Des regards que les mélomanes portent sur le Super Etoile, il ressort que Jimi Mbaye et Habib Faye demeurent des éléments essentiels de la formation musicale de Youssou Ndour. Mais ce qui fait la force de ce groupe, fort de plus de vingt-cinq ans de compagnonnage, soutiennent les deux guitaristes, est que chaque musicien peut représenter à lui tout seul le groupe. Dans l’entretien qui suit, Jimi Mbaye et Habib Faye reviennent sur l’évolution musicale du Super Etoile, sur fond d’analyse du nouvel album Alsaama Day, sorti en avril 2007, sur le vécu artistique du groupe, ses hauts et ses bas.
Alsaama Day dans l’évolution du Super Etoile
Jimi MBAYE : C’est juste une nouvelle cassette qui est venue, et qui marche très fort. Musicalement, c’est vraiment bien. Je ne pense pas que Alsaama Day puisse apporter au Super Etoile ce qu’il n’a pas encore eu. Je ne pense pas également qu’il y ait eu de rupture. A mon avis, c’est une continuité par rapport à ce que nous avons toujours fait. Parce qu’à chaque fois que tu fais une rupture, en général, le premier produit de cette rupture n’est pas bien accepté par le public.
Donc, si c’était vraiment une rupture comme vous l’imaginez, le public n’aurait pas suivi. Il aurait peut-être attendu la deuxième ou la troisième cassette pour comprendre réellement ce qu’il y a lieu de faire avant d’intégrer la nouvelle donne. Il faut reconnaître que les mélomanes ont toujours eu du mal à accepter totalement un produit du Super Etoile dès sa sortie. A chaque fois que nous sortons une nouvelle une cassette, on attend toujours un mélomane dire : ‘Je ne sais pas ce qu’ils ont essayé de jouer…’.
Et une semaine après, on entend dire : ‘Je ne sais pas l’orientation qu’ils ont voulu donner à l’album, mais j’aime le troisième, le quatrième ou tel autre morceau’. Et après deux semaines, c’est l’adoption totale. Il arrive même que certains passent aux aveux pour dire : ‘Boy, cette cassette, elle est extraordinaire. Tu as entendu tel ou tel titre ?’. Pour en revenir à l’album Alsaama Day, je trouve que c’est un Super Etoile encore beaucoup plus jeune qui est venu avec toute une fougue. Et je trouve que c’est un très bon album.
Habib FAYE : Aujourd’hui, la musique est surtout axée sur la danse, c’est ce qui est la mode. Donc Alsaama Day a suivi la tendance. Et je pense que s’il y a eu une innovation dans cet album, ce n’est pas du côté musical. Dans la réalisation de cet album, c’est l’attente des mélomanes qui a été plus prise en compte. C’était une priorité par rapport à la création. Je vais vous le dire : je ne suis pas à la base de la conception de Alsaama Day. Je suis plutôt intervenu dans l’exécution.
Le concept de Alsaama Day a été mené de bout à bout par Youssou Ndour, contrairement à ce qu’on faisait avant. Cette fois-ci, c’est son concept, ses idées qu’il a essayé de réaliser avec son frère Ibou et les autres. Pour en revenir à l’exécution, elle consiste à interpréter les idées de Youssou. C’est vous dire que je n’ai pas participé à la création artistique de Alsaama Day. Je pense que le Super Etoile, c’est d’abord Youssou.
C’est son groupe, donc ce sont ses idées et sa philosophie. Il lui arrive de faire des projets avec ou sans le Super Etoile. Comme il m’arrive aussi de faire des choses avec Angélique Kidjo, Peter Gabriel entre autres musiciens du monde. Je n’y vois pas de problème. Alsaama Day est certes un album 100 % Super Etoile. Mais c’est très différent des autres albums. Je ne pense pas que cela soit lié aux réalités du showbiz d’autant plus que c’est nous qui l’avons exécuté.
Un nouveau défi musical
Jimi MBAYE : Musicalement, si Youssou dit qu’il a besoin de bonne musique, il vient chez moi et je lui fais quinze morceaux tout neufs. Des morceaux que personne n’a jamais entendus. En fait, les musiciens qui sont au Sénégal et qui veulent sortir une cassette chaque année, ne respectent pas le public. Et ils ne se respectent pas eux-mêmes. A mon avis, on ne peut pas sortir six morceaux bien faits chaque année.
Ce n’est pas possible. Encore une fois, je dis qu’il faut être respectueux envers sa personne et surtout envers le public, envers les mélomanes (…). L’album Alsaama Day, nous avons pris le temps de le faire. Et je ne peux pas le comparer à un autre album antérieur du Super Etoile. Parce que je trouve que c’est un album qui est venu le plus naturellement du monde. Je ne crois pas qu’il ait demandé plus de création au plan artistique.
Habib FAYE : Un produit que Youssou fait avec un autre concept lui donne une grande bouffée d’oxygène. Et par ricochet, à tous les autres membres du Super Etoile. Dans la marche du groupe, il nous arrive à nous tous de développer des projets parallèles dans le cadre de nos carrières respectives. Je peux m’absenter pour honorer des engagements personnels. Autre exemple : Mbaye Dièye Faye, qui sort son nouvel album, peut se concentrer sur la promotion du produit. Et quand le Super Etoile doit jouer à Taïwan, Mbaye Dièye peut rester à Dakar ou à Banjul pour faire avancer son projet.
Et c’est ce qui fait qu’il n’y a jamais eu d’essoufflement dans l’évolution du Super Etoile. C’est à l’image d’une équipe de football, il arrive que l’entraîneur remplace un joueur sur le terrain par un autre. C’est pour plus ou moins gérer des carrières. Sinon, si on reste là à faire toujours les mêmes choses, les gens vont se lasser au bout d’un certain temps. Donc, il est bon de diversifier les choses, de temps en temps.
