Cine Club: Projection du "Le Mandat" d'Ousmane Sembene ce jeudi a Mermoz

La Fondation Konrad Adenauer organise, jeudi à son siège (stèle Mermoz), un ciné club sur le roman "Le Mandat" (1968) du défunt écrivain et cinéaste sénégalais Ousmane Sembène a annonce un communiqué de l'APS.

La projection est prévue à 18 heures et allez y nombreux pour regarder ce film inedit. Pour rappel, le Mandat est une "effigie satirique socio-économique de l'Afrique contemporaine en général et de la société sénégalaise en particulier.

Polygame et père de famille nombreuse, Ibrahima Dieng mène comme tout sénégalais de son époque et de son rang, une dure et triste vie aux côtés de ses deux épouses, Mety et Aram. Au chômage depuis un an et victime des effets pervers engendrés par l’indépendance, celui-ci a appris à ses dépends et avec le temps, à accepter sa condition matérielle.

Néanmoins, sa vie bascule le jour où il reçoit de la part de son neveu nouvellement arrivé en France, un providentiel mandat d’une valeur de 25.000 FCFA. Dès lors, la nouvelle se propage dans tout le quartier et chacun voit en ce pécule inopiné le remède et la solution miracles, mais temporaires, à leur triste existence ainsi qu’à leurs maux quotidiens.

Les habitants de ce faubourg mènent une vie des plus précaires faite de privations, de frustrations, d’aigreur, de dettes et de disette. Ainsi, telle une proie menacée et acculée dans ses retranchements les plus poussés, Dieng devient rapidement dans tout le quartier, une sorte de « Rédempteur économique » sur lequel reposent des milliers d’espoirs.

De la sorte, sollicité par tous sans exception et avant même d’être entré en possession du mandat, celui-ci n’aura d’autre choix que de promettre entraide à ses concitoyens.

Malheureusement, afin de récupérer ce mandat dont il ne touchera que 2.000 FCFA, 3.000 FCFA revenant à sa sœur, la mère de son neveu Abdou, et 20.000 FCFA à ce dernier lui-même, la poste lui demande une carte d’identité qu’il ne possède pas. Pour en avoir une il lui faudra se procurer des photos d’identité et un acte de naissance et obtenir ladite carte avant deux semaines, au terme desquelles le mandat, faute de pièces justificatives, sera renvoyé à son expéditeur. Commence alors une « course contre la montre ». Démuni, Dieng a besoin d’argent et se voit très vite contraint de quémander auprès d’amis ou de membres de sa famille.

Cependant, son parcours est marqué d’obstacles. En effet, chaque étape de sa quête et chaque entrée d’argent attirent convoitises et sollicitations. Néanmoins, confronté aux lenteurs, au cynisme et à la malhonnêteté d’une bureaucratie africaine et plus précisément sénégalaise en pleine crise et nécessitant une totale restructuration, Dieng, désespéré et à bout d’effort, décide de se tourner vers un de ses neveux. Suivant les conseils de celui-ci, il lui fera rédiger une procuration afin de le désigner comme son mandataire. Finalement, dupé sans vergogne par celui qui se présentait alors comme sa dernière chance et en qui il avait une entière confiance, Dieng, seul et abandonné à son triste sort, ne touchera jamais le « fameux » mandat.

Considéré comme l’un des doyens des cinéastes africains, il avait à son actif 12 films dont le premier, "Borom Saret", est un court-métrage réalisé en 1963. Parmi ses films les plus connus figurent "Le Mandat", "Xala", "Ceddo", "Guelwaar" et "Camp de Thiaroye", tourné en 1987, qui retrace le massacre de Tirailleurs sénégalais à Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, le matin du 1er décembre 1944, et bien sur Moolade en 2004.

M. Sembène, 84 ans, était aussi l’auteur de neuf romans et essais dont le plus célèbre est sans nul doute "Les Bouts de Bois de Dieu", publié en 1960, roman qui retrace la grande grève menée en 1947 par les cheminots du Dakar-Niger, le chemin de fer reliant Dakar à Bamako, la capitale du Mali.

Faisant parti des classiques de la littérature africaine, "Les Bouts de Bois de Dieu" avait connu un succès retentissant au point de figurer dans le programme scolaire de plusieurs pays, dont le Sénégal.

M. Sembène avait gagné de nombreux prix cinématographiques dont celui du meilleur film étranger qui lui a été décerné en 2004 par la critique américaine et le prix spécial du jury au Festival international de Marrakech, au Maroc.

Né à Ziguinchor, dans le Sud du Sénégal, Ousmane Sembène, avait été mobilisé en 1942 par l’armée coloniale française et avait vécu en France de 1946 à 1960 où il avait travaillé comme docker au port de Marseille. Le samedi 9 juin 2007, le cineaste s'est eteint à Dakar a l'age de 84 ans.

Mister Aw, Editeur du Blog du Boy Town

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