L'or africain ne profite pas encore aux populations africaines

"Si la production de l'or connaît actuellement une expansion en Afrique, elle ne profite pas encore aux populations et Etats africains", estime vendredi à Dakar Ibrahima Aïdara, géologue conseiller régional pour la gouvernance de l'organisation non gouvernementale OXFAM, à l'occasion de la journée des portes ouvertes sur l'or du Sénégal oriental, organisée par le ministère sénégalais des Mines et de l'Industrie.

Le développement de la production aurifère en Afrique, favorisée à partir des années 1990 par la fin de la guerre froide et la libéralisation des économies du continent sous la férule des institutions financières (Banque mondiale) et les plans d'ajustement structurels, n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les pays de l'Afrique subsaharienne, selon des spécialistes présents à cette rencontre.

La production de l'or enregistre une progression de 10 % par an grâce aux nouvelles mines, particulièrement au Ghana, et au Mali, respectivement deuxième et troisième producteurs africains, derrière l'Afrique du Sud (392 tonnes en 2006), a indiqué pour sa part le Directeur de CSA Consulting International basé à Londres, John Cole-Baker.

Le Ghana, le Mali et l'Afrique du Sud, qui, en 2006, ont produit respectivement 70, 57 et 392 tonnes d'or ne bénéficient pas d 'un retour d'investissement, a affirmé M. Cole-Baker.Selon lui, les codes miniers datant pour l'essentiel des années 1990 encore en vigueur dans beaucoup de pays, "sont responsables de la faiblesse des revenus".

"Les codes miniers sont certes incitatifs pour l'investissement étranger, mais ils ne profitent pas aux pays. Ils sont devenus caducs, il faut les réformer", a poursuivi le directeur de la CSA Consulting International de Londres.

"La promulgation de ces codes miniers pouvait se comprendre dans le contexte des années 1990 parce qu'à l'époque le cours mondial de l'or subissait un important fléchissement et les pays ont voulu encourager les investissements depuis l'extérieur mais ce n'est plus le cas aujourd'hui et l'or ne s'est jamais aussi bien porté que maintenant", a-t-il dit, précisant que le Sénégal a bien fait de réformer son code.

Le code minier sénégalais, qui tient compte des dimensions sociales et environnementales dans l'exploitation aurifère, alloue à l'Etat au-delà des 10 % de parts gratuites, 25 % des parts destinés pouvant tomber dans l'escarcelle du secteur privé.

Trente-quatre pays africains producteurs du précieux métal fournissent 600 tonnes par an, soit le quart de la production annuelle mondiale.

Au regard de l'application des codes miniers, il est évident qu'il y a un amoindrissent considérable des revenus de l'or du continent noir au profit des multinationales britanniques, australiennes, canadiennes, principales exploitantes des gisements d'or en Afrique qui détient la moitié des réserves d'or mondiales identifiées, estime-t-on.

Source: Jeune Afrique

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