Le plus bel album du Super Etoile
Jimi MBAYE : L’album qui m’a beaucoup marqué c’est The Guide (Wommat). Quand nous avons fait cet album, dans chaque pays où nous avons joué lors de nos tournées, il y a eu un disque d’or qui est tombé. Et, c’était vraiment une consécration énorme.
Habib FAYE : L’album qui m’a le plus marqué, c’est The Lion, sorti en 1988. Et ce qui faisait sa particularité, c’est que l’album a été conçu avec la même équipe qui avait auparavant fait la tournée d’Amnesty international. Il y avait, entre autres célébrités du showbiz mondial, Peter Gabriel, Sting et Tracy Chapman. C’est au studio que nous avons fait les bases de ce produit. C’est par la suite que nous avons fait intervenir tous les autres musiciens… Et, c’était tellement important pour moi. Parce que ce n’était pas évident de s’en sortir devant ces ténors de la musique. Dans ces circonstances, même si tu es talentueux, tu as la trouille.
Le fait de travailler avec ces musiciens d’une telle renommée et de se rendre compte que tu peux progresser, c’est vraiment formidable. J’étais le co-producteur de cet album Wommat avec Youssou. Donc je l’ai produit ainsi que le single Seven seconds. C’est après que Neney Cherry nous a rejoints. Malheureusement, on n’avait pas un succès Mbalax. Mais il y avait un autre succès avec cette pluie de disques d’or dont parle Jimi.Le Super Etoile et la scène internationale
Jimi MBAYE : Si la musique du Super Etoile ne s’impose pas sur la scène internationale, ce n’est pas un échec. C’est parce que tout simplement le Mbalax tel qu’il est joué actuellement, ne traversera jamais les frontières sénégalaises. Le Mbalax, c’est une musique qui peut être bien jouée, mais il faut qu’il soit homologué aux normes internationales de la musique. Parce que quand nous jouons à l’étranger, nous jouons tous les morceaux différemment pour qu’ils soient acceptés par l’oreille occidentale.
Par exemple, un morceau comme celui dédié à Serigne Mbacké Sokhna Lô, on le joue à l’étranger d’une autre façon. Parce qu’on fait un petit changement sur le beat pour qu’il soit compréhensible. Le Mbalax tel qu’il est joué actuellement au Sénégal, je trouve qu’il est assez difficile pour un Blanc de le comprendre. La musique est aujourd’hui une question de conception et d’entendement. C’est ce qui fait la différence entre le Mbalax et la World music. Mais le Mbalax bien révisé, bien retravaillé peut faire très mal. C’est pourquoi, au Super Etoile, nous avons un double répertoire : un pour l’étranger et un autre pour le Sénégal. Les Blancs qui viennent au Sénégal nous disent : ‘Le Bercy on l’aime, parce que c’est l’ambiance du Thiossane night club qu’on fait en Europe avec tout ce qu’il y a comme Mbalax’.
Habib FAYE : C’est vrai que sur les plans national et africain ça va, mais sur le plan international, on se cherche jusqu’à présent. C’est-à-dire que qu’il n’y a pas encore un Mbalax qui puisse s’imposer sur le plan international. Et pour cela, il faut essayer d’aller un peu au-delà de ce que nous faisons. C’est un choix. Certains mélomanes estiment par exemple que je fais du jazz, alors que tel n’est pas le cas. J’ai ma façon de penser la musique sénégalaise, comme Jimi ou un autre a sa propre vision de cette musique.
Il est évident que nous devons produire une musique bien sénégalaise, mais qui puisse également être présente sur le plan international... En toute franchise, le Mbalax a un problème sur le plan international. Nous en sommes tellement conscients au Super Etoile que si nous sortons du Sénégal, nous modifions certaines choses pour nous conformer aux normes. Et pourtant, nous devrions pouvoir jouer la même musique aussi bien au Sénégal qu’ailleurs. Je pense que c’est un problème culturel.
Parce qu’au Sénégal, presque tout le monde se comprend, mais ce sont les autres qui ne comprennent pas les Sénégalais. Comment faire maintenant pour être compris par les autres, c’est cela le problème. Mais quelque part, il y a le fait que certaines ethnies malheureusement ne se comprennent pas. Si toutefois, ce problème est réglé au niveau local, ce sera plus facile d’exporter le Mbalax.
Moments forts de l’aventure du Super Etoile
Jimi MBAYE : J’avoue que les décès de Marc Sambou et d’Alla Seck ont été deux évènements assez durs et qui m’ont beaucoup marqué. Marc était mon meilleur ami. Et quand il a été rappelé à Dieu, cela m’avait réellement ébranlé. Alla Seck aussi était un grand ami. J’ai entendu quelque part sa femme dire que c’est grâce à elle et à son défunt mari qu’on m’a appelé à l’Etoile de Dakar…. Mais c’est une autre histoire. Et je préfère ne pas entrer dans ces détails.
Habib FAYE : Ce qui m’a le plus marqué, c’est la tournée d’Amnesty International de 1988. Une tournée qui a enregistré la participation de 250 musiciens, dont Peter Gabriel. C’était une grande famille musicale qui voyageait partout. Et sur le plan musical, nous avons tiré beaucoup d’expérience de cette tournée. Parce qu’il y avait de très grands musiciens. Nous avons profité de cette tournée pour échanger sur beaucoup de choses. Je pense c’est très important dans la carrière d’un musicien. C’est toujours un plus. Et cela a beaucoup contribué à l’évolution de ce que nous avons fait.
