Youssou Ndour à paris: ