Comment les «Baye Fall» ont observé le jeûne: Une intrigue chez les populations

Ils sont nombreux ces Sénégalais qui éprouvent des difficultés à trouver une réponse adéquate quand on évoque le mot baye fall. Cela est dû, le plus souvent, à deux faits marquants, à savoir ne pas prier et jeûner surtout durant ce mois béni de ramadan. Les daaras visités offrent deux visages de baye fall, les uns déjeunent, les autres s'activent à préparer les plats de rupture de jeûne appelés “ ndogou ”.

Ils sont jeunes et généralement issus de milieux défavorisés. Pour la plupart, ils étaient emportés par le mal inspiré des films western américains, considérés comme des laissés pour compte, des vagabonds ou abandonnés par leurs propres familles. Bref, ils étaient rejetés par la société qui est actuellement confrontée à des dérives sociales sans précédent, à des conflits exacerbés, mais surtout à une société qui a tendance à perdre ses valeurs morales. Ainsi des hommes de Dieu épris de paix, de sagesse, de générosité et à la fois imprégnés de la mystique du “ koune fa yakone ” de Dieu ont su les récupérer et rassembler autour du concept “ dahira ”.

C'est le cas de la fédération “ Makarimal Akhlaq ” (Nobles Caractères avec amour réciproque sans dissension aucune) fondée par Serigne Abdou Karim Mbacké qui a permis à beaucoup de jeunes de la banlieue de retrouver l'espoir. Laissés à eux-mêmes auparavant, ils sont devenus, grâce à la sagesse et à la mystique de cet homme, cet éducateur hors pair, des citoyens soucieux des recommandations de l'Islam et de la sunna mouhamédienne. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, ils le surnomment le précurseur de la civilisation salvatrice, mais aussi l'espoir des temps modernes.

Une solidarité agissante
Moment de recueillement, de solidarité, de grâce et de prière, le ramadan est vécu de manière différente par les croyants. En tout cas, dans les différents dahiras où nous avons été, les “ baye fall ” vivent ce mois béni dans la dévotion la plus absolue. A Touba Las Palmas par exemple, le porte parole, Djiby Niang, explique comment ils vivent ce mois. Selon lui, “ il consiste à donner à manger quotidiennement aux musulmans qui se retrouvent dans les mosquées que nous avons dans notre quartier ”.

Quant à Mouride Mbaye, il déclara que “ nous nous organisons pour venir en aide, tous les jours, aux populations démunies, ce qui est une forme d'adoration de Dieu ”. Par la même occasion, précise-t-il, nous préparons des “ ndogou ” spéciaux pour le marabout qui reçoit chaque jour un monde fou chez lui. Interrogé sur les sources de revenus, Baye Fall Niang fait remarquer que “ mis à part les cotisations, les baye fall font le madial à travers les rues de Dakar ”. Car, précise M. Niang, l'argent va servir à assurer la dépense quotidienne pour les “ ndogou ”.

La prière
Mais, quant le mot prière est prononcé, Cheikh Fall s'emporte et rétorque : “ vous pensez que le baye fall ne prie pas ; pourtant si. N'y a-t-il pas d'autres formes de prières ? ”, s'interroge-t-il. Et Cheikh d'invoquer l'histoire islamique et fait rappeler que “ les musulmans n'ont connu la prière qu'avec l'avènement de Seydina Mouhamed (Psl), l'un des derniers prophètes sur les 124.000 envoyés par Dieu.

Et personne d'entre eux ne priait, à part Mouhamed (Psl)”. Pour Amdy, la voie tracée par Cheikh Ibra a ses origines dans le Coran. Selon lui, elles sont à voir dans la Sourate 55-56 du nom de Safi.

Dans cette sourate, dit-il, Dieu parle du début jusqu'à la fin sans invoquer le mot prière, mais plutôt de ceux qui œuvrent pour ses créatures. À ses yeux, les baye fall ont choisi ce chemin. Sur les autres formes de prières, Baye Ndongo définit d'abord la prière comme un acte où l'être doit être en étroite relation avec son Seigneur. Alors que pour lui, “ prier, c'est travailler pour être en harmonie avec Dieu ”. N'est-ce pas Cheikhoul Khadim qui nous a demandé d'œuvrer pour Dieu à travers ses créatures. C'est la raison pour laquelle, souligne-t-il, nous préférons quitter nos maisons où il y a le confort et le bien-être pour aller vivre dans les Dahiras en mendiant, en invoquant les noms de Dieu, mais aussi en observant, dans un dévouement total, les recommandations divines.

