La face cachée des Sénégalaises de Mauritanie: Prostitution ''Sexe sous le meulfeu'' (1ere partie)

Dans les maisons closes de Linksar, quartier populeux de Nouakchott, sous couvert des commerces de Teyrag Zeina ou sur le trottoir du Rond-Point de Madrid, de jeunes femmes offrent leurs charmes au client qui leur promettra d'ajouter quelques billets à leur trésor de guerre.

Chaque soir, elles mettent leur dignité au fond de leur placard pour aller "travailler". Des hommes les achéteront pour un instant furtif, avant de les remettre en vente sur le bitume.

Nécessité ou facilité, le plus vieux métier du monde est presque devenu l'activité favorite des Sénégalaises de la capitale mauritanienne, souvent répertoriées au pays comme de "simples commerçantes".

Mère de famille pour certaines d'entre elles, anciennes "ou toujours" commerçantes pour la plupart, ces marchandes de sexe prènnent comme prétexte la crise économique pour justifier ce métier hautement lucratif en terre mauritanienne. Agées de 15 à 50 ans, elles n'hésitent pas parfois à rester des années sans donner de nouvelles à leur famille restée au Sénégal. Ou à user de nom d'emprunt pour faire le "sale boulot". Parallèlement à la prostitution, les Sénégalaises de Mauritanie s'ouvrent parfois à la bigamie et à la polyandrie, histoire de gagner plus d'argent et de fructifier leur commerce. Weekend est allé jusque dans la capitale mauritanienne percer les inavouables secrets des "commerçantes" de la ligne " Dakar-Nouakchott". Enquète.

Sexe sous le meulfeu
No u a k c h o t t, photographie usée d'une cité désabusée, s'étend de son sable interminable. Les paysages d'une ampleur infinie sont fermés par des chaînes de dunes de sable. L'illusion d'une cité frétillante, traversée par un magnifique défilé de femmes en meulfeus bigarrés, est de courte durée. Ce désert miteux n'avait rien à offrir qu'un «centre» d'immeubles rustiques avec quelques édifices-miroir qui se renvoient les reflets de leur disgrâce. Au-delà des avenues désertes, on tombe sur des ceintures de garages tenus, pour l'essentiel, par des Sénégalais, soldant des centaines d'automobiles hérissées en chrome. Nouakchott, capitale de la Mauritanie, a les traits tirés et le flegme d'un chien errant qui regarde la vie passer.

A Teyrag Zeina, quartier résidentiel de la capitale, un océan de villas «grand standing» s'étend à l'infini entre des arbres d'ornement et leurs tuteurs. Devant ces litières encombrées de tondeuses à gazon, de vélos d'enfants, de sortes de «barbecues du pauvre», des femmes en meulfeu ratissent un univers sans relief. Au fur et à mesure que l'on s'éloigne du Centre-ville, la banlieue tapisse chaque centimètre carré de terre. Une cohue de maisonnettes lugubres exhibe sa touchante promiscuité aux yeux du passant. En contraste avec la laideur de la ville, les habitants sont chaleureux, conviviaux et toutes les occasions sont bonnes pour offrir le thé de bienvenue.

Dans la touffeur de ce samedi-nuit de septembre, le quartier populeux de Liksar, un des centres de pulsion du Nouakchott by night, arbore son éternelle tenue de soirée. Sa rue pentue est peuplée d'innombrables restaurants, de minuscules échoppes et d'une foule agitée.

Comme des ombres, des hommes, beydanes pour la plupart, s'échappent de quelques portes, avant de s'engouffrer dans des voitures chics. De jeunes mauresques, cheveux peroxydés et habillées de micro-jupes, s'empiffrent de hamburger en pouffant de rire, comme si elles se gaussaient de voir la sauce rouge couler sur leurs faux ongles, peints en rose.

Les chauffeurs de taxis enfile indienne hèlent les clients en partance de Teyrag Zeina pour terminer la soirée en beauté dans les boîtes de nuit. Au loin, on aperçoit des silhouettes sur les terrasses en train de prendre l'air en cette période de chaleur accablante. Des beydanes se vautrent sur des nattes à même le sol, le transistor collé à l'oreille. Les écrans plasma des quelques Grill-Room montrent du catch. Prostituées et homosexuels s'agglutinent souvent dans ces endroits atypiques où s'entrechoquent modernisme et traditionalisme. Comme pour témoigner de la «double face» de Nouakchott, capitale d'une République islamique, mais ouverte aux «bonnes choses» de la vie.

Au milieu des va-et-vient incessants, trois dames aimantent l'attention. Elles campent à la perfection la «caricature» des Driankés grandeur-nature : dépigmentées (Xessal) jusqu'à la moelle des os, nonchalantes, grandes et très belles. Le corps emmitouflé dans des meulfeus, leur wolof sans accent renseigne sur leur appartenance : elles font partie de l'armée de Sénégalaises qui règne dans le Nouakchott by night. Une charmante faune de Driankés qui s'érigent en plantureuses baronnes de la ville et vivent, pour certaines d'entre elles, dans un luxe insolent. Agées de 30 à 50 ans, elles viennent de Dakar, Thiès, Touba, Podor, Matam...

Devant l'étranger, elles font toutes bonne figure et se présentent, immuablement, comme des «commerçantes sénégalaise vivant à Nouakchott». Heureusement, un chauffeur de taxi sénégalais, ringard et gueulard, avait prévenu : «Ce quelles disent toutes ! Il faut user d'artifices pour percer leurs secrets.» Que font réellement ces Sénégalaises à Nouakchott ? II faut user de tact et de malice pour infiltrer ce «monde du silence» et pousser les portes de ces maisons closes. Le prétexte bluffant : «On est à la recherche d'une cousine perdue de vue depuis belle lurette et qui se trouverait à Nouakchott.»

Elles mordent à l'hameçon. Rendez-vous est pris le dimanche après-midi, quand elles auront fini de recouvrer une partie de leurs forces physiques éprouvées par une nuit de dur labeur. Comme pour convaincre de leur disponibilité à nous aider à retrouver la prétendue «cousine disparue», elles articulent, presque en choeur : «On habite la maison beige. C'est connu de tous dans le quartier.»

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Source: Weekend magazine

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