XESSAL: Question autour d'une pratique bien Senegalaise!

L'Association internationale d'information sur la dépigmentation artificielle (AIIDA) et l'Association des fem mes médecins du Sénégal (AFEMS) ont levé un coin du voile sur la dépigmentation artificielle qui reste une pratique très courante, malgré son lot de dégâts. Quelles en sont les motivations pour les femmes qui la prati quent ? Comment est perçu le «xessal» et de quand date son adoption au Sénégal ? Voici quelques éléments de réponse.


'engouement noté lors de la journée de consultation organisée par Aiida et AFEMS à la polyclinique en dit long sur l'ampleur du phénomène de la dépigmentation ou «xessal» en wolof. Les femmes étaient venues nombreuses pour se faire soigner la peau ou pour se faire consulter. Et pour cause, le «xessal» pratiqué à longueur d'année sur la peau, ne pardonne pourtant pas.

Les séquelles sont visibles et nocives. Seulement voilà, le paradoxe est qu'en dépit de l'ampleur des dégâts de la dépig mentation, les femmes sénégalaises ne semblent guère disposées à y renoncer. Elles sont comme prises par le piège de cette pratique.

Les débuts au Sénégal
Dans le mémoire de maîtrise de la sociolo gue Leslie Doh, consacré à la dépigmenta tion artificielle au Sénégal, on apprend que la pratique ne remonte pas très loin dans le temps. C'est en 1964 seulement, donc qua tre ans après les indépendances, que sont apparues les premières femmes «xéssalisées», selon le terme utilisé par l'enquêteur pour désigner celles qui s'adonnent à la pra tique au Sénégal. Elles étaient considérées comme des fem mes de mœurs légères, ban nies et stigmatisées au tout début de cette pratique.

Cette vision sera tout autre lorsque des femmes influentes et d'une certaine classe sociale s'y sont mises. Car, très vite, le «xessal» sera perçu comme un luxe dont la fina lité est de rendre plus belle.

Principale cause : le désir d'être belle
Aujourd'hui, la raison invo quée par les femmes «xéssalisées» pour justifier la dépigmentation artificielle est le désir d'être belle. D'autant qu'elles pensent que les hom mes sont attirés par les femmes de teint clair. Ce qui n'est pas totalement faux. Du moins, selon l'enquête de la sociologue. Dès lors, la dépigmentation est considé rée comme un moyen de se faire belle et d'enrichir son arsenal de séduction. Ce qui fait que sur 100 femmes interrogées dans le cadre de son étude, 70 % pensent qu'elles sont plus belles avec la dépigmentation. Et 30 % des femmes enquêtées renvoient le «xessal» à un sentiment de propreté avec une peau plus saine, plus douce et écla tante.

Une affaire pour femmes de mœurs légères ?
La dépigmentation artificielle est vue de différentes manières. Si pour certains, les femmes qui le font sont belles ; d'autres, par contre, pensent le contraire et vont même jusqu'à les assimiler à des putes. En effet, sur un groupe de 100 personnes composé de femmes non-dépigmentées et d'hommes, 32 % pensent que les femmes qui font le «xessal» nourrissent un complexe d'infériorité. 32 % de ces mêmes enquêtes pensent que les femmes «xésalisées» sont belles.

Pour 8 %, elles sont des prostituées parce que voulant séduire le maximum d'hommes possible. Tandis que d'autres parlent carrément de prostitution civilisée pour différencier ces femmes de celles que l'on retrouve dans les rues et hôtels, pratiquant le plus vieux métier du monde. 12 % des enquêtes pensent que les femmes qui font la dépigmentation sont lai des et, surtout, qu'elles ont une odeur très forte en période de chaleur.

Par ailleurs, 10 % des enquêtes trouvent que les femmes dépigmentées sont de simples «objets» parce qu'elles obéissent aux désirs des hommes ou, plus exactement, de leurs caprices. Enfin, 14 % de cette cible interro gée, pensent que les femmes «xésalisées» sont bien entretenues par leurs maris et, par conséquent, heureuses dans leur ménage. Ce dernier, en acceptant la pratique du «xessal» et en finançant quelquefois l'achat des produits, manifesterait ainsi son atta chement à sa femme. Il a aussi le souci de la voir toujours plus attrayante.

L'enquête montre aussi que sur un groupe de 100 personnes composé de femmes «xéssalisées» et d'hommes, 64 % d'entre eux voient les femmes non «xéssalisées» comme étant belles. Mais l'enquêteur signale que la plupart des réponses sont données par ses femmes «xéssalisées» pour faire bonne figure. Alors que 20 % des femmes «xéssalisées» pensent que la femme de teint clair, «xésalisée» ou natu relle, est en général plus belle que la femme noire. Il faut aussi noter que pour ces fem mes «xéssalisées» et surtout pour les hommes, les femmes qui ont choisi de ne pas se dépigmenter sont dignes de respect pour des considérations morales et religieuses.

Aux sources de la dépigmentation
Les précurseurs de la recherche sur la subs tance de dépigmentation seraient des Allemands. En 1936, Oettel obtenait, avec l'hydroquinone, une coloration des poils de chats noirs qui devenaient progressivement gris.

A la même date, Goerckman avait déjà entrepris une classification de certains pro duits ayant des propriétés dépigmentantes. Comme les dérivés de l'hydroquinone. En 1940, Olivier Warren avait observé chez les ouvriers noirs, travaillant dans une usine de tannage, une dépigmentation de leurs mains et bras due à leurs gants qui contenaient de l'éther monobenzulique de l'hydroquinone.

Source: Nouvel Horizon

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