La scène rêvée
Jimi MBAYE : Je pense qu’au Super Etoile, nous avons fait presque toutes les grandes scènes du monde. Et à un niveau personnel, il m’arrive aussi de me produire sur nombre de scènes internationales. C’est vous dire qu’il n’y a pas de scène qui spécialement me fait rêver.
Habib FAYE : A mon avis, ce qui est des scènes, elles sont toutes pareilles. Je pense que la scène du Just 4U à Dakar et le stade Wembley de Londres sont pareils en ce qui me concerne. C’est juste pour jouer. Il n’y a pas de big deal.Force du Super Etoile
Jimi MBAYE : C’est très difficile de gérer un groupe. C’est comme gérer deux femmes dans une maison. Et pour gérer quinze pères de famille dans un même groupe, il faut vraiment être un meneur d’hommes pour le faire. Parce que chacun arrive avec ses sensibilités, ses humeurs, son amour propre.
Je crois si une personne veut gérer de manière permanente un groupe, il faut qu’elle ferme les yeux sur beaucoup de choses. Par exemple, je peux avoir un problème avec Youssou Ndour et il peut me dire : ‘Je suis chez moi, je suis dans mon groupe, je te vire’. Mais s’il me vire, il ne perd pas de vue qu’il vire l’homme mais aussi le musicien. Et ce musicien est aussi important pour le groupe. Il est plus ou moins obligé de gérer certaines situations.
Habib FAYE : Je trouve que Le Super Etoile reste une famille, même si on ne se fréquente pas tout le temps. C’est vrai, on reste plus de temps ensemble qu’avec nos familles. Nous restons presque trois semaines sur quatre dans le mois ensemble et il n’y a jamais eu de problèmes. Ce qui est très important pour un groupe, c’est que les gens se respectent. La force du Super Etoile est que les gens développent un soutien mutuel.
Un gars comme Mbaye Dièye Faye, tout le monde l’encourage. Je lui dis tout le temps de pousser, de défendre ses produits même s’il a autre chose à faire avec le Super Etoile. Les autres membres du groupe sont d’un esprit assez ouvert pour comprendre qu’il ne fait que développer une carrière parallèle.
Complicité musicale
Jimi MBAYE : La complicité musicale n’existe que par rapport à la longévité du groupe. Un groupe qui joue depuis 30 ans, ne peut pas avoir les mêmes automatismes qu’un groupe qui n’a que cinq ans d’expérience commune. Par exemple, quand le Baobab joue, tout est synchronisé et fluide. Les musiciens n’ont même pas besoin de recevoir des ordres. Ils ont une belle symphonie. Au Super Etoile, c’est pareil.
Parfois, on me dit que le Super Etoile, c’est le plus grand groupe au monde. Parce qu’on peut te sortir tout de suite un Compact disque. Et si on le joue en Live, il sera meilleur. Autrement dit, c’est un groupe tellement soudé qu’il peut se permettre de relever nombre de défis. Et par rapport aux éléments du Super Etoile, je crois que chaque musicien du groupe est une star à part entière. Chaque musicien, à lui tout seul, peut représenter le groupe. Notamment de par sa compétence, son sérieux et sa technique de jeu. Une technique qu’il a acquise au sein du groupe. Par exemple, entre Jimi Mbaye et Habib Faye, il n’y a aucun problème sur scène. On se comprend bien. C’est comme de l’eau qui coule.
Différend Youssou Ndour - Mbaye Dièye Faye
Habib FAYE : Les gens ne se mêlent jamais de ce qui les regarde. Mais à ma connaissance, il n’y a jamais eu de différend entre Youssou Ndour et Mbaye Dièye Faye. Je ne l’ai jamais noté. Et je n’en ai jamais entendu parler. Voyant peut-être Mbaye Dièye faire sa carrière et Youssou faire autre chose, alors qu’ils étaient toujours ensemble, les gens ont pensé qu’il y avait un problème entre eux. Ce qui n’est pas le cas. Je n’essaye pas d’être à leur place pour justifier une situation. Mais je vous dis seulement ce que j’ai constaté.
A mon avis, il n’y a aucun problème. Mais nous sommes au Sénégal, quand il y a trop de bruit, les gens essayent de justifier certaines choses. Mais si c’était moi, je n’allais rien dire. Il ne serait pas question d’expliquer quoi que ce soit. Parce que vous ne pouvez pas aller dire à chaque Sénégalais qu’il n’y a rien entre Mbaye Dièye et Youssou Ndour. C’est une chose que les médias ont amplifiée avec des commentaires. Ils ont vu Youssou au Méridien sans Mbaye Dièye et ils en ont conclu que ce dernier a quitté le groupe. C’est trop facile comme explication. Mais je les comprends quelque part. C’est parce que tout simplement ils n’ont pas l’habitude de voir Youssou sans Mbaye Dièye.
Parfois quand on me voit faire autre chose avec d’autres musiciens, on dit que Habib Faye a quitté le groupe, comme si j’avais besoin de demander une autorisation à quelqu’un avant de travailler sur des projets personnels. Il m’arrive de me retirer pour faire un job bien ponctuel et regagner le groupe. C’est vrai que tout n’est pas rose dans la vie de groupe. Mais est-ce que ce que vous appelez ‘problème’ mérite d’être mis sur la place publique ? Des amis peuvent ne pas s’accorder sur une chose, mais ils en discutent et puis c’est fini. Ce que je vous dis, je ne l’invente pas. Je peux y revenir dans dix ans.
