Turbulences dans le ciel africain, Madagascar quitte L'Asecna

Madagascar quitte l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique (Asecna), le Sénégal reprend ses droits sur les aéroports, le Congo se plaint des faibles investissements de l'Asecna: l'institution pan-africaine traverse actuellement une zone de turbulences.

"Madagascar (...) a dit à notre grande surprise qu'il voulait prendre ses distances avec l'Asecna", a annoncé le directeur général de l'agence Youssouf Mahamat (Niger), lors d'un point de presse vendredi à Dakar, siège de l'institution.

Les autorités malgaches ont officiellement fait part de leur décision le 18 octobre. Ce retrait sera effectif à partir du mois de mai 2008, après expiration d'un préavis de six mois. Dans le passé, le Mali et la Centrafrique avaient quitté l'agence mais l'avaient réintégrée quelques années plus tard.

Les autorités d'Antananarivo escomptent, en gérant directement leur espace aérien, davantage de retombées financières au plan national, pour moderniser leurs propres installations.

Une grande partie des redevances perçue par les membres (17 pays africains +avec Madagascar+ et la France) est en effet reversée à l'Asecna qui les répartit ensuite aux membres selon un principe de solidarité.

Fondée en 1959, l'Asecna est notamment chargée du contrôle de la circulation aérienne, du guidage des avions et de la transmission des informations de vol et météorologiques dans un espace aérien de 16 millions de km2, soit 1,5 fois l'Europe. Elle gère également l'approche et l'atterrissage des avions sur les 28 aéroports communautaires.

"La relation de Madagascar avec l'Asecna ne joue pas en notre faveur", avait récemment indiqué le ministre malgache des Transports et du Tourisme Julien Laporte Ravelonarivo, dans des propos rapportés par la presse malgache.

Autre mauvaise nouvelle, le Sénégal a annoncé en octobre à l'Asecna sa volonté de reprendre ses droits, auparavant délégués à l'Asecna, sur l'aéroport international de Dakar et ses aérodromes. Ils concernent essentiellement le commercial et la gestion des passagers mais pas la sécurité.

Les autorités de Dakar espèrent des retombées financières plus importantes en assurant cette gestion.

"Il n'y a pas discussion, le Sénégal est souverain", a souligné le directeur général de l'Asecna. La décision du Sénégal sera effective en mai 2008, à l'expiration d'un préavis de six mois.

"On ne peut pas faire de spéculations. Cette décision relève du pouvoir politique", a noté le président du conseil d'administration de l'agence Jacques Courbin (France).

Mais "certains pays se sont retirés et se sont rendus compte que cela n'était pas si simple et ont ensuite demandé à l'Asecna de reprendre la gestion" des aéroports", a-t-il souligné.

"Certaines compagnies aériennes hésitent ou hésiteraient, à se poser dans des Etats où l'Asecna gérait et ne gère plus", a poursuivi le président du conseil d'administration en faisant allusion aux critères très stricts observés par l'agence.

L'institution pan-africaine constitue un "exemple unique d'intégration et une intégration réussie car le principe de solidarité a toujours prévalu sur les intérêts nationaux", a-t-il insisté.

Les responsables de l'Asecna ont enfin confirmé que le Congo-Brazzaville s'était plaint dans un courrier en date du mois d'août de la faiblesse des investissements réalisés dans ce pays d'Afrique centrale, déstabilisé par une guerre civile en 1997-99.

Le directeur général de l'Asecna a répondu que des investissements étaient prévus. "On est revenu à une atmosphère de sérénité, c'est une page tournée et bien tournée", a-t-il dit.

Source: orange-infos

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