Sudatel, OCI et Lutte contre le terrorisme: L'Etat pris entre le marteau et l'enclume

Le Parti socialiste (Ps) a-t-il frappé là où cela fait vraiment mal en faisant des révélations sur Sudatel ? Cette question est d'autant plus pertinente que le gouvernement du Sénégal a multiplié les déclarations ou initiatives allant dans le sens de démontrer que ses relations avec la société soudanaise Sudatel obéissent à de purs intérêts commerciaux dans le cadre d'un partenariat bien réfléchi.

Hier par exemple, le ministre de l'Intérieur Me Ousmane Ngom a profité d'une rencontre sur la lutte contre le terrorisme pour expliquer que la cession de la troisième licence de téléphonie à Sudatel relève d'une « politique interne » alors que « le Sénégal a signé toutes les conventions de lutte contre le terrorisme ».


La préoccupation de Me Ngom est d'arriver à dissiper les malentendus, une façon bien subtile de répondre aux socialistes, qui, il y a quelques jours, avaient organisé une conférence de presse pour donner quelques preuves des accointances entre Sudatel et les réseaux terroristes internationaux. D'ailleurs, ce mardi également, le ministre de l'Information M. Bacar Dia devait tenir une conférence de presse allant dans le même sens que le ministre de l'Intérieur avant de la reporter sine die. C'est dire qu'il y a malaise dans le camp gouvernemental.

Et ce malaise est accentué par le fait que le Sénégal, du fait de la multiplicité de ses contacts sur le plan international, est au centre d'enjeux bien contradictoires. Jugez-en ! Me Ngom présidait une rencontre internationale de lutte contre le terrorisme pour donner les gages de la bonne volonté d'un Sénégal dans le cadre de cette guerre contre les terroristes ; et en même temps, notre pays s'apprête à accueillir le sommet de l'Oci en mars prochain tout en étant conscient du fait que nombre de pays faisant partie de cette organisation sont sur la liste rouge.

Pire, l'Islam qui est le socle commun à tous ces pays est souvent instrumentalisé pour servir de base idéologique à des fanatiques qui en font leur interprétation particulière les poussant à déclarer la guerre sainte à des « impies » qu'ils se font un devoir de traquer. Alors, en plus de l'affaire Sudatel, du terminal à conteneurs concédé à une société de Dubaï, de la plate-forme de Diamniadio arrachée aux Américains, des accords avec l'Iran, de la complicité très affirmée avec le Libye, etc., le Sénégal veut se dresser en champion de la lutte contre le terrorisme. La preuve, selon Me Ousmane Ngom, « nous nous battons sur tous les fronts contre les réseaux mafieux, les réseaux criminels, terroristes etc. ».

Ainsi, le Sénégal ne veut être l'ennemi de personne et entend travailler à aplanir les contradictions entre nations occidentales et musulmanes.

Certes, on parle de moins en moins de dialogue islamo-chretien comme s'il y avait un conflit entre ces deux religions, mais, aujourd'hui, le rôle central que doit jouer notre pays dans l'organisation et la réussite de l'Oci doit inciter tous (gouvernement et citoyens) à une analyse approfondie de la position hybride et donc probablement dangereuse du Sénégal dans un environnement de guerre (contre le terrorisme). Pour ce faire, à notre humble avis, il faut plus que de l'audace diplomatique dont nous faisons présentement preuve.

Il faudra nécessairement aller dans le sens de travailler à changer les mentalités des uns et des autres. En Occident par exemple, l'on doit se convaincre une bonne fois pour toute que l'Islam est une religion de paix et non de violence. Mais, pour que cette nouvelle conception des choses ait droit de cité, il faudrait qu'il y ait également reconversion des mentalités au niveau de certains musulmans.

Et là aussi, le Sénégal est sur la bonne voie en attendant les débats sur les thèmes du sommet. Car, avec l'organisation de rencontres du genre « Dakar capitale de la culture islamique 2007» comme celle tenue avant-hier , il y a de fortes chances qu'il y ait une meilleure appréhension de la culture islamique. Mais, à ce niveau aussi il y a un danger car, l'idée développée par le conférencier sur les « agressions culturelles de l'Occident » ne fera que perpétuer l'atmosphère de méfiance réciproque. Du coup, il faut que tous les musulmans de bonne volonté travaillent à l'éclosion de cet esprit de tolérance, de dialogue et de bonne convivialité avec toutes les confessions.

Cet à ce titre seulement, qu'ils susciteront assez de confiance pour un monde paix où l'on ne parlera plus « d'ami de mon ennemi qui est mon ennemi ».

Source: Le Matin

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