La face cachée des Sénégalaises de Mauritanie: Prostitution ''Sexe sous le meulfeu''(3eme partie)

Boutiques de passe : Fatou M. revendique des dehors plus «propres». Cette Podoroise, quadragénaire méfiante et cachottière, se présente comme la gérante officielle d'un commerce à Teyragh Zéina.

Un oeil sur la tonne de poussière qui recouvre les marchandises-produits cosmétiques et habits d'enfants- incite à la suspicion. Plutôt mal à l'aise, elle s'empresse de parfaire la «couverture»: «En association avec d'autres compatriotes, on a ouvert ce commerce depuis plus d'une dizaine d'années.

Il nous permet de prendre en charge nos enfants laissés au Sénégal. Vous avez dû remarquer qu'il n' y a pas beaucoup de clients. Si ce n'était pas mes amies, j'allais m'ennuyer à mourir.» Ok pour la vitrine. Quid de l'arrière boutique ? Les va-et-vient incessants de ses «amies» sénégalaises, accompagnées de maures, discréditent rapidement ses allégations. Mais Fatou M. se révèle dure à cuire : «Il n'est pas rare de voir, comme aujourd'hui, beaucoup de nos compatriotes qui viennent ici, accompagnées de leurs copains pour me tenir compagnie», essaie-t-elle de convaincre. Sans succès. En vérité, le commerce de Fatou M. n'est qu'une «couverture». Et ses «amies», toutes des prostituées, se révèlent les vraies marchandises de la boutique. Posé juste face à la route bitumée, le local est un «centre d'approvisionnement» pour clients véhiculés.

Les hommes viennent chercher les filles en voiture et les ramènent au bout d'un moment (une demi-heure, une heure). Les jours de grand rush, une femme peut effectuer trois ou quatre voyages de ce type dans la journée. Dans certains cas, un homme peut désirer voir la femme plus longuement. Cette dernière le reçoit autour d'un repas organisé dans un appartement loué à cette occasion ou chez une copine. Ce jour-là, après un bref entretien avec une fille qui vient d'entrer dans la boutique Fatou M. se retourne et Iance à ses pairs : «Demain, je vous invite toutes à venir manger du Mbaxaal chez moi à 18 heures.: Ses «amies», assises sur des coussins à même le sol, éclatent de rire et disent en choeur «Yaye bagne (avec granc plaisir).» Ici, tout est codé. Et le «travail» se veut «propre» Sans tache sur l'honorabilité des «commerçantes».

Rond point de Madrid
Ici, on boulotte à découvert. La nuit tombée, des Sénégalaises proposent leurs services en arpentant «très, très discrètement» des axes goudronnés. On les appelle les «marcheuses».

L'une d'entre elles, rencontrée aux alentours de poste de travail, raconte sa descente dans le «milieu» sous le couvert de l'anonymat : "Je viens de Ourossogui, dans la région de Matam. Je suis venue à Nouakchott il y a 3 ans de cela, pour chercher du travail comme «bonne». Par la suite, j'ai rencontré une certaine Ndèye Astou qui m'a proposé de m'héberger. Et c'est comme ça que tout a commencé.» Mâchouillant un chewing-gum, elle tape des mains et poursuit : «Je ne regrette rien, car l'argent que je gagnais comme «bonne» ne me permettait pas de prendre en charge ma famille restée au Sénégal. Ce nouveau job m'aide beaucoup dans mes dépenses et mes parents sont bien entretenus.» Une Mercedes s'arrête à ses pieds, le boulot reprend ses droits.

La pratique du trottoir aujourd'hui à Nouakchott, en dehors des lieux de loisirs nocturnes «modernes» (boîtes de nuit en particulier) est quasi exclusivement le fait de femmes haratines, issues des milieux socio-économiques les plus défavorisés, mais on y retrouve aussi une minorité de mauresques beydanes. Celles-ci sont pour la plupart issues de familles rapatriées du Sénégal, au moment des évènements de 1989 (Moussafra'te). Warkha, Mauresque, s'exprime dans un wolof limpide: " Je suis une femme haratine très wolofisée, au point qu'on a parfois du mal à me distinguer des jeunes femmes sénégalaises. Cela s'explique par le fait que j'ai vécu toute mon enfance au Sénégal, je suis rentrée au pays avec les évènements de 1989.» Sans boulot et sans issue, elle tapine chaque soir, histoire d'avoir de quoi ramener à la maison. Même si le tarif est ridicule: 1 500 UM (300 F Cfa).

Les «marcheuses» sont en général de jeunes filles, parfois de jeunes adolescentes. Agées de 17 ans à 25 ans, elles s'activent dans cette forme de prostitution, de moins en moins courante, parce que dangereuse et sévèrement réprimandée: «La recrudescence de la délinquance, en particulier dans des quartiers périphériques tels que Arafat, mais aussi les rafles et pressions répétées de la part de la police font que les filles évitent de plus en plus le trottoir», avise une des belles de nuit trouvée sur place. Alors, elles sont de plus en plus nombreuses à se réfugier dans les boîtes de nuit. Ou à squatter «Bureau église», où s'offre, en plein jour et en plein centre de Nouakchott, un étonnant spectacle.

Devant l'église de la capitale, une foule assise à même le sol s'agite frénétiquement. Sens en alerte, elles piaffent, prêtes à bondir. La soixantaine de Sénégalaises fait la course toutes les 30 secondes pour aller offrir leurs services aux automobilistes qui s'arrêtent devant elles pour soi-disant chercher une «bonne». II n'en est rien ! Toutes sont des prostituées qui utilisent la couverture de «bonne» pour tromper leur monde et particulièrement les autorités qui n'y voient que du feu. A moins qu'elles ne ferment simplement les yeux.

L'endroit se nomme «bureau église» et le commerce y est plus facile, car personne n'oserait croire qu'on s'y prostitue en pleine journée. De surcroît, devant une église. «Marcheuses; squatteuses de «bureau église» ou locataires de «maisons closes», tout le monde trouve son compte dans ce business très rentable, car la prostitution est très prospère ici, témoigne un Sénégalais établi à Nouakchott. Les autorités le savent, mais elles la tolèrent presque, même si elles ne manquent pas de faire parfois des coups d'éclat en arrêtant des prostituées. En fait, les maures «souffrent» souvent des interdits de la religion et du fort statut de la femme dans leur société. Alors pour s'épanouir sexuellement, ils se tournent souvent vers les prostituées sénégalaises, beaucoup plus «libérales». Ainsi, ces dernières brassent beaucoup d'argent.»

Au point de se permettre beaucoup de luxe.
A Nouakchott, les prostituées sénégalaises, qui vivent parfois dans un faste insolent, sont regroupées autour d'une tontine gérée par l'immanquable Mor. Qui permet, tous les cinq jours, à l'une d'entre elles de gagner 1 million de francs Cfa. Sans compter les sommes faramineuses distribuées pendant les «baptêmes sans bébé» qu'elles organisent à tour de rôle pour récupérer des ndawtal (cadeaux) royaux. «Dans ce milieu, il y a une incroyable solidarité. Et puis, la majeure partie de cet argent est souvent envoyée au Sénégal où il sert à entretenir sa famille ou ses enfants, témoigne une prostituée. Là-bas, on soutient avec fierté que l'expéditrice a réussi dans son commerce, sans rien savoir de sa véritable vie.»

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Source: Weekend magazine

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