Plus de trois mois après le décès de KONTE : Les héritiers d'Africa fête, face aux réalités du show biz

Le projet de l'Association Tringa musique développement s'articule autour de la promotion de la musique africaine dans le monde. Mais avec le décès de Mamadou Konté, la nouvelle équipe dirigeante, dont la volonté de faire aboutir les chantiers reste intacte, découvre les dures réalités de l'environnement professionnel.

Plus de trois mois après la disparition de son ex-patron, l'Association Tringa musique développement de feu Mamadou Konté continue sa marche. Mais avec une nouvelle touche : celle imprimée par la gent féminine, qui a pris les commandes de la structure, pour mener à bien les projets. La nouvelle équipe est dirigée par la présidente de Tringa musique développement, Rokhaya Sarr ‘Daba', et la responsable de la production, la Française Cécile Rata du bureau d'Africa fête de Marseille, qui a rejoint Dakar depuis 2006. En plus de ces deux femmes, deux autres hommes - Bouba Sow et Kéba Sadio - s'investissent dans l'association avec les rôles de responsable administratif et de coursier.

Pour ces acteurs, qui ont décidé aujourd'hui de continuer l'aventure d'Africa fête, une seule question taraudait les esprits au lendemain du décès de Mamadou Konté le 20 juin dernier : ‘comment continuer le projet avec la même intégrité, la même idéologie et le même respect des valeurs qu'avait Konté ?', rapportent-ils. Même si, reconnaît Cécile Rata, ‘personne ne peut remplacer Konté dans sa vision panafricaine de la musique', aujourd'hui, c'est la même philosophie qui guide les pas des héritiers. Le côté militant et maoïste du défunt patron est conservé précieusement, assure-t-elle. Aussi, ajoute notre interlocutrice, l'équipe travaille de manière participative. Avec un droit de regard des deux enfants de Konté, qui font confiance aux différents acteurs. ‘C'est un collectif de direction. Chacun propose des projets, fait passer ses idées et l'on en discute autour d'une table', explique Cécile Rata.

La marque Africa fête, représentée juridiquement par l'Association Tringa musique développement, continue de se frayer un chemin. Un passage jalonné d'embûches, de l'avis de la responsable de la production, qui confie que ‘la situation est compliquée'. Malgré la volonté affichée des partenaires de continuer à soutenir la structure Africa Fête de Konté, avoue Cécile Rata, ‘il nous faut tout faire pour attirer plus de sponsors'.

En plus de la recherche de partenaires pour mener à bien ses activités, l'équipe d'Africa fête fait face aux nombreuses difficultés qui entourent le paysage musical. Chaque année, reconnaissent nos interlocuteurs, il est de plus en plus difficile de faire circuler les artistes africains dans le monde. L'émigration clandestine impose, selon eux, un contrôle beaucoup plus strict. Et il y a un tas de dossiers à fournir pour pouvoir déplacer un artiste africain en Europe ou aux Usa. Pour une structure comme Africa fête, qui travaille pour que les artistes africains se produisent en Afrique et hors d'Afrique, la tache n'est pas facile. Mais, soutient Rata, ‘la notoriété de la marque Africa fête, la rigueur dans le travail, servent de garantie devant les consulats'. En retour, c'est une relation de confiance que l'équipe exige des artistes.

Au-delà de la circulation des artistes, la piraterie et les autres aspects liés à la mévente des productions ont fait fuir l'équipe du marché musical. La production scénique est ainsi privilégiée. Toutefois, aujourd'hui encore, beaucoup d'artistes circulent dans le monde grâce au label d'Africa fête, souligne-t-on. Entre autres exemples, le groupe Fogny de la Casamance revient d'une tournée française et allemande. Le groupe de rap Pee Froiss sera en déplacement français le 29 octobre prochain et le groupe Négrissisme l'a devancé en hexagone depuis jeudi dernier. L'artiste Alioune Mbaye Nder n'est pas en reste.

Et même si son dernier album Confiance (dont la sortie est prévue ce 10 octobre) n'a pas été produit par Africa Fête ‘du fait de l'expiration de leur contrat depuis janvier 2007', la structure continue de collaborer avec l'enfant de Tivaoune. Notamment pour ses tournées sur l'international.

La volonté de promouvoir la musique africaine affichée, l'ancien président de la Coalition interprofessionnelle des producteurs et éditeurs phonographiques du Sénégal n'avait que ses idées pour convaincre ses partenaires. Un peu plus de la moitié du budget d'Africa Fête, notamment 60 %, vient des finances publiques européennes. Le reste est comblé par les retombées des concerts et de la distribution d'albums.

Source: Walf Fadjri

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