Youssou Ndour a coeur ouvert -5!!

Ses enfants et la musique?
Personne parmi mes enfants ne m’a encore dit qu’il veut faire de la musique. Mais j’avoue que je les entends chantonner à la maison et y’en a deux qui ont des voix justes. Une fille et un garçon, ils ont cet acquis, mais cela ne veut rien dire.

Investir dans la presse pour plus avir besoin des autres
Je n’investis que dans les secteurs qui me tentent et je suis tout à fait libre de faire mon choix. C’est la musique, c’est la presse et je vais continuer sur cette lancée. Vous savez (hésitation), les produits de Youssou Ndour, (il marque un temps d’arrêt) n’ont pas besoin de ces créneaux pour être vendus. Moi je fais de la musique. Les gens écoutent, apprécient et achètent mes cassettes quand ça leur plait, ils regardent les bandes promos et viennent acheter quand ils sont convaincus. Donc il n’y a pas de propagande. Mon propre organe de presse me demande une interview depuis une semaine, j’ai préféré donner mon accord au journal Le Quotidien. Parce que simplement je ne veux pas faire du «kuy xalam di sa djaayou» (Ndlr : Il ne fait pas sien l’adage selon lequel charité bien ordonnée commence par soi-même).

Je ne vais pas aller à la radio Rfm et leur imposer de mettre Youssou Ndour dans leur programmation. Ce n’est pas mon problème ! Je ne le fais pas. Et quand elle m’invite en même temps que d’autres radios, je préfère aller ailleurs. D’ailleurs remarquez-le vous-mêmes, c’est bien de poser des questions, mais il est mieux de savoir observer, je ne pense pas que je profite de mon statut. Mon propre label Jololi compte beaucoup d’artistes. Je suis toujours présent pour les appuyer artistiquement. C’est vrai que quand on a une entreprise, il faut chercher à la rentabiliser. Mais personnellement, je n’essaye pas de profiter de mes entreprises pour faire ma promotion ou améliorer mon image.

Hommage a Serigne Mourtada Mbacke
Je n’ai pas encore une idée de la sortie du morceau que je vais dédier à Serigne Mourtada Mbacké, mais je vais écrire une chanson incessamment pour lui rendre hommage.

Retour a la Medina
Honnêtement, la Rfm nous aide beaucoup pour mon retour à la Médina. Parce que l’emplacement de la radio était notre lieu de fréquentation. C’était là où on se rencontrait pour bavarder et discuter, c’était comme une radio, on se regroupait là-bas pour parler, du matin au soir, de tout et de rien. C’est là où on a grandi. Quand j’y vais maintenant, je profite de l’occasion pour rendre visite aux personnes avec qui j’ai gardé des liens. Mais mes premiers amis, ceux avec qui j’ai dormi dans le même lit, grandi ensemble, je ne me suis jamais séparé d’eux.

Les amities ont survecu au succes
Mon meilleur ami, on est toujours ensemble. On était tout à l’heure à la maison. Et, chez moi il est comme le chef de la famille. Il est beaucoup respecté. Il n’est pas le seul d’ailleurs, il y en a d’autres.

Porter le succes d'un artiste
Je ne suis pas un faiseur de succès. Je ne dirai jamais que tel artiste me doit son succès. Comme je le dis dans une de mes chansons, je ne pense pas qu’une personne puisse changer le destin d’une autre. C’est Dieu qui fait les choses et qui attribue le mérite. Celui qui a du talent, tôt ou tard il va éclore, qu’il passe entre les mains de Youssou Ndour ou pas. Il peut arriver que le destin de quelqu’un passe d’abord par quelqu’un d’autre. Ce qui ne veut pas dire que c’est ce dernier qui en est le dépositaire. Maintenant si, par exemple, un artiste passe par Youssou Ndour et fait du tabac, peut-être que les choses se sont accélérées mais, ma conviction est que c’est Dieu qui fait et défait.

Le concert de Demba Diop dedie a Eva Mbaye?
Le concert est dédie à Eva Mbaye pour tout ce qu’elle a fait pour la musique et tout ce qu’elle représente pour moi. Et puis, j’avais beaucoup d’estime pour elle. Elle respectait son métier.

Concert a l'Universite de Dakar
Je ne refuse pas de faire un concert à l’Université de Dakar. Mais il se pose un réel problème de sécurité. Ce n’est pas parce que je n’aime pas les étudiants comme certains le pensent, c’est un faux débat. D’ailleurs à l’étranger, je joue dans des Universités qui sont plus réputées que Cheikh Anta Diop. Mais ici, le problème qui se pose, c’est la sécurité. Au stade, ça coûte très cher et il faut prendre beaucoup de dispositions qui peuvent perturber à la limite. Mais j’espère bientôt jouer là-bas et satisfaire les étudiants.