L'aumône ou le “ madial ”
Si certains considèrent que le phénomène baye fall comme une pure forme de mendicité, d'autres, en revanche, croient dur comme fer que c'est de la facilité, du vagabondage, bref du laisser aller. C'est du moins l'avis de la dame Fatou Diop que nous avons interpellé sur la question. A ses yeux, “ les baye fall doivent aller chercher du boulot et gagner leur vie au lieu de verser dans la facilité ”. Car remarque-t-elle, ils ont les capacités requises. Un avis que ne partage pas le vieux Moussa Faye pour qui “ les baye fall ont fait un choix et le vivent en travaillant sous les ordres de leurs marabouts ”.

De l'avis du vieux Faye, il est interdit par les religions révélées de parler de choses qu'on ne maîtrise pas. C'est pourquoi, recommande-t-il aux autres de “ faire un effort de réflexion afin de mieux saisir ce mouvement ”.

Et le vieux de s'interroger : “ se sont-ils levés un bon jour et ont cessé de prier et de jeûner ?”. Interpellé, ce baye fall dont la voix rouée à force d'invoquer les noms d'Allah le Tout-Puissant répond de manière sèche : “ nous ne demandons pas l'aumône, nous ne mendions pas, au contraire, nous aidons les gens en demandant les adiya de Serigne Fallou ou de Mame Cheikh Ibrahima Fall ”. Quant à ce diewrigne de dahira, Babacar Niang, il rappelle à qui veut l'entendre que “ à travers le madial, Cheikh Ibra a voulu aider ses talibés qui étaient les rois du Cayor ou du Baol à se départir des pratiques anciennes.

C'est pourquoi il les envoyaient dans leurs royaumes respectifs faire le madial qui cultive chez l'individu deux valeurs intrinsèques, à savoir la soumission et le l'humilité. Vertus sans lesquelles aucun croyant, à son avis, ne peut accéder à la lumière divine. Dans la foulée, Cheikh “ café ” précise qu'“ il ne suffit pas de connaître les piliers de l'islam, mais, il faut s'y soumettre et ce dans le désintéressement total. Pour illustrer ses propos, Cheikh, les yeux éblouissants, me demanda si les baye fall ont préféré abandonner le confort de leur famille pour prendre le chemin de la déviance comme le pensent les individus ? Quelques moments de répit et il me répond : “ le madial est une forme d'adoration de son seigneur qui dépasse la raison ”.

La philosophie du "Makarimal Akhlaq “Nobles caractères avec amour réciproque sans dissension ” selon l'Islam et la Sounna
Cette mission consiste en une philosophie noble empruntée du Prophète Seydina Mouhamed (Psl). Il s'agit de la charte éthique ou du code de bonne conduite. Dès lors, le concept de Makarimal Akhlaq constitue une école moderne de sagesse et de solidarité agissante entre les croyants.

C'est pourquoi une importante partie de la jeunesse sénégalaise, en l'occurrence les Baye Fall, a cautionné ce concept entièrement repris par ce fils remarquable de Serigne Fallou Mbacké et de Soxna Mame Awa Faye.

Ainsi, c'est grâce à ses éminentes œuvres et sa noble philosophie qu'il est souvent assimilé à son grand père Khadimou Rassoul ou à son père Serigne Fallou. “ Nous ne sommes guère en contradiction avec ces gens, mais nous y ajoutons de grâce et à cœur ouvert que vous êtes Mame Cheikh Ibra Fall Lamp Baboul Mouridina ”, témoigne Mouride Mbaye, président de la fondation “ Dieuf Dieul ”, créée par le marabout. Dans la foulée, un autre Baye Fall du nom d'Abo Ridial lance “, “ il a développé en nous le culte du travail, la discipline, la tolérance, grosso modo le Makarimal Akhlaq ”. Auparavant, ils ont tenu à rendre grâce à Dieu “ de leur avoir donné comme guide spirituel Cheikh Abdou Karim Fallou. De leurs avis, il est le plus grand réparateur que l'humanité n'a jamais connu, car il répare ce qui est même l'essence de l'Homme, à savoir son âme et son cœur. Grâce à vous, la jeunesse sénégalaise est consciente de sa débauche ”.

Source: Le Soleil

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