Après les danses obscènes, à quand les jeux de hasard ?

Au début du mois béni de Ramadan, les danses obscènes, pratiquées dans un lieu privé à Dakar la nuit, ont défrayé la chronique au point d'éclipser d'autres problèmes non moins importants de notre pays. Mais le moment était bien choisi pour décrier ce genre de pratiques qui n'honorent ni notre culture encore moins nos croyances religieuses.


En effet, à la faveur de ce mois de privation, de recueillement et de dévotion pour les musulmans qui constituent près de 90% de la population sénégalaise, les associations musulmanes, pour la première fois à ma connaissance, sont sorties de leur mutisme habituel pour montrer à la face du pays leur mécontentement et leur rancœur par rapport à ces pratiques malsaines.

Je pense que l'écrasante majorité des Sénégalais a eu la même réaction, à savoir une désapprobation sans ambages pour des activités qui salissent l'image de marque d'un pays tout entier, qui aime bien la danse, mais pas une danse qui rime avec la dépravation et la vulgarité.


Cela veut dire donc que même sur la plan pénal, la sanction n'a pas été sévère, l'événement a été tristement célèbre et a permis d'envoyer un signal fort comme quoi, malgré un recul des mœurs et de la morale tout simplement dans notre cher pays, les gens sont encore vigilants pour défendre leurs intérêts moraux, culturels et religieux ; à quelque chose donc malheur est bon, comme le dit l'adage.

Cependant, il y a une autre pratique au sein de notre pays, qui est aussi malsaine et illicite aux yeux de nos religions révélées, aux yeux de l'éthique et de la bonne éducation de nos enfants, mais qui jouit d'une tolérance qui a toujours perturbé ma conscience, au point de me pousser à poser la question publiquement à travers ma présente contribution.

Il s'agit du jeu de hasard sous toutes ces formes, qui est banni par les deux principales religions qui sont pratiquées chez nous, à savoir l'Islam et le Christianisme.

Mais ce qu'on constate, c'est que le jeu de hasard est comme une institution au Sénégal, et depuis fort longtemps, sans qu'apparemment, personne n'y voit d'inconvénients.

Il existe, à travers le pays, de nombreux casinos créés uniquement pour s'adonner aux jeux de hasard, et en plus, il y a ce «machin» appelé Loterie Nationale qui est quant à elle une émanation de l'Etat et qui constitue en même temps un gouffre à milliards parce que très mal gérée depuis son existence ; ce qui a amené, récemment, un grand journaliste d'investigation à nous montrer clairement comment cette société nationale est dilapidée au vu et au su, j'allais dire même au sou de tout le monde.

Personnellement, ce n'est pas la façon dont la Lonase est gérée qui m'importe ; c'est plutôt la banalisation du jeu de hasard dont il est l'instrument, qui m'étonne et qui me perturbe pour dire vrai. On me dira que cela crée des emplois, mais là n'est pas le vrai problème.

A chaque coin de rue, il est dressé un kiosque pour jouer au Pmu, c'est à se demander même si ces kiosques ne sont pas aussi nombreux que ceux qui servent à vendre le pain quotidien tant prisé par les Sénégalais.

De plus, je constate avec beaucoup de fascination que la population qui s'adonne à ce jeu du hasard appelé Pmu est constituée d'une majorité d'adultes entre la quarantaine et le troisième âge ; les jeunes pratiquant le Pmu sont, en effet, minoritaires. Je suis toujours choqué, quand après la prière du vendredi, chapelets à la main, certains font un passage presque obligé dans un kiosque de Pmu pour prendre leur «dose».

Le pays est, aujourd'hui, arrosé de radios et de télévisions, les émissions à caractère religieux font légion, de jour comme de nuit, pendant ou en dehors du mois de Ramadan ; des conférences religieuses sont organisées tout au long du mois de ramadan ; mais curieusement, les nombreux experts dans ce domaine, qui interviennent tous les jours à travers ces émissions et ces conférences, et qui savent très bien que la loterie pour gagner de l'argent est une des pratiques illicites d'après nos religions révélées, sont complètement muets sur ce thème. Ils préfèrent aborder d'autres thèmes très intéressants il est vrai, mais pas plus importants que le jeu de hasard qui doit être décrié comme les danses obscènes, comme la prostitution, comme le vol, comme la drogue et l'alcool, comme l'habillement peu décent des jeunes filles et j'en passe….

En effet, c'est comme si ces experts et autres consultants de l'Islam évitaient ce débat, ou étaient interdits de soulever ce phénomène de la société.

Je lance donc un appel à tous ceux qui animent des émissions religieuses, ou qui sont invités à animer des conférences ou causeries religieuses, à oser affronter la réalité, à prendre leurs responsabilités d'abord en tant que citoyen, ensuite en tant que musulman, pour que ce débat soit enfin instauré, en vue de crever de l'abcès qui risque de nous provoquer une plaie, voire une gangrène nationale.

Non aux danses obscènes même si elles sont pratiquées à huis clos et nuitamment, mais aussi non au jeu de hasard pratiqué sans cachette et toléré dans un pays où la religion jouit d'une dimension et d'une réputation incontestables à travers le monde.

Mor FAYE - Spécialiste en passation des marchés publics Sacré Cœur 3 – Dakar / Morfay21@yahoo.fr

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