D’après la Banque mondiale : Deux tiers des ménages se considèrent comme pauvres au Sénégal

La sixième réunion du groupe consultatif du Sénégal tenue à Paris au début de ce mois avait été l’occasion pour la Banque mondiale, au-delà des sommes récoltées par le Sénégal, de passer au peigne fin l’économie sénégalaise. Et sans complaisance, malgré la mauvaise image de l’institution en Afrique.

Après les critiques formulées contre la mauvaise gestion des entreprises publiques et parapubliques, la Banque mondiale a fait un diagnostic de la pauvreté au Sénégal dans son rapport ‘Sénégal : Stratégie d’assistance-pays 2007-2010’.

Il n’est plus à démontrer que le Sénégalais fait partie des pays les plus pauvres de la planète avec un revenu national brut par habitant de ‘710 dollars en 2005’, indique la Banque mondiale. Pourtant, le taux de pauvreté semble avoir baissé, souligne l’institution de Bretton Woods.

‘La dernière enquête auprès des ménages indique que la proportion de la population vivant dans la pauvreté est tombée de 67,9 % en 1994 (61,4 % de ménages) à 57,1 % en 2001 (48,5 % de ménages), ce qui représente un progrès énorme du point de vue aussi bien historique que régional’, se réjouit la Banque mondiale. Mais c’est pour vite ajouter que ‘cette évolution positive doit toutefois être considérée avec réserve pour trois raisons’.

Parce que ‘le nombre absolu de ménages pauvres a néanmoins augmenté ; la pauvreté reste concentrée dans les zones rurales, comme l'indique le fait que Dakar et d’autres centres urbains ont enregistré un recul de la pauvreté plus marqué que les zones rurales ; et concernant les perceptions de la pauvreté, deux tiers des ménages se considèrent comme pauvres tandis qu’un tiers des ménages pauvres et non pauvres confondus estiment que la pauvreté s'est considérablement accrue dans leur collectivité au cours des cinq dernières années’.

Dans son diagnostic, la Banque mondiale estime que ‘la probabilité d’être pauvre au Sénégal est étroitement liée à l’accès aux services d’infrastructures de base’. Et les régions présentant ‘les niveaux de pauvreté les plus élevés (Ziguinchor, Kolda, Kaolack et Diourbel) sont celles où l’on a le moins accès à l’eau, aux services d’assainissement et à l’électricité’.

Simple coïncidence ou non, l’on remarque que les régions citées sont curieusement celles du bassin arachidier du Sénégal : Kaolack et Diourbel considérées comme étant l’ancien et Ziguinchor et Kolda le nouveau.

Et l’on sait que, dans ces régions, la culture de l’arachide est la principale source de revenu, même si Kolda et Vélingara comptent aussi sur le coton. Et depuis l’alternance, la culture de l’arachide a connu des problèmes à la fois structurels et conjoncturels. Structurels avec la privatisation de la Sonagraine, puis de la Sonacos avec le désengagement de l’Etat comme corollaire. Conjoncturels avec les fameux bons impayés tristement célèbres. Ce qui a fait chuter drastiquement les revenus des populations habitant dans ces zones.

Entre la ville et le village, le fossé de la pauvreté se creuse avec de grosses pelleteuses. ‘Pour la population rurale, et pour les personnes indigentes dans les zones urbaines et rurales, l’écart creusé par ce manque d’infrastructure est grand et accentue leur vulnérabilité’, souligne la banque de Madani Tall. Conséquences de cette pauvreté : ‘L’espérance de vie moyenne ne dépasse pas 56 ans au Sénégal, du fait du taux élevé de mortalité à la fois infantile et maternelle (même par rapport aux pays en développement)’, se désole l’institution financière internationale.

Et sur le plan de l’éducation, si ‘le niveau de l’éducation s’améliore, notamment en ce qui concerne l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire et supérieur souffre de nombreux problèmes, d’où les faibles taux de rentabilité et les taux élevés d'abandon scolaire’, soutient-on du côté de la Banque mondiale. D’autant plus que les parents n’ont plus assez de moyens d’assurer la scolarité de leur progéniture, surtout quand elle est nombreuse.

Quand on est pauvre, c’est parce que, généralement, l’on ne travaille pas. La pauvreté au Sénégal, indique le document de la Banque mondiale, est donc liée à la difficulté de trouver un emploi. ‘Aujourd’hui, quatre travailleurs potentiels sur dix sont au chômage ou sous-employés au Sénégal et cette proportion est encore plus élevée pour les jeunes qui manquent de compétences et d’expérience’, déplore le document. La faute à qui ? ‘En partie (au) manque de dynamisme du secteur privé et le fléchissement de la part du secteur agricole dans l’économie (plus particulièrement la filière arachides)’.

Selon la Banque mondiale, ‘depuis l’an 2000, l’investissement privé a diminué par rapport au Pib et le nombre de nouvelles entreprises reste limité, tout au moins dans le secteur formel, en raison de divers obstacles tels que la difficulté d'accès à l'électricité à un coût raisonnable, le manque de transparence dans le milieu des affaires et le fonctionnement médiocre de l'appareil judiciaire (comme en témoigne le classement très modeste du Sénégal selon les critères du programme Doing Business)’, soulignent les rapporteurs de la Banque mondiale.

Un autre facteur déterminant de la pauvreté est ‘la vulnérabilité de la population rurale aux chocs extérieurs (par exemple, les conditions climatiques) qui ont un impact négatif sur leurs revenus’. Et ‘une telle vulnérabilité se traduit par des taux élevés d'émigration vers les villes, Dakar en particulier. Cette émigration, à son tour, contribue à la détérioration des conditions de vie dans les zones urbaines et à l’émergence de nouveaux groupes vulnérables (par exemple, les enfants de la rue)’.

Conséquences: ‘Ces tendances ont fait naître des inquiétudes croissantes concernant la sécurité alimentaire hydrique, notamment dans les zones urbaines en expansion, et la croissance économique durable dans toutes les régions. Cette situation a engendré un flux d’émigration illégale élevé vers les pays industrialisés’. C’est le fameux slogan : ‘Barcelone ou Barsakh’.

Source: Walf fadjri

1 commentaire:

banque a dit…

Le développement est un processus long.

 
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