Youssou Ndour a coeur ouvert- 1!!

Rapports Presse-Pouvoir
Pour améliorer la qualité des rapports avec les journalistes et les autorités, que Dieu nous en donne les moyens pour qu’on continue à tenir le fil. Cette année a été particulièrement difficile pour les rapports pouvoir et presse. Et, généralement, les choses sont positives. Surtout, le monde de la presse, d’une manière générale, a montré à la face du Sénégal et du monde que la solidarité est importante dans chaque secteur. Aujourd’hui, dans notre peine avec le décès de Eva Mbaye (Ndlr : animatrice à la Rfm décédée dans la nuit du mardi au mercredi dernier), nous avons senti votre journal à nos côtés.

C’est la vie qui est ainsi faite. Il y a des jours de joie et des jours de peine. Cela doit être magnifié pour que tout le monde sache que vous vous acquittez de votre tâche et que vous participez aussi, d’une manière ou d’une autre, à une meilleure harmonie, un meilleur équilibre dans le pays. Je tenais à vous le dire. Je sais que je suis sous contrainte de temps (Ndlr : M. Ndour devait diriger un plateau de témoignage à la Rfm), mais je tenais à venir parce que j’avais déjà donné ma parole, malgré la peine (Ndlr : la mort de Eva Mbaye) que vous savez et qui nous afflige tous.

Le Quotidien, c'est la lune
Je ne suis pas un plasticien, ni dessinateur. Je me suis mis à griffonner, le temps que les gens s’organisent, mais je ne suis pas calligraphe, ni plasticien. Ce que j’ai dessiné, c’est une image pour parler du Quotidien. C’est un ‘’daakantal’’. Je ne trouve pas l’équivalent en français. Mais, nous sommes tous des cousins dans notre culture. Et, chaque chose renvoie à une image, à un symbole.

Je ne sais pas pourquoi et ce n’est pas parce qu’il y a le Soleil, mais j’ai toujours considéré que Le Quotidien est un symbole, que Le Quotidien était la lune qui éclaire l’opinion, quelles que soient les difficultés. C’est un symbole qui marque beaucoup le Sénégal chaque fois d’une manière extraordinaire. Il y a parfois des conflits, des divergences qui aussi permettent aux Sénégalaises et aux Sénégalais de montrer que le Sénégal est un grand peuple malgré les contradictions. J’ai toujours pensé que Le Quotidien était la lune. Je disais donc que j’ai eu un peu de temps avant l’entretien et j’ai fait ce schéma et j’espère qu’on va le garder ici (Ndlr : Il désigne du doigt le mur de la salle de Rédaction).

Qui est Youssou Ndour?
J’ai vraiment des problèmes pour me définir. Chaque personne, dans la vie, a une mission. Il y a des missions populaires, des missions publiques, des missions privées… Ma mission, c’est de montrer qu’il est possible de réussir. Que l’on soit né à New York, à Singapour ou à Dakar, il est possible de réussir, de donner de l’espoir. Ça j’y crois sincèrement. J’ai du mal à me définir exactement, à passer pour un symbole. On m’a fait passer comme tel et je suis quelqu’un qui assume ses responsabilités.

Je pense que chacun de nous a la mission de dire et de montrer aux jeunes que c’est possible de réussir, de s’épanouir, d’avoir des principes. On a beaucoup parlé de Youssou Ndour comme symbole, mais j‘ai du mal à dire exactement ce que je représente en symbole. J’ai du mal à parler de moi parce que j’oublie et ça c’est génial. Mon père a l’habitude de me dire que pour progresser dans la vie, il ne faut pas se focaliser sur ce qui s’est déjà passé. Donc, j’avance. J’ai la chance de gagner ma vie avec ma passion : la musique.

Votre plus grande reuissite?
Ma plus grande réussite, c’est le Super Etoile. C’est un groupe qui a commencé en 1981. Je ne dis pas que tout le monde est resté mais la base du Super Etoile est restée. C’est la plus grande réussite. Et ce n’est parce que nous manquons de divergences de vue, mais c’est parce que j’ai du respect pour ces gens-là. Je suis très heureux de voir par exemple que le Super Etoile peut être considéré comme le groupe qui a la plus grande longévité.

C’est aussi une école. J’ai géré le Super Etoile jusqu’à présent et je compte continuer. J‘ai appris beaucoup de choses, il y a eu des épreuves. Et ceux qui sont à l’extérieur ont dû le constater. Mais, ma plus grande réussite, c’est le Super Etoile.

Les departs les plus marquants?
C’est le départ de Alla Seck qui est décédé qui m’a le plus marqué. Aujourd’hui, quand on voit l’euphorie qu’il y a autour de la danse, on sait qu’il a laissé quelque chose. Il y a eu des départs qui m’ont beaucoup marqué et qui étaient naturels. En un moment, Kabou Guèye faisait la basse quand on produisait l’album Immigré. C’était la première fois qu’on allait à Paris. Habib (Faye) était au Super Etoile II parce qu‘ici aux Hlm, j’avais créer avec Adama Faye, le Super Etoile II où jouaient Habib Faye, Moustaph Faye, Ibou Cissé, etc. Mais je savais qu’avec Habib il y avait une possibilité d’évolution.

