Documents administratifs - Enquête du fameux sésame : Le casse-tête des passeports

A l’instar de leurs compatriotes de France ou d’Italie, les modou d’Espagne sont confrontés à des problèmes de document de voyage du fait des lenteurs administratives dans la confection et la délivrance des passeports. Il arrive qu’entre la date de dépot et de réception du passeport, l’immigré ait à attendre plus d’un an, s’il a la chance de ne pas voir son dossier se perdre.

«Je ne comprends pas cette lenteur dans la confection et la délivrance des passeports des Sénégalais de l’extérieur. Partout c’est la même complainte. D’ailleurs, je me demande si le président de la République est au courant. Je ne manquerai pas d’en parler en conseil des ministres.” Oumar Khassimou Dia dixit. C’était le 1er mai dernier à Madrid la capitale espagnole, lors d’une rencontre avec des présidents d’association sénégalaise, et d’ailleurs en prélude à la tenue de la Diaspora des affaires. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, Oumar Khassimou Dia n’est plus ministre des Sénégalais de l’Exterieur, remplacé au dernier remaniement ministériel par Mme Aminata Lô Dieng. N’empêche, le passeport continue d’être un casse-tête chinois pour des milliers de Sénégalais installés en Espagne.

«Je ne comprends pas cette lenteur dans la confection et la délivrance des passeports des Sénégalais de l’extérieur. Partout c’est la même complainte. D’ailleurs, je me demande si le président de la République est au courant. Je ne manquerai pas d’en parler en conseil des ministres.” Oumar Khassimou Dia dixit. C’était le 1er mai dernier à Madrid la capitale espagnole, lors d’une rencontre avec des présidents d’association sénégalaise, et d’ailleurs en prélude à la tenue de la Diaspora des affaires. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, Oumar Khassimou Dia n’est plus ministre des Sénégalais de l’Exterieur, remplacé au dernier remaniement ministériel par Mme Aminata Lô Dieng. N’empêche, le passeport continue d’être un casse-tête chinois pour des milliers de Sénégalais installés en Espagne.

Passeport, clef passe-partout
Avoir un passeport dans les délais demeure, aujourd’hui, un véritable luxe pour ces immigrés qui, des fois, doivent patienter plus d’un an avant d’entrer en posession de leur document de voyage. Mame Mbargane Thiam président de l’Association des sénégalais d’Almeria, l’une des principales provinces agricoles du sud de l’Espagne : «C’est à croire que l’Etat sous-estime notre apport dans l’économie du pays. Le moins qu’il puisse faire pour nous, c’est de nous délivrer un passeport dans des délais raisonnables. Chaque émigré nourrit au moins 10 personnes, sans notre apport beaucoup de familles crèveraient de faim.»

Madiop Fall de l’Association des sénégalais de Fuerteventura dans l’archipel des Canaries ne dit pas le contraire, lui qui pense que l’Etat n’a aucun respect pour les Sénegalais d’Espagne. Sinon comment comprendre et expliquer que «certains de nos compatriotes soient sur le point de perdre leur titre de séjour à cause d’un manque de passeports, tandis que d’autres ne parviennent pas à se faire soigner ou à pouvoir envoyer de l’argent aux leurs.» Et Madiop Fall de se demander si l’Etat du Sénégal a une administration structurée, avant de citer sa progre expérience.

«J’ai, personnellement, deposé une demande de passeport pour ma fille ainée, il y a de cela exactement 475 jours. N’eût été un second prolongement de son inscription dans le systeme éducatif espagnol, ma fille ainée aurait perdu sa résidence. Pour une seconde fois, mon nom est sorti dans le bulletin officiel de la province de Las Palmas pour un problème de passeport de mes enfants. C’est honteux... Mème le secteur informel aurait fait mieux.»

C’est dire que le passeport est plus qu’un document de voyage pour l’émigré Sénégalais vivant et travaillant en Espagne. Et ce sont surtout les sans-papiers qui souffrent le plus des lenteurs notées dans la confection des passeports. Au nombre de 65 000, selon les dernières estimations de la police espagnole, dont 25 000 sont arrivés entre 2006 et mars 2007 avec le phénomène des cayucos ou embarcations de fortune, la majorité de ces clandestins ne peuvent pas ouvrir de compte bancaire, ni envoyer de l’argent par le biais des compagnies de transfert de devises, encore moins accéder au soins de santé ou voyager à travers l’espace Shengen. Faute de passeport. Et pourtant «au moment du depôt, on nous fait comprendre que le délai maximun est de trois mois. D’ailleurs, les autorités consulaires n’acceptent qu’une prorogation de trois mois», confie le jeune Ibra Dieng Diouf dont la demande de passeport en date du 02 janvier 2007 tarde toujours à être satisfaite.

Fort remonté contre la Direction générale des passeports, le jeune Diouf accuse : «J’ai fait 5 ans en Espagne sans pouvoir aller au Sénégal, faute de papiers, mais aujourd’hui que le gouvernement espagnol me donne l’oportunité de régulariser ma situation, mon pays est incapable de me délivrer un passeport à temps.» En effet, tous les clandestins et autres sans-papiers qui ont eu à resider de manière continue en Espagne sur une période de trois ans peuvent bénéficier d’une carte de séjour et de travail. D’où l’importance du passeport.

Ils sont des milliers d’émigrés sénégalais à vivre la même situation que Ibra Dieng Diouf et peinent à trouver les mots pour qualifier l’attitude de l’Etat à leur égard. Surtout qu’en Espagne le passeport est au début et à la fin de tout processus de normalisation administrative. Il est exigé aussi bien lors du dépôt que pendant le retrait de la carte de séjour et de travail. Si certains émigrés attendent leur passeport pour pouvoir solliciter un titre de séjour, d’autres en revanche voient leur carte de résidence dormir depuis des lustres dans les commissariats espagnols, faute de passeport.

