Basket - Chronique d’un échec programmé : L’odyssée des Lions en Angola

Deux jours seulement après le retour de la délégation sénégalaise d’Angola, les langues commencent à se délier. Et ce sont les joueurs qui sont les premiers à monter au créneau pour décrier les mauvaises conditions de préparation, indignes d’une équipe vice-championne d’Afrique, et qui aspirait à monter sur la plus haute marche du podium, 10 ans après. Confidences autour des impairs et des couacs dans la préparation, des mauvaises conditions d’hébergement et du coaching frileux et boiteux du clan des Américains, dirigé par Coleman Crawford.

Il fallait faire vite pour accrocher certains Lions qui venaient de débarquer à Dakar. Ces derniers n’ayant pas beaucoup de temps, car devant retourner en Europe et aux Etats-Unis, vers leurs clubs respectifs. Mais il était difficile pour certains de ne pas parler de leur séjour en Angola, qui s’est transformé en un véritable odyssée. Même si à leur arrivée à l’aéroport «Senghor» dans la nuit du lundi au mardi, à 02 heures du matin, c’était silence radio chez les coéquipier du capitaine, Malèye Ndoye. «A l’aéroport, c’est vrai qu’on avait décidé de ne pas parler le temps de remettre de l’ordre dans nos idées. Mais trop, c’est trop.

Il y a des choses qu’il faut sortir, qu’on ne peut pas garder, et qu’il faut dénoncer, sinon on va toujours tourner en rond, à force d’enregistrer des contre-performances», souligne un des Lions, sous le sceau de l’anonymat. Et nos interlocuteurs d’attaquer d’abord le premier couac au départ de Dakar : «Il y a eu ce retard de presque 12 jours pour la préparation à Dallas, aux Etats-Unis, alors que le stage devait débuter le 1er août. Pire, quand on est revenu de Dallas, nous sommes restés trois jours à Dakar à nous tourner les pouces sans nous entraîner, parce que nous n’arrivions pas à récupérer nos bagages restés dans l’avion.» Mais les Lions n’étaient pas au bout de leur peine. Car en fait, ce n’était que le début d’un long calvaire qu’ils vont vivre jusqu’à leur élimination, suivie des matches de classements.

Tous nos matches de poule en 1ere heure
L’histoire des bagages réglée, les vice-champions d’Afrique, qui devaient rallier la Tunisie pour un tournoi, seront bloqués à Dakar pour un problème de visas. «Là, on n’a vraiment rien compris, pour avoir perdu une semaine pleine à régler des visas. Ce qui devait se faire bien avant. Et c’est à ce moment-là que nous avons commencé à douter sérieusement de la capacité de nos dirigeants à gérer cette campagne. Ce faux départ n’envisageait, pour nous, rien de bon», avait prédit notre source.

Arrivés vers la fin du tournoi où les organisateurs avaient fini de pester pour avoir déboursé beaucoup de millions, les coéquipiers de Malick Badiane ne vont jouer qu’un seul match à Tunis, toujours sans Sam Vincent, avant de mettre le cap sur l’Italie. «On avait un retard considérable au niveau de notre plan initial de préparation. L’étape italienne allait nous permettre de nous réajuster avec l’arrivée du coach (Sam Vincent). Mais catastrophe : on a eu un coup dur avec la blessure au doigt de Yamar Diène. Une nouvelle qui a perturbé les dirigeants qui n’avaient rien prévu par rapport à une telle situation. Ce qui renseigne sur la légèreté avec laquelle la liste des sélectionnés a été montée», se désole nos interlocuteurs qui disent avoir ri sous cape, quand Matar Ndiaye a été préposé pour compléter le groupe des 12. «Ce n’est pas que Matar ne faisait pas l’affaire, mais c’est la démarche qui ressemblait à de l’amateurisme pur pour une équipe, composée de professionnels, et qui prétendait bousculer les Angolais chez eux.» Justement, la chasse aux Angolais va débuter dans des conditions assez bizarres pour les Lions : «On a été surpris de constater sur place à Lubango que tous nos matches de poule (contre Mali, Côte d’Ivoire, Egypte) que nous allions joués, étaient prévus en première heure. Ce qui était étonnant au vu de notre statut de vice-champion d’Afrique. Où était le président de la Fédération (Alioune Badara Diagne) qui est membre de la Commission juridique de Fiba-Afrique ? Où était Atoumane Diaw qui vient d’être nommé Secrétaire général de la Zone 2 ? Au vu de leur statut, on n’a pas compris pourquoi ils ont laissé faire.»

Altercation entre Tapha Gaye et Coleman
Mais, renseigne nos interlocuteurs, c’est la défaite contre la Côte d’Ivoire qui a précipité l’élimination du Sénégal. «Après le match, il y a eu des incidents dans les vestiaires. Coleman (l’adjoint de Sam Vincent) a pété les plombs en accusant Kabir Pène et Mamadou Diouf d’être les principaux responsables de la défaite. Tapha Gaye (membre du staff technique), qui n’en pouvait plus d’être snobé par Coleman, a disjoncté en le traitant de tous les noms. Il y a eu une vive altercation entre les deux hommes, avant que les dirigeants n’interviennent. Nous avons compris son geste, car on savait qu’il en avait marre d’être rabroué par un Américain qui ne connaît rien au basket africain.»

«On s’est foutu de nous en nous l’affectant», dégaine l’un deux qui révèle : «Coleman a ignoré Tapha Gaye sur le banc pour collaborer avec Mike (l’Américain, aux cheveux tressés). C’est un recruteur de Dallas, qui était en Afrique du Sud, et qui est arrivé dans le groupe après le match contre le Mali. D’ailleurs, il est reparti, avec notre élimination, en laissant une ardoise de trois jours à l’hôtel où il résidait. C’est le délégué du ministère des Sports, un certain Dièye (Moustapha) qui a réglé la note. Vous pensez que tout ça c’est sérieux !»

L’odyssée des Lions va se corser lors des matches de classement avec des problèmes récurrents d’hébergement qui ont eu pour cadre Benguela, à 900 km de Lubango. Dans cette petite ville, la délégation sénégalaise sera confrontée à un problème d’hôtel. «On nous a trimbalé de gauche à droite. On a fait un aller-retour Benguela-Lopito (distant de 30 km). Finalement, on est resté à Benguela. Mais tenez-vous bien : on était logés séparément dans des auberges. Alors, ne me demandez surtout pas comment se faisait le ramassage (rire). Avec une telle ambiance, on était tous tendus. Et c’est normal que certains ont disjoncté, comme Kabir Pène et Mohamed Faye qui se sont bagarrés dans le bus. Alors, avec tout ça, vous voulez qu’on gagne la Coupe d’Afrique ? Surtout quand je vous apprends que l’avion qui devait nous ramener au retour de Benguela à Luanda, a accusé un retard de 12 heures. On nous a convoqué à l’aéroport à 7 heures. On a finalement décollé à 19 heures.»

Source: Le Quotidien

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