Le Super Etoile dans dix ans
Jimi MBAYE : Peut-être que je serais un producteur ou un arrangeur assis dans mon studio en train de faire de la musique pour d’autres. Ensuite, je pourrais aller jouer une à deux fois, par semaine, avec le Super Etoile comme le fait le Baobab. Parce que ceux qui sont au Baobab sont nos aînés de dix ou quinze ans, donc pourquoi pas nous ? Par exemple, moi je travaille tous les jours dans mon studio et à l’heure des répétitions, je prends ma guitare pour aller jouer avec Super Etoile.
Habib FAYE : En bon musulman, j’ai peur de faire des prédictions. Parce que Dieu nous réserve tout le temps des surprises. Le succès du Super Etoile n’est pas notre mérite, c’est juste Dieu qui en a décidé ainsi. Et comme on dit : ‘L’homme propose, Dieu dispose.’ Le Super Etoile, c’est vrai que c’est un groupe, mais il dépend plus de Youssou Ndour, de son orientation et de ses motivations. Je pense que Youssou et ceux qui sont autour de lui, ont le potentiel pour faire beaucoup de choses, mais cela dépendra des ambitions de Youssou Ndour.
Pour faire de la musique, il faut avoir de la motivation. Et avec les moyens, tu peux atteindre facilement ton objectif. Même si la musique du Super Etoile devient plus internationale, je pense que les Sénégalais n’auront pas de problèmes pour s’y adapter. L’exemple que je donne, c’est celui de Bob Marley. On ne parle pas anglais et pourtant c’est un gars qui est hyper connu au Sénégal. Parce que le Sénégalais aiment toujours ce qui vient de l’extérieur. Comme aussi c’est le cas avec Akon qui fait une musique qui marche très fort. Parce que le public sénégalais est un public diversifié. Et chaque public a sa propre musique.
Offres des groupes du monde
Habib FAYE : Des offres, on en reçoit tous les jours. Mais, c’est moi qui ai choisi de vivre au Sénégal. Donc tout ce que je fais pour le moment, s’inscrit dans le profil du Super Etoile. Pour moi, il y a d’autres choses beaucoup plus importantes que ces offres. Je préfère aller faire un travail d’une semaine ou de dix jours et revenir que de vivre aux Etats-Unis. Dans le milieu du showbiz, on te propose tout le temps du boulot. Et tu le fais si ton calendrier te le permet.
Si on me propose un boulot qui est en phase avec ce que je fais, je l’accepte. Ce qui fait que des fois, je reste un à deux week-ends sans être avec le groupe. Mais les histoires de débauchage ne m’intéressent pas. Et ce n’est pas parce qu’il y a au Super Etoile quelque chose qui n’existe pas ailleurs, mais c’est parce que si le groupe est à ce stade, c’est grâce à nous ; donc nous ne pouvons pas le laisser du jour au lendemain.
Prochain album Wake Up Africa
Habib FAYE : J’ai joué dans le prochain album de Youssou et Neney Cherry toujours au niveau de l’exécution. Mais, je n’en suis pas le producteur. Parce que j’avais tellement de choses à faire qu’il a fallu que je me libère un peu. Je pense que ce sera comme tous les albums de Youssou. Et je lui souhaite d’avoir du succès. Concernant les invités, il n’y a que Neney Cherry à ma connaissance. Parce que je n’ai joué que dans le single Africa Calling.
Bilan carrière solo
Jimi MBAYE : Je fais juste un bilan exhaustif. Je n’ai fait que deux Cd, le premier qui s’appelle Dakar hard sorti en 1998 et, pour un coup d’essai, je peux dire que c’était un coup de maître. Le titre Youssou madjiguène est resté pendant 6 mois numéro 1 sur presque toutes les radios universitaires aux Etats-Unis. Ce qui m’a valu le Hindy awards que l’album a gagné en 1998. Ce premier disque m’a valu beaucoup de prestige sur le plan international parce que beaucoup de gens ont demandé à faire des collaborations avec moi.
J’ai fait beaucoup de concerts aussi en Europe et aux Etats-Unis en one man show. Juste Jimi, sa guitare et son micro, cela a été une très bonne expérience. Le deuxième Cd, Yaye digueulma que j’ai fait tout seul, a été très apprécié. Il est vendu sur Internet. Ce sont les maisons de disques qui vendent le Cd sur le net et m’envoient les retombées. C’est comme ça que je travaille maintenant. L’album est sorti en 2004. Et quand je dis que j’ai fait l’album tout seul, c’est parce que je l’ai fait avec mes propres moyens sans le soutien ni l’aval d’aucune maison de disque.
Donc je peux rester ici faire ma musique et la vendre par Internet. L’album n’est pas disponible dans les rayons, j’avais juste fait un seul tirage pour le public sénégalais, on m’en redemande, mais je ne fais pas un autre tirage. Je passe à autre chose. Quand je finis un album, immédiatement, je commence un autre. Je suis en train de travailler sur le prochain album. J’avais monté un groupe avec lequel j’ai fait quelques tournées européennes après le premier album Dakar Hard. Après, j’ai pratiquement oublié le groupe, je me suis concentré à travailler pour d’autres artistes et les aider. J’ai fait beaucoup de choses avec beaucoup d’artistes dont je tairais le nom. Mais les difficultés que j’ai eues quand je commençais, je voulais les épargner à la nouvelle génération. On ne peut pas aider tout le monde, mais on peut essayer de faire ce qu’on peut pour aider beaucoup de gens.