Ce problème de passeport n’épargne aucune couche de la communauté sénégalaise d’Espagne. Mais, ce sont surtout les parents d’enfants nés en Espagne qui en souffrent le plus. Un enfant né de ou/d’un parent résident (s) en Espagne peut avoir une carte de résidence dès sa naissance, mais pour que ses parents puissent en faire la demande, le passeport est impératif, et comme il n’est plus possible de mettre la photo de l’enfant sur les passeports Cedeao, les parents sont obligés d’attendre des fois une année entière, avant d’entrer en possession du document de voyage de leur enfant.

Le témoignage de El Hadji Ndiaye, un émigré sénégalais vivant à Madrid est élucidant : «C’est très difficile d’entretenir un bébé en Europe .Depuis que ma femme a accouché en janvier 2007, je pense l’amener au Sénégal avec le bébé, mais jusqu’à présent je ne peux pas le faire, car l’enfant n’a pas encore de passeport pour pouvoir demander une carte de séjour. Et si je l’amène au Sénégal sans cette carte de séjour, il ne pourra pas rentrer de nouveau en Espagne, même si il y est né.» Les enfants mineurs sénégalais arrivés dans des embarcations de fortune et mis sous tutelle judiciaire en Espagne sont eux aussi victimes des lenteurs administratives dans la confection des passeports.

Au nombre environ de 200, ils peuvent bénéficier d’un titre de séjour car la loi espagnole ne permet pas de les rapatrier. Toutefois, ils ne peuvent pas travailler. Mais aux dires de Ousseynou Niang, membre de la Fédération des associations sénégalaises en Catalogne et assistant social dans une Ong qui s’occupe desdits enfants mineurs, l’Etat sénégalais ne fait rien pour faciliter l’obtention d’un document de voyage, en vue de régulariser leur situation..

Madrid et Dakar se rejettent la responsabilite
En attendant, Madrid et la Direction générale des passeports continuent de se rejetter la responsabilité des lenteurs notées et dénoncées dans la confection des passeports. Car, si du côté du Consultat général de Madrid on soutient mordicus avoir envoyé les dossiers de demande à temps, au niveau de la Direction des passeports on soutient le contraire.

«Certes, nous reconnaissons qu’il y a du retard dans la confection des passeports, mais force aussi est de reconnaitre que Madrid nous envoie les bordereaux de demande avec des retards de 4 à 6 mois et cela le demandeur ne le sait pas. Actuellement, nous venons de recevoir des bordereaux avec des demandes qui datent de février et mars», confie un commissaire divisionnaire de la Direction des passeports. Qu’à cela ne tienne, le Sénégalais d’Espagne veut lui son passeport, et dans les plus brefs délais.

Une mafia s'installe a Dakar
Certains inspecteurs de police et autres rabatteurs n’ont pas mis du temps pour profiter de cette situation de passeport, pour se remplir les poches. Etant souvent dans des situations desesperées, certains de nos compatriotes ont dû mettre la main à la poche afin de voir leur demande de passeport satisfaite. Et ce ne sont pas les exemples et témoignages qui manquent pour illustrer cet état de fait. “J’étais sur le point de perdre ma résidence, car ma demande de passeport qui datait de 9 mois tardait à être satisfaite, alors je me suis ouvert à un oncle qui après avoir consulté un agent de la Direction des passeports m’a demandé 100 000 francs Cfa pour régler la situation», confie D. D.

Ngagne. S., lui, a eu à casquer 200.000 francs Cfa et selon ses dires il aurait donné 1 million de francs Cfa rien que pour avoir un passeport. Et pour cause: il a bourlingué un peu partout en Europe pour avoir une carte de résidence avant d’atterrir en Espagne en 2004. Sa demande de carte de séjour et de travail accordée, en novembre 2006, Ngagne dont le passeport a été déjà prorogé avait, impérativement, besoin d’un nouveau passeport pour finaliser les formalités d’obtention de la carte de séjour et de travail.

«Le consulat m’avait facilité une attestation de dépot pour la prise des empreintes, en vue de la confection de la carte de séjour, mais le commissariat chargé de l’émigration dans la province de Tarragone, en Catalogne n’a voulu rien comprendre et exigeait uniquement le passeport. Alors vous comprenez qu’il me fallait coûte que coute avoir un passeport.» C’est ainsi qu’il envoya le récipissé de sa demande avec toutes les références, à un commerçant qui a pignon sur rue à Keur Serigne bi et comme par miracle, son passeport est arrivé deux semaines après au Consulat général de Madrid, dans le dernier courrier.

C’est un secret de polichinelle, des émigrés payent et continuent de payer pour que leur demande de passeport soit traitée avec faveur. Une situation qui indispose souvent les agents du Consulat général de Madrid. Car, le plus souvent des émigrés se plaignent du fait que le passeport d’un de leur compatriote dont la demande est plus récente, soit satisfaite à temps, alors que d’autres demandes, plus anciennes, dorment dans les locaux de la direction des passeports, si elles ne sont pas tout bonnement perdues. Interpellé sur la question, un haut responsable de la Direction des passeports dit ne pas être au courant de cas de corruption dans son service et accusent certains parents d’émigrés. «Souvent, on reçoit des gens qui nous exposent le cas de leurs enfants, neveux, cousins ou frères établis à l’étranger et confrontés à des problèmes de passeport. On fait de notre mieux pour les aider et sans contrepartie, car c’est notre travail. S’il ya des gens qui demandent de l’argent aux émigrés, il faut chercher de ce côté-à», croit savoir notre interlocuteur.

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