Mais où sont passés les mille visas pour l'Espagne destinés aux jeunes pêcheurs?

L'Espagne aurait mis à la disposition du Sénégal mille visas en faveur des jeunes pêcheurs. Mais les organisations professionnelles de la pêche présentes mercredi à Kayar, dans le cadre de la journée mondiale de la pêche, disent tout ignorer de ces visas. Le directeur national de la pêche et leur ministre de tutelle, interrogés par leur soin, disent ne rien savoir de ce dossier. Aussi exigent-elles de l'Etat qu'il les édifie sur les tenants et les aboutissants de ces visas.

La commune rurale de Kayar, un des plus importants ports de débarquement du Sénégal, a célébré, mercredi, à l'image de la communauté internationale, la journée mondiale de la pêche. Avec ses mille pirogues qui lui ont permis de débarquer en 2006 quelque 42 250 tonnes de produits halieutiques pour une valeur estimée à 7 milliards de nos francs, Kayar est en effet classé troisième port de débarquement du Sénégal. Une position qui explique, selon les organisateurs, le choix de cette ville de la grande côte pour abriter une telle rencontre. Sous l'égide de l'Union nationale des opérateurs de la Fenagie-pêche, en partenariat avec les autres organisations professionnelles de pêche artisanale du Sénégal, avec l'appui d'Enda Repao, du Wwwf/Wamer et d'Action Aide, la journée a été, pour les différents acteurs présents à Kayar, l'occasion de se pencher sur les maux du secteur de la pêche.

La déclaration dite de Kayar qui a sanctionné la journée s'insurge ainsi contre la raréfaction des ressources halieutiques, les mauvaises pratiques de pêche avec comme conséquence le déséquilibre de l'écosystème, les effets négatifs des accords de pêche, l'incohérence et l'inadaptation des politiques de pêche, le déficit des infrastructures, l'absence de valorisation de la production entre autres difficultés de commercialisation et l'insuffisance de la prise en compte des femmes dans les projets et programmes dans lesquels elles sont généralement réduites en simples consommatrices. Autant de maux qui, estiment les partenaires, anéantissent tous les efforts déployés dans le sens de la promotion du secteur de la pêche en général et de la pêche artisanale en particulier.

Aussi la déclaration de Kayar recommande-t-elle, entre autres, la pérennisation de l'agrément national, la consolidation des conseils locaux de pêche artisanale, la mise en place d'un système de financement adapté aux activités de pêche ainsi que la prise en compte effective de l'approche genre. Une autre recommandation a été la prise en compte des femmes mères, des victimes de l'émigration clandestine dans le cadre des projets alternatifs de lutte contre l'aventure suicidaire dans les océans. Des mesures qui sont, selon Moussa Faye, directeur exécutif d'Action Aide qui parlait au nom de tous les partenaires, d'autant pertinentes qu'elles concernent quelque 800 000 acteurs sénégalais qui vivent du secteur de la pêche sur l'ensemble des 700 km de côte dont dispose le Sénégal. S'y ajoute, poursuit-il, que plus de 80 % de la consommation des Sénégalais en protéine animale provient du poisson.

La célébration de la journée mondiale de la pêche a aussi été mise à profit par les organisations professionnelles de la pêche pour s'interroger sur les mille visas que l'Espagne aurait mis à la disposition du Sénégal en faveur des jeunes pêcheurs. Des visas dont elles disent ignorer tout, alors qu'elles ne cessent d'être interpellées par leurs membres sur la question. ‘Nous entendons simplement parler de ces visas et n'en savons pas plus que nos membres. Nous sommes allés voir le directeur national de la pêche et notre ministre de tutelle mais, même à ce niveau, ils disent ne rien savoir', précise El Hadji Dao Gaye, président de l'Interprofessionnel de la pêche artisanale au Sénégal. Aussi exige-t-il que l'Etat les édifie sur les tenants et les aboutissants de ces visas afin de leur permettre d'éclairer la lanterne de leurs membres.

La particularité de la célébration de la journée mondiale de la pêche a été cette année, si l'on en croit la déclaration dite de Kayar, le fait d'être initiée par des femmes. ‘Des femmes qui, conscientes de leurs rôles et places dans le secteur des pêches, se sont engagées résolument, avec les autres catégories d'acteurs, à plaider pour des politiques publiques de pêche durable portées par le plus grand nombre d'acteurs', souligne Awa Djiguel qui déclinait, à l'occasion, les termes de ladite déclaration.

Source: Walf Fadjri

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