Habib FAYE : Habib Faye Quartet était juste un projet. Actuellement, j’ai des titres inédits que j’ai inventés. Justement, Habib Faye Quartet était un groupe local avec Abdoulaye Lô, Ibou Cissé et autres qui m’ont vraiment aidé à monter ce programme. Mais après, je suis allé travailler avec d’autres Français et Américains et je pense que c’est une très bonne chose. Mais, pour le prochain album, c’est avant la sortie que je choisis l’orientation à prendre. C’est pourquoi j’ai préféré faire dans la diversité avec des musiciens d’un peu partout.
Source: Walf-Fadjri
Alsaama Day dans l’évolution du Super Etoile
Jimi MBAYE : C’est juste une nouvelle cassette qui est venue, et qui marche très fort. Musicalement, c’est vraiment bien. Je ne pense pas que Alsaama Day puisse apporter au Super Etoile ce qu’il n’a pas encore eu. Je ne pense pas également qu’il y ait eu de rupture. A mon avis, c’est une continuité par rapport à ce que nous avons toujours fait. Parce qu’à chaque fois que tu fais une rupture, en général, le premier produit de cette rupture n’est pas bien accepté par le public.
Donc, si c’était vraiment une rupture comme vous l’imaginez, le public n’aurait pas suivi. Il aurait peut-être attendu la deuxième ou la troisième cassette pour comprendre réellement ce qu’il y a lieu de faire avant d’intégrer la nouvelle donne. Il faut reconnaître que les mélomanes ont toujours eu du mal à accepter totalement un produit du Super Etoile dès sa sortie. A chaque fois que nous sortons une nouvelle une cassette, on attend toujours un mélomane dire : ‘Je ne sais pas ce qu’ils ont essayé de jouer…’.
Et une semaine après, on entend dire : ‘Je ne sais pas l’orientation qu’ils ont voulu donner à l’album, mais j’aime le troisième, le quatrième ou tel autre morceau’. Et après deux semaines, c’est l’adoption totale. Il arrive même que certains passent aux aveux pour dire : ‘Boy, cette cassette, elle est extraordinaire. Tu as entendu tel ou tel titre ?’. Pour en revenir à l’album Alsaama Day, je trouve que c’est un Super Etoile encore beaucoup plus jeune qui est venu avec toute une fougue. Et je trouve que c’est un très bon album.
Habib FAYE : Aujourd’hui, la musique est surtout axée sur la danse, c’est ce qui est la mode. Donc Alsaama Day a suivi la tendance. Et je pense que s’il y a eu une innovation dans cet album, ce n’est pas du côté musical. Dans la réalisation de cet album, c’est l’attente des mélomanes qui a été plus prise en compte. C’était une priorité par rapport à la création. Je vais vous le dire : je ne suis pas à la base de la conception de Alsaama Day. Je suis plutôt intervenu dans l’exécution.
Le concept de Alsaama Day a été mené de bout à bout par Youssou Ndour, contrairement à ce qu’on faisait avant. Cette fois-ci, c’est son concept, ses idées qu’il a essayé de réaliser avec son frère Ibou et les autres. Pour en revenir à l’exécution, elle consiste à interpréter les idées de Youssou. C’est vous dire que je n’ai pas participé à la création artistique de Alsaama Day. Je pense que le Super Etoile, c’est d’abord Youssou.
C’est son groupe, donc ce sont ses idées et sa philosophie. Il lui arrive de faire des projets avec ou sans le Super Etoile. Comme il m’arrive aussi de faire des choses avec Angélique Kidjo, Peter Gabriel entre autres musiciens du monde. Je n’y vois pas de problème. Alsaama Day est certes un album 100 % Super Etoile. Mais c’est très différent des autres albums. Je ne pense pas que cela soit lié aux réalités du showbiz d’autant plus que c’est nous qui l’avons exécuté.
Un nouveau défi musical
Jimi MBAYE : Musicalement, si Youssou dit qu’il a besoin de bonne musique, il vient chez moi et je lui fais quinze morceaux tout neufs. Des morceaux que personne n’a jamais entendus. En fait, les musiciens qui sont au Sénégal et qui veulent sortir une cassette chaque année, ne respectent pas le public. Et ils ne se respectent pas eux-mêmes. A mon avis, on ne peut pas sortir six morceaux bien faits chaque année.
Ce n’est pas possible. Encore une fois, je dis qu’il faut être respectueux envers sa personne et surtout envers le public, envers les mélomanes (…). L’album Alsaama Day, nous avons pris le temps de le faire. Et je ne peux pas le comparer à un autre album antérieur du Super Etoile. Parce que je trouve que c’est un album qui est venu le plus naturellement du monde. Je ne crois pas qu’il ait demandé plus de création au plan artistique.
Habib FAYE : Un produit que Youssou fait avec un autre concept lui donne une grande bouffée d’oxygène. Et par ricochet, à tous les autres membres du Super Etoile. Dans la marche du groupe, il nous arrive à nous tous de développer des projets parallèles dans le cadre de nos carrières respectives. Je peux m’absenter pour honorer des engagements personnels. Autre exemple : Mbaye Dièye Faye, qui sort son nouvel album, peut se concentrer sur la promotion du produit. Et quand le Super Etoile doit jouer à Taïwan, Mbaye Dièye peut rester à Dakar ou à Banjul pour faire avancer son projet.
Et c’est ce qui fait qu’il n’y a jamais eu d’essoufflement dans l’évolution du Super Etoile. C’est à l’image d’une équipe de football, il arrive que l’entraîneur remplace un joueur sur le terrain par un autre. C’est pour plus ou moins gérer des carrières. Sinon, si on reste là à faire toujours les mêmes choses, les gens vont se lasser au bout d’un certain temps. Donc, il est bon de diversifier les choses, de temps en temps.
