avant de finir à l’école Seydou Nourou Tall de Dakar , où elle obtient son baccalauréat avec la mention. Mais Léna Sène aurait pu rester à Dakar y poursuivre ses études. Mais là encore, c’est le destin qui joue sa partition.

Un couple Américain, Patrick et Valérie Kelly, dont la femme est promotionnaire de Ibrahima Séne à l’Université d’Etat du Michigan ( MSU ) où il étudiait l’Economie de l’Agriculture, avait proposé de l’accueillir chez eux, à Portland, pour l’encadrer dans la poursuite de ses Etudes supérieures. C’est ce qui ramena Lena aux Etats Unis où son destin est en train de se réaliser. Avant de connaître les résultats du concours de la Maison Blanche, Léna venait tout juste d’être informée de son admission, sur concours, à Harward Bussines School pour y faire son Master dés la rentrée universitaire prochaine.

Mais, avec sa brillante sélection à la Maison Blanche à partir de Novembre 2006 pour un an, les Autorités académiques de Harward lui ont accordé exceptionnellement le report de son admission d’un an ! Il ne nous reste donc plus qu’à souhaiter à cette américaine d’origine sénégalaise et ukrainienne, longue vie , bonne santé et encore plus de succès dans ses entreprises. God bless you !

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