Youssou Ndour et les rappeurs
On a tous été jeunes. J’écoute le rap et j’apprécie. Je cherche à savoir ce que les rappeurs disent dans leurs textes. Le rap, c’est un mouvement mondial. Ce qui se dit à Guédiawaye ou à Pikine et ce qui se dit aux Usa dans les ghettos, c’est la même chose. Ce sont des banlieues qui disent la même chose. C’est normal parce que dans les banlieues ou les ghettos, il y a beaucoup de difficultés. Et, par rapport à cette musique universelle qu’est le rap, ils expriment leurs idées. Donc, je ne leur réponds pas. Je n’ai pas d‘ennemi et je le dis dans une de mes chansons. Si on me fait une critique fondée, je l’accepte. Mais des propos mal intentionnés ne m’empêchent pas d’avancer. Je rends grâce à Dieu.

Je considère que dans tout mouvement, il y a une majorité et une minorité, et quand cette dernière dit quelque chose qui n’est pas positif, ça n‘a pas d’effet sur l‘évolution de la personne. Parce que je crois avant tout que ce que je fais a un contenu artistique. C’est un travail intellectuel. La musque africaine passe d’abord par le rythme et le rythme rend parfois les gens fous. Donc je considère certaines critiques comme des paroles de jeunes. La preuve, c’est que j’ai travaillé avec des rappeurs qui sont des garçons que j’aime bien, avec qui je discute. On se comprend. C’est l’essentiel.

L'affaire COM7 et le projet Joko?
Le groupe Com 7 j’avais déjà pris la décision de ne plus revenir la-dessus. Tout le monde a suivi ce qui s’est passé. Ce n’est plus le moment de rappeler toutes ces choses. Je pense que ces évènements sont maintenant derrière nous. On les a subis et cela ne nous a pas empêchés de poursuivre ce que nous avions à faire. C’est entre d’autres mains. Pour le projet Joko, ce que vous avez vu à la Médina c’est en fait un Joko club parmi tant d’autres. Un Joko club doit être géré par des gens qui sont sur place. Parce que c’est leur instrument. Je ne gère pas de projet pour mettre les gens en dépendance.

Je n’ai pas de recette toute faite. Je ne suis pas une Ong qui perfuse, je pousse les gens à s’organiser, se prendre en charge . Je mets tout en place et c’est aux acteurs qui y travaillent de tout faire pour que les choses marchent. Mais si la gestion est défaillante, ce sont eux qui vont subir les pertes, je ne vis pas des Joko clubs. C’est ce qui s’est passé à la Médina, il y a eu des problèmes. Les gens ont abusé des moyens qu’on avait mis à leur disposition en croyant que c’est moi qui vais payer la note. Non, ça ne marche pas comme ça. Mais Joko n’est pas mort, il continue. On a eu une première expérience. On a beaucoup appris avec le projet Joko. On va pouvoir maintenant redémarrer le projet de façon plus maîtrisée avec moins de monde.

Votre plus grand regret?
(Il réfléchit) Il y a eu des échecs. Par exemple, on peut prendre celui lié à la proposition de mettre sur pied et de diriger l’Association des musiciens africains. La structure n’a pas vu le jour. Je n‘ai pas réussi après deux ans à mettre sur pied cette association qui a été demandée par beaucoup de ténors de la musique africaine. C’est un échec, personnellement. Je dois m’efforcer à motiver encore les gens ou laisser quelqu’un d’autre prendre les choses en main. C’est peut-être dû à un manque de temps. C’est peut-être dû aussi au fait que j’étais trop excité en me disant que je suis en Afrique et je peux le régler tout de suite. C’était aussi mal connaître l’Afrique.

Festival DK 24
L’autre échec aussi, c’est le fait de ne pas pouvoir imposer au Sénégal la possibilité de recevoir un festival chaque année. Je veux parler du festival Dk 24. C’est un festival auquel je croyais beaucoup, mais qui n’a pas été pérennisé pour beaucoup de raisons. L’événement n‘a pas répondu à mes attentes en termes de mobilisation. J’étais très déçu. Quand je me rends compte qu‘un projet dans lequel je me suis investi ne marche pas, je préfère laisser tomber et aller faire autre chose.

Dès fois, on a envie de faire beaucoup de choses à la fois, mais quand je n’arrive pas à faire marcher quelque chose au bout de quatre ans, je vais voir d’autres gens. Aujourd’hui, je suis membre simple de l’Association Dk 24. Le véritable problème est plus lié à la mobilisation qu’à la programmation. Dk 24 était un festial acoustique, mais on n’a pas pu mobiliser les sponsors et les gens qui doivent y croire pour que ça réussisse. Il y a beaucoup de choses qui entrent en action pour qu’un festival marche.

L'ennemi de Youssou Ndour?
Je ne vais pas répondre parce que, pour moi, tout le monde est sur un pied d’égalité. Je ne peux pas dire qu‘un tel est mon ennemi. J’aime tous ceux qui m’aiment et mêmes ceux qui ne m’aiment pas. Là aussi, je l’ai déjà dit dans une de mes chansons.

Suite et Fin- 1, 2, 3, 4, 5

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