Le plus bel album du Super Etoile
Jimi MBAYE : L’album qui m’a beaucoup marqué c’est The Guide (Wommat). Quand nous avons fait cet album, dans chaque pays où nous avons joué lors de nos tournées, il y a eu un disque d’or qui est tombé. Et, c’était vraiment une consécration énorme.
Habib FAYE : L’album qui m’a le plus marqué, c’est The Lion, sorti en 1988. Et ce qui faisait sa particularité, c’est que l’album a été conçu avec la même équipe qui avait auparavant fait la tournée d’Amnesty international. Il y avait, entre autres célébrités du showbiz mondial, Peter Gabriel, Sting et Tracy Chapman. C’est au studio que nous avons fait les bases de ce produit. C’est par la suite que nous avons fait intervenir tous les autres musiciens… Et, c’était tellement important pour moi. Parce que ce n’était pas évident de s’en sortir devant ces ténors de la musique. Dans ces circonstances, même si tu es talentueux, tu as la trouille.
Le fait de travailler avec ces musiciens d’une telle renommée et de se rendre compte que tu peux progresser, c’est vraiment formidable. J’étais le co-producteur de cet album Wommat avec Youssou. Donc je l’ai produit ainsi que le single Seven seconds. C’est après que Neney Cherry nous a rejoints. Malheureusement, on n’avait pas un succès Mbalax. Mais il y avait un autre succès avec cette pluie de disques d’or dont parle Jimi.Le Super Etoile et la scène internationale
Jimi MBAYE : Si la musique du Super Etoile ne s’impose pas sur la scène internationale, ce n’est pas un échec. C’est parce que tout simplement le Mbalax tel qu’il est joué actuellement, ne traversera jamais les frontières sénégalaises. Le Mbalax, c’est une musique qui peut être bien jouée, mais il faut qu’il soit homologué aux normes internationales de la musique. Parce que quand nous jouons à l’étranger, nous jouons tous les morceaux différemment pour qu’ils soient acceptés par l’oreille occidentale.
Par exemple, un morceau comme celui dédié à Serigne Mbacké Sokhna Lô, on le joue à l’étranger d’une autre façon. Parce qu’on fait un petit changement sur le beat pour qu’il soit compréhensible. Le Mbalax tel qu’il est joué actuellement au Sénégal, je trouve qu’il est assez difficile pour un Blanc de le comprendre. La musique est aujourd’hui une question de conception et d’entendement. C’est ce qui fait la différence entre le Mbalax et la World music. Mais le Mbalax bien révisé, bien retravaillé peut faire très mal. C’est pourquoi, au Super Etoile, nous avons un double répertoire : un pour l’étranger et un autre pour le Sénégal. Les Blancs qui viennent au Sénégal nous disent : ‘Le Bercy on l’aime, parce que c’est l’ambiance du Thiossane night club qu’on fait en Europe avec tout ce qu’il y a comme Mbalax’.
Habib FAYE : C’est vrai que sur les plans national et africain ça va, mais sur le plan international, on se cherche jusqu’à présent. C’est-à-dire que qu’il n’y a pas encore un Mbalax qui puisse s’imposer sur le plan international. Et pour cela, il faut essayer d’aller un peu au-delà de ce que nous faisons. C’est un choix. Certains mélomanes estiment par exemple que je fais du jazz, alors que tel n’est pas le cas. J’ai ma façon de penser la musique sénégalaise, comme Jimi ou un autre a sa propre vision de cette musique.
Il est évident que nous devons produire une musique bien sénégalaise, mais qui puisse également être présente sur le plan international... En toute franchise, le Mbalax a un problème sur le plan international. Nous en sommes tellement conscients au Super Etoile que si nous sortons du Sénégal, nous modifions certaines choses pour nous conformer aux normes. Et pourtant, nous devrions pouvoir jouer la même musique aussi bien au Sénégal qu’ailleurs. Je pense que c’est un problème culturel.
Parce qu’au Sénégal, presque tout le monde se comprend, mais ce sont les autres qui ne comprennent pas les Sénégalais. Comment faire maintenant pour être compris par les autres, c’est cela le problème. Mais quelque part, il y a le fait que certaines ethnies malheureusement ne se comprennent pas. Si toutefois, ce problème est réglé au niveau local, ce sera plus facile d’exporter le Mbalax.
Moments forts de l’aventure du Super Etoile
Jimi MBAYE : J’avoue que les décès de Marc Sambou et d’Alla Seck ont été deux évènements assez durs et qui m’ont beaucoup marqué. Marc était mon meilleur ami. Et quand il a été rappelé à Dieu, cela m’avait réellement ébranlé. Alla Seck aussi était un grand ami. J’ai entendu quelque part sa femme dire que c’est grâce à elle et à son défunt mari qu’on m’a appelé à l’Etoile de Dakar…. Mais c’est une autre histoire. Et je préfère ne pas entrer dans ces détails.
Habib FAYE : Ce qui m’a le plus marqué, c’est la tournée d’Amnesty International de 1988. Une tournée qui a enregistré la participation de 250 musiciens, dont Peter Gabriel. C’était une grande famille musicale qui voyageait partout. Et sur le plan musical, nous avons tiré beaucoup d’expérience de cette tournée. Parce qu’il y avait de très grands musiciens. Nous avons profité de cette tournée pour échanger sur beaucoup de choses. Je pense c’est très important dans la carrière d’un musicien. C’est toujours un plus. Et cela a beaucoup contribué à l’évolution de ce que nous avons fait.
La scène rêvée
Jimi MBAYE : Je pense qu’au Super Etoile, nous avons fait presque toutes les grandes scènes du monde. Et à un niveau personnel, il m’arrive aussi de me produire sur nombre de scènes internationales. C’est vous dire qu’il n’y a pas de scène qui spécialement me fait rêver.
