Immigrés clandestins: des larmes de crocodile et puis l'indifférence

Une vingtaine de cadavres d'Africains repêchés en Méditerranée par un navire français, rentré à Toulon avec sa sinistre découverte. Des déclarations pleines d'émotion. Et puis... rien.

Il y'a quelques mois, les pays les plus riches au monde se sont retrouves en Allemagne pour le sommet annuel du G8. Il leur suffirait de regarder un peu plus au sud, au milieu de la Méditerranée, pour trouver un sujet de discussion qui mériterait plus qu'une conversation entre maîtres du monde.

Le sort de ces Africains qui, par l'Atlantique ou dans la Méditerranée, tentent par tous les moyens de gagner les rivages de l'Europe et disparaissant par milliers chaque année à bord de leurs embarcations de fortune, fait partie de ces sujets qui surgissent au journal télévisé lorsqu'il y a des images aussi fortes que celle de ces hommes accrochés à des filets de pèche, retrouvés non loin de Malte la semaine dernière. Mais ces drames, le reste du temps, replongent dans le trou noir de l'information et de l'indifférence.

Il y a deux dimensions au problème. La première touche à ce qui se passe en Méditerranée. Les 27 hommes du filet de pèche maltais ont eu la chance d'être repêchés par un navire italien. Les 18 autres Africains ramenés par la frégate La Motte Picquet n'en ont pas eu: leurs corps ont été retrouvés décomposés par les marins français à environ 200 milles nautiques au sud de Malte.

Fatalité? La Commission européenne a adressé une mise en garde aux autorités maltaises, en leur demandant de promettre de ne plus jamais abandonner en mer des immigrants clandestins qui auraient été repérés. "L'obligation de sauver des vies en mer procède d'une tradition internationale qu'aucun pays n'a jamais violée si manifestement", a lancé Franco Frattini, commissaire européen chargé des questions d'immigration, dans le quotidien italien La Repubblica. Même reproche du côté du commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui a adressé une mise en garde aux pays européens, pointant plus particulièrement Malte du doigt.

Mais l'autre aspect du problème touche à la réalité qui pousse ces hommes à fuir leur continent et risquer leur peau pour chercher une vie meilleure en Europe. Il suffit de jeter un coup d'oeil aux cartes thématiques du monde publiées ce week-end pour comprendre à quel point l'Afrique a été la grande perdante de la transformation économique des vingt dernières années.

Et qu'à moins d'aider le continent noir à retrouver l'espoir, on continuera à repêcher des cadavres d'Africains dans l'eau, et à verser des larmes de crocodile à leur sujet. Plus facile à dire qu'à faire, évidemment, mais dans le cynisme international actuel (l'épisode de Paul Wolfowitz à la Banque mondiale, par exemple...), le pire est hélas souvent sûr.

Source: Rue89

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