Le langage du ventre creux

Bagarres de rues entre policiers et marchands ambulants, marches des forces syndicales, casses de véhicules et des cantines, pneus incendiés, Intifada…

Le spectacle vécu hier , dans la journée à Dakar renvoie aux souvenirs des années de braise. Les années 88-89 pendant lesquelles, dans un élan parfois instantané, forces de l’opposition, syndicats, élèves et étudiants coalisaient pour exprimer leur ras-le-bol général face à la politique anti-sociale du défunt régime socialiste.

La seule différence c’est que ceux qui manifestaient hier dans les rues de la capitale et ailleurs à l’intérieur du pays réagissaient contre les douleurs qui leur rongeaient les ventres à cause de l’absence de moyens de survie. En effet, le coût de la vie est devenu subitement intenable pour tout le monde. Excepté les seuls tenants du pouvoir et leurs alliés. Tous les prix des denrées de première nécessité ont flambé alors que les salaires n’ont pas connu une hausse conséquente. Pendant ce temps le fisc contenu de grever dangereusement les revenus des quelques salariés que compte le pays .

De pauvres travailleurs qui supportent des dizaines d’autres personnes sans emplois pour lesquelles toutes les issues de sauvetage sont fermées. Les portes de l’immigration en direction des pays d’Europe sont fermées à cause de la politique anti-africaine de certains chefs d’Etats ; l’Amérique de Georges Bush ne veut plus de nos chômeurs alors que l’Espagne et l’Italie, les deux seuls pays qui pouvaient avoir encore besoin de cette main d’œuvre bon marché, avec la complicité de nos dirigeants, restreignent leur quota d’accueil.

En désespoir de cause, il ne restait plus à ces milliers de jeunes gens (garçons et filles) que les artères de Dakar comme seuls lieux de prédilection pour chercher par mille subterfuges des moyens pour la survie. Mais depuis le dernier Conseil des ministres, ces marchands ambulants n’ont plus le droit de squatter les artères de la capitale pour écouler leurs maigres marchandises.

La décision de faire de Dakar une ville moderne, oblige. Une idée qui n’est peut être pas mauvaise en soi surtout en cette période où le Sénégal se prépare activement à recevoir sous peu les plus généreux milliardaires de la planète. Peu importe ! Cette mesure aurait dû être précédée par des concertations pour une solution consensuelle. Surtout en cette période pré-tabaski où tous les chefs de famille sont secoués par la forte pression des besoins de leurs familles.

Erreur tactique ou cafouillage stratégique de la part des autorités ? Peut -être les deux à la fois mais une erreur tout de même qui fait l’affaire de l’union sacrée des dix huit centrales syndicales et le front unitaire, qui trouvent en ces milliers jeunes marchands en colère des alliés sûrs. Tout comme d’ailleurs le front Siggil Sénégal (Fss) pour lequel le renchérissement du coût de la vie et le déguerpissement des marchands ambulants sont deux excellents chevaux de bataille pour rallier le peuple en souffrance à leur cause. Les autorités de l’alternance aujourd’hui préoccupées par des querelles intestines auront-elles la force et l’esprit nécessaires pour inverser cette tendance ? Seul l’avenir nous le dira.

Source: Sud Quotidien

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