Habib FAYE : A mon avis, ce qui est des scènes, elles sont toutes pareilles. Je pense que la scène du Just 4U à Dakar et le stade Wembley de Londres sont pareils en ce qui me concerne. C’est juste pour jouer. Il n’y a pas de big deal.Force du Super Etoile
Jimi MBAYE : C’est très difficile de gérer un groupe. C’est comme gérer deux femmes dans une maison. Et pour gérer quinze pères de famille dans un même groupe, il faut vraiment être un meneur d’hommes pour le faire. Parce que chacun arrive avec ses sensibilités, ses humeurs, son amour propre.
Je crois si une personne veut gérer de manière permanente un groupe, il faut qu’elle ferme les yeux sur beaucoup de choses. Par exemple, je peux avoir un problème avec Youssou Ndour et il peut me dire : ‘Je suis chez moi, je suis dans mon groupe, je te vire’. Mais s’il me vire, il ne perd pas de vue qu’il vire l’homme mais aussi le musicien. Et ce musicien est aussi important pour le groupe. Il est plus ou moins obligé de gérer certaines situations.
Habib FAYE : Je trouve que Le Super Etoile reste une famille, même si on ne se fréquente pas tout le temps. C’est vrai, on reste plus de temps ensemble qu’avec nos familles. Nous restons presque trois semaines sur quatre dans le mois ensemble et il n’y a jamais eu de problèmes. Ce qui est très important pour un groupe, c’est que les gens se respectent. La force du Super Etoile est que les gens développent un soutien mutuel.
Un gars comme Mbaye Dièye Faye, tout le monde l’encourage. Je lui dis tout le temps de pousser, de défendre ses produits même s’il a autre chose à faire avec le Super Etoile. Les autres membres du groupe sont d’un esprit assez ouvert pour comprendre qu’il ne fait que développer une carrière parallèle.
Complicité musicale
Jimi MBAYE : La complicité musicale n’existe que par rapport à la longévité du groupe. Un groupe qui joue depuis 30 ans, ne peut pas avoir les mêmes automatismes qu’un groupe qui n’a que cinq ans d’expérience commune. Par exemple, quand le Baobab joue, tout est synchronisé et fluide. Les musiciens n’ont même pas besoin de recevoir des ordres. Ils ont une belle symphonie. Au Super Etoile, c’est pareil.
Parfois, on me dit que le Super Etoile, c’est le plus grand groupe au monde. Parce qu’on peut te sortir tout de suite un Compact disque. Et si on le joue en Live, il sera meilleur. Autrement dit, c’est un groupe tellement soudé qu’il peut se permettre de relever nombre de défis. Et par rapport aux éléments du Super Etoile, je crois que chaque musicien du groupe est une star à part entière. Chaque musicien, à lui tout seul, peut représenter le groupe. Notamment de par sa compétence, son sérieux et sa technique de jeu. Une technique qu’il a acquise au sein du groupe. Par exemple, entre Jimi Mbaye et Habib Faye, il n’y a aucun problème sur scène. On se comprend bien. C’est comme de l’eau qui coule.
Différend Youssou Ndour - Mbaye Dièye Faye
Habib FAYE : Les gens ne se mêlent jamais de ce qui les regarde. Mais à ma connaissance, il n’y a jamais eu de différend entre Youssou Ndour et Mbaye Dièye Faye. Je ne l’ai jamais noté. Et je n’en ai jamais entendu parler. Voyant peut-être Mbaye Dièye faire sa carrière et Youssou faire autre chose, alors qu’ils étaient toujours ensemble, les gens ont pensé qu’il y avait un problème entre eux. Ce qui n’est pas le cas. Je n’essaye pas d’être à leur place pour justifier une situation. Mais je vous dis seulement ce que j’ai constaté.
A mon avis, il n’y a aucun problème. Mais nous sommes au Sénégal, quand il y a trop de bruit, les gens essayent de justifier certaines choses. Mais si c’était moi, je n’allais rien dire. Il ne serait pas question d’expliquer quoi que ce soit. Parce que vous ne pouvez pas aller dire à chaque Sénégalais qu’il n’y a rien entre Mbaye Dièye et Youssou Ndour. C’est une chose que les médias ont amplifiée avec des commentaires. Ils ont vu Youssou au Méridien sans Mbaye Dièye et ils en ont conclu que ce dernier a quitté le groupe. C’est trop facile comme explication. Mais je les comprends quelque part. C’est parce que tout simplement ils n’ont pas l’habitude de voir Youssou sans Mbaye Dièye.
Parfois quand on me voit faire autre chose avec d’autres musiciens, on dit que Habib Faye a quitté le groupe, comme si j’avais besoin de demander une autorisation à quelqu’un avant de travailler sur des projets personnels. Il m’arrive de me retirer pour faire un job bien ponctuel et regagner le groupe. C’est vrai que tout n’est pas rose dans la vie de groupe. Mais est-ce que ce que vous appelez ‘problème’ mérite d’être mis sur la place publique ? Des amis peuvent ne pas s’accorder sur une chose, mais ils en discutent et puis c’est fini. Ce que je vous dis, je ne l’invente pas. Je peux y revenir dans dix ans.
Le Super Etoile dans dix ans
Jimi MBAYE : Peut-être que je serais un producteur ou un arrangeur assis dans mon studio en train de faire de la musique pour d’autres. Ensuite, je pourrais aller jouer une à deux fois, par semaine, avec le Super Etoile comme le fait le Baobab. Parce que ceux qui sont au Baobab sont nos aînés de dix ou quinze ans, donc pourquoi pas nous ? Par exemple, moi je travaille tous les jours dans mon studio et à l’heure des répétitions, je prends ma guitare pour aller jouer avec Super Etoile.
Habib FAYE : En bon musulman, j’ai peur de faire des prédictions. Parce que Dieu nous réserve tout le temps des surprises. Le succès du Super Etoile n’est pas notre mérite, c’est juste Dieu qui en a décidé ainsi. Et comme on dit : ‘L’homme propose, Dieu dispose.’ Le Super Etoile, c’est vrai que c’est un groupe, mais il dépend plus de Youssou Ndour, de son orientation et de ses motivations. Je pense que Youssou et ceux qui sont autour de lui, ont le potentiel pour faire beaucoup de choses, mais cela dépendra des ambitions de Youssou Ndour.
Pour faire de la musique, il faut avoir de la motivation. Et avec les moyens, tu peux atteindre facilement ton objectif. Même si la musique du Super Etoile devient plus internationale, je pense que les Sénégalais n’auront pas de problèmes pour s’y adapter. L’exemple que je donne, c’est celui de Bob Marley. On ne parle pas anglais et pourtant c’est un gars qui est hyper connu au Sénégal. Parce que le Sénégalais aiment toujours ce qui vient de l’extérieur. Comme aussi c’est le cas avec Akon qui fait une musique qui marche très fort. Parce que le public sénégalais est un public diversifié. Et chaque public a sa propre musique.
Offres des groupes du monde
Habib FAYE : Des offres, on en reçoit tous les jours. Mais, c’est moi qui ai choisi de vivre au Sénégal. Donc tout ce que je fais pour le moment, s’inscrit dans le profil du Super Etoile. Pour moi, il y a d’autres choses beaucoup plus importantes que ces offres. Je préfère aller faire un travail d’une semaine ou de dix jours et revenir que de vivre aux Etats-Unis. Dans le milieu du showbiz, on te propose tout le temps du boulot. Et tu le fais si ton calendrier te le permet.
Si on me propose un boulot qui est en phase avec ce que je fais, je l’accepte. Ce qui fait que des fois, je reste un à deux week-ends sans être avec le groupe. Mais les histoires de débauchage ne m’intéressent pas. Et ce n’est pas parce qu’il y a au Super Etoile quelque chose qui n’existe pas ailleurs, mais c’est parce que si le groupe est à ce stade, c’est grâce à nous ; donc nous ne pouvons pas le laisser du jour au lendemain.
Prochain album Wake Up Africa
Habib FAYE : J’ai joué dans le prochain album de Youssou et Neney Cherry toujours au niveau de l’exécution. Mais, je n’en suis pas le producteur. Parce que j’avais tellement de choses à faire qu’il a fallu que je me libère un peu. Je pense que ce sera comme tous les albums de Youssou. Et je lui souhaite d’avoir du succès. Concernant les invités, il n’y a que Neney Cherry à ma connaissance. Parce que je n’ai joué que dans le single Africa Calling.
Bilan carrière solo
Jimi MBAYE : Je fais juste un bilan exhaustif. Je n’ai fait que deux Cd, le premier qui s’appelle Dakar hard sorti en 1998 et, pour un coup d’essai, je peux dire que c’était un coup de maître. Le titre Youssou madjiguène est resté pendant 6 mois numéro 1 sur presque toutes les radios universitaires aux Etats-Unis. Ce qui m’a valu le Hindy awards que l’album a gagné en 1998. Ce premier disque m’a valu beaucoup de prestige sur le plan international parce que beaucoup de gens ont demandé à faire des collaborations avec moi.
J’ai fait beaucoup de concerts aussi en Europe et aux Etats-Unis en one man show. Juste Jimi, sa guitare et son micro, cela a été une très bonne expérience. Le deuxième Cd, Yaye digueulma que j’ai fait tout seul, a été très apprécié. Il est vendu sur Internet. Ce sont les maisons de disques qui vendent le Cd sur le net et m’envoient les retombées. C’est comme ça que je travaille maintenant. L’album est sorti en 2004. Et quand je dis que j’ai fait l’album tout seul, c’est parce que je l’ai fait avec mes propres moyens sans le soutien ni l’aval d’aucune maison de disque.
Donc je peux rester ici faire ma musique et la vendre par Internet. L’album n’est pas disponible dans les rayons, j’avais juste fait un seul tirage pour le public sénégalais, on m’en redemande, mais je ne fais pas un autre tirage. Je passe à autre chose. Quand je finis un album, immédiatement, je commence un autre. Je suis en train de travailler sur le prochain album. J’avais monté un groupe avec lequel j’ai fait quelques tournées européennes après le premier album Dakar Hard. Après, j’ai pratiquement oublié le groupe, je me suis concentré à travailler pour d’autres artistes et les aider. J’ai fait beaucoup de choses avec beaucoup d’artistes dont je tairais le nom. Mais les difficultés que j’ai eues quand je commençais, je voulais les épargner à la nouvelle génération. On ne peut pas aider tout le monde, mais on peut essayer de faire ce qu’on peut pour aider beaucoup de gens.
Habib FAYE : Habib Faye Quartet était juste un projet. Actuellement, j’ai des titres inédits que j’ai inventés. Justement, Habib Faye Quartet était un groupe local avec Abdoulaye Lô, Ibou Cissé et autres qui m’ont vraiment aidé à monter ce programme. Mais après, je suis allé travailler avec d’autres Français et Américains et je pense que c’est une très bonne chose. Mais, pour le prochain album, c’est avant la sortie que je choisis l’orientation à prendre. C’est pourquoi j’ai préféré faire dans la diversité avec des musiciens d’un peu partout.
Source: Walf-Fadjri
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