En même temps, je savais que Kabou devait rester à mes côtés pour des raisons de qualité, de tout ce qu’on faisait parce dans la musique Mbalax, on change complètement le rôle de bassiste qui jouait l’équivalent du ‘’Thiol’’ en sabar (Tambour Major). Et, avec un bassiste qui a appris la musique par le jazz, c’était très difficile. Kabou a arrêté de faire la basse, c’était très lourd, mais je l’ai convaincu de rester à mes côtés. Ça m’a beaucoup marqué. Ensuite, il y a eu le départ de Gallas. Gallas était un ami, quelqu’un qu’on a amené au Super Etoile pour qu’il développe une certaine efficacité ;

c’est un super batteur. Malheureusement, en un moment, on a eu d’autres choix au niveau musical qui faisaient qu’il y avait une pause, ensuite il a eu quelques problèmes qui ont accéléré son départ du Super Etoile. Mais c’est quelqu’un qui a marqué le groupe. Et à chaque fois que j’écoute les morceaux qu’il a joués, je me rends compte qu’on avait un très bon batteur. Donc il y a eu beaucoup de départs mais le noyau est encore là.

La plus grande epreuve du Super Etoile?
Il y a un moment où le groupe était fini. Quelqu’un avait proposé de l’argent, plus d’argent que j’en avais (rires) à mes musiciens et leur a proposé de quitter le Super Etoile pour créer un nouveau groupe. Il était parvenu à convaincre beaucoup d’entre eux, qui ont pris de l’argent et signé des contrats. Même Mbaye Dièye Faye (précision faite à la demande de la rédaction). C’était vers les années 85 et c’était vraiment quelqu’un qui était de bonne foi et qui voulait former un nouveau groupe et qui avait son matériel et tout. (Ndrl : Sur insistance de la Rédaction, il cite le nom).

C’était un promoteur, Demba Ndir du Sahel. Tout le monde avait pratiquement pris de l’argent et signé le contrat. Et on s’est retrouvé à la Police pour régler cette situation. On a été obligé de rembourser l’argent. En fait, quand on a discuté, il n’y avait pas de problèmes, seulement des propositions plus intéressantes. Mais ils se sont rendu compte qu’ils n’avaient pas d’avenir autour de ça. J’ai remboursé l’argent à Demba Ndir et j’ai repris mon groupe. Ce sont des moments où beaucoup de choses du genre se passaient. Mais depuis, il n’y a jamais eu de problèmes.

Maintenant, je suis à l’abri parce que le Super Etoile est une famille. Je suis capable de libérer un musicien pour qu’il anime quelque chose. C’est un groupe pas comme les autres : il n’y a que des vedettes : Mbaye Dièye Faye a une carrière solo, Habib, Jimmy, Ouzin Ndiaye, Assane Thiam de même. Pape Oumar Ngom fait beaucoup de musiques de film. On s’est entendu. Chaque fois qu’ils ont envie de faire quelque chose, je prends du recul. Il y a des moments par exemple où Habib est sollicité par quelqu’un qui fait de la production aux Usa, on s’est entendu. On prend un musicien qui répète normalement pour le remplacer. Et ça fonctionne bien. On n’a pas de problème.

Et le cas Youssou Camara?
Youssou Camara a toujours été un deuxième batteur. Il était là avec Gallas parce que c’est un garçon qu’on aime bien. On s’entendait bien depuis qu’il jouait avec Ismaël Lô. Ensuite, il est resté deuxième batteur avec Laye Lô et Alain Berger. C’est vrai, le Super Etoile ne se limitait pas seulement à jouer de la musique sur scène, il y a une réputation à sauvegarder. Je ne peux pas me permettre d‘avoir des problèmes comme ça. Les gens doivent êtres responsables.

J’ai senti que Youssou Camara ne pouvait pas s’épanouir à 100% dans le Super Etoile. Dès fois, on partait en tournée, il ne part pas, dès fois, on avait besoin de lui, on ne le trouve pas. Il avait trouvé autre chose beaucoup plus intéressant, et il est allé le faire. Mais nous sommes restés des amis. Ce qui lui est arrivé à Bercy, est un incident qu’on a pu sauver (Ndlr : En 2003, pour le Grand Bal à Bercy, Youssou Camara était retenu à l’aéroport d’Orly pendant plus de trois heures pour des problèmes d’identité de son passeport, avant de rejoindre l’orchestre).

Pendant cette période-là, le milieu de la musique était secoué par le problème de Papa Wemba (Ndlr : Papa Wemba avait maille à partir avec la justice française dans une affire d’immigration clandestine). Moi, j’ai toujours eu peur d’avoir des problèmes de ce genre, en évitant d’utiliser mon nom ou la réputation de musiciens connus pour faire passer des choses. Il y a des choses que je n’accepte pas sur le plan professionnel. Youssou Camara, je pense que c’était lié à son passeport, on lui a reproché des choses et je ne sais pas si c’est vrai ou pas. Je constate qu’il y a des gens avec qui je suis depuis 20 ans, on ne leur pas reproché la même chose. Donc il y a un peu de doute, je ne prends pas de risque.

Mais ce n’est pas vraiment cette histoire qui a fait partir Youssou Camara. Je sais qu’il a eu l’occasion de voyager par la suite. Et je me dis quelque part que sa relation avec l’ambassade ou la police s’est peut-être normalisée. Son départ était lié à la fois à ce petit incident mais aussi au fait que Youssou Camara n’était utilisé qu’à 50% parce qu’il a toujours été là avec un autre batteur. Et c’est la première fois, avec son départ, que le Super Etoile reste avec un seul batteur. Mais, le Super Etoile est une entreprise avec des engagements à respecter. Si Laye Lô n’est pas là, c’est Mbaye Dièye qui prend la batterie, c’est un super batteur. Parfois Habib Faye joue au clavier. C’est une entreprise, il faut que quand il y a un départ ou que quelqu’un parte en congé, qu’on essaie de le remplacer. Peut-être quand c’est moi(Youssou Ndour) qui ai des problème, le Super Etoile ne jouera pas mais heureusement qu’on a des vedettes qui sont dans le groupe.

Suite- 1, 2, 3, 4, 5

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