Wikipédia, libre mais peu fiable

Wikipédia n’est pas parole d’évangile. C’est ce que révèle l’enquête menée par cinq étudiants de l’école de journalisme de Sciences-po Paris. Sous la direction de leur professeur, l’écrivain Pierre Assouline, ils ont réalisé une étude minutieuse de la cyber-encyclopédie. Quatre mois d’enquête et un rapport de 67 pages intitulé La révolution Wikipédia, les encyclopédies vont-elles mourir ? Bilan ? Pas fameux.

C’est en voyant ses étudiants faire des copier-coller des articles sur Wikipédia, sans prendre la peine de les vérifier, que Pierre Assouline, professeur à l’Institut d'études politiques de Paris et ancien rédacteur en chef de Lire, a eu envie d’évaluer la véracité des informations sur l’encyclopédie libre. Wikipédia, est ce qu’on appelle une encyclopédie participative. Ce sont les internautes eux-mêmes qui alimentent les articles, et d’autres internautes qui les contrôlent et les modifient en cas d’erreur.

Les cinq étudiants chargés de l’enquête ont donc voulu tester l’efficacité de ces modérateurs, et pour cela, ils ont introduit des « coquilles » dans plusieurs articles. Pour voir ensuite combien de temps elles allaient survivre. La première surprise, pour Pierre, un des étudiants auteurs du rapport, fut la facilité avec laquelle on peut modifier Wikipédia : « Pas besoin de donner d’adresse internet, ou de s’identifier, il suffit d’aller sur un article, de cliquer sur le bouton modifier, et ensuite c’est comme une page Word. On enregistre et les modifications apparaissent en ligne ». Et c’est aussi simplement que cela qu’ils ont modifié la notice de Tony Blair, rajoutant qu’il était de confession catholique (et non anglicane comme c’est toujours le cas).

Idem, dans la biographie de Pierre Assouline, qui d’un clic, s’est vu hisser au rang de champion de France de jeu de Paume. Et chaque fois, les erreurs sont restées en ligne une dizaine de jours. « Et pendant tout ce temps, des centaines de lycéens, d’étudiants, ont repris cette informations, déplore Pierre Assouline, puisque chez les jeunes surtout, Wikipédia est parole d’évangile ». En plus d’être parfois fautif, l’enquête pointe des problèmes d’objectivité dans certains articles. « Surtout les sujets historiques, politiques, philosophiques, où il y a matière à polémique. Par contre, pour les sujets scientifiques, les articles sont souvent écrits par des experts, et les informations sont donc plus fiables en général ».

Vérifier deux fois, plutôt qu'une
Chez Wikipédia, les responsables dénoncent les méthodes de cette enquêtes, « introduire des erreurs sciemment, c’est pour nous du vandalisme, dénonce David Monniaux, membre du conseil d'administration de l'association WIKIMEDIA France. . Leur enquête est à charge et ils ne nous l’ont même pas communiquée. Quand nous les avons contactés, ils nous ont répondu qu’elle n’était toujours pas finalisée ». De quoi jeter le doute sur le sérieux de cette enquête selon lui. Quant aux erreurs de fond, il existe des garde-fous. Il est par exemple demandé aux wikipédiens de préciser la source de leurs informations. Quand un article paraît trop approximatif, il est retiré immédiatement, et un message est envoyé à l’internaute en question pour lui expliquer.

Malgré ces précautions, David Monniaux reconnaît lui-même qu’il faut toujours vérifier les informations trouvées sur Wikipédia « Cette encyclopédie sert plus à orienter le lecteur dans ses recherches, plutôt que de lui livrer une information fiable et directement utilisable. C’est aux internautes d’aller vérifier à la source, et de ne pas se contenter de ce qui est écrit dans les articles ».

Source: Rfi.fr

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