Etre étudiant africain en France : l’itinéraire de Xavier, du Sénégal

Xavier Manga, jeune sénégalais de 24 ans, est étudiant en doctorat de sociologie. Il a été sélectionné parmi les meilleurs de son lycée. En 2002, il a la chance de faire partie du programme de coopération entre la France et le Sénégal. Il choisit Nancy parce que son frère est déjà dans la région. Pour Afrik.com, qui présente cette semaine une série de portraits d’étudiants africains vivant en France, il revient sur son parcours. Il fait un constat mitigé, mais d’une extrême lucidité, de son expérience française.

Pour les étudiants étrangers, la France est une terre bénie. C’est une destination qui inspire le rêve et suscite toutes sortes de fantasmes. Cependant, une fois faits les premiers pas sur le sol froid de l’Hexagone, une fois passé l’émerveillement des premiers jours, c’est une toute autre réalité qui s’offre à eux. Une histoire de papiers, de droits, de travail, d’argent, parfois même d’hostilité, de racisme… mais aussi, d’enrichissement, de rencontres, d’expériences heureuses. Xavier nous raconte son histoire bleu blanc rouge… Pas toujours si rose.

Cela fait cinq ans que je suis en France. Je suis boursier, mais je dois travailler pour subvenir à mes besoins. Ma bourse versée par le Sénégal est faible. Elle est de 300 euros par mois. En plus, je ne la perçois pas toujours et jamais dans les temps. L’année dernière, j’ai dû attendre le mois d’avril pour l’avoir. Sans bourse, pourtant, ça n’aurait pas été possible, mes parents n’auraient pas pu m’aider, ils ne sont pas très aisés.

L’arrivée en France, un véritable choc.
Quand je suis arrivé, tout était différent, je ne comprenais pas tout, ça allait trop vite. J’avais 19 ans et j’étais très attaché à ma famille, j’étais nostalgique, j’avais le mal du pays. A la Fac, les méthodes étaient différentes. Malgré les difficultés administratives, je ne suis pas trop critique face au système français. J’ai tout de même droit à des études de qualité et les diplôme français sont plutôt bien reconnus. Comparé à mon pays, c’est déjà mieux. L’an passé, j’ai demandé le renouvellement de mon passeport au Sénégal et cela a pris un an. Alors je ne me plains pas, même si c’est dur financièrement, il faut improviser, travailler et faire des sacrifices, ne pas trop sortir par exemple.

Une nouvelle vie, cela suppose des sacrifices
Depuis que je suis en France, je ne suis rentré au pays qu’une seule fois en 2005. Comme je travaille pendant les vacances, je n’ai que deux semaines de congés payés, c’est trop peu. Et surtout, le voyage coûte trop cher, il faut prévoir les cadeaux pour la famille et les amis et ça n’est pas évident. De toute façon, je me suis habitué à cette nouvelle vie et je me suis fais de nouveaux amis. Peut être que j’irai l’année prochaine. »

Ambitions et perspectives
Pour le moment, j’ai l’ambition de finir ma thèse et de trouver un poste d’enseignant en France, pourquoi pas, mais je ne fais pas trop d’illusions. Sinon ce sera au Sénégal, à Dakar, je sais qu’avec un diplôme français, j’ai toutes mes chances. De toute façon, même si c’est au Cambodge ou au fin fond de la Chine que je trouve un poste, j’irai. L’essentiel pour moi étant de faire ce que j’aime et de pouvoir, quand je le désir, rentrer chez moi, au Sénégal, et surtout aider mes parents.

Source: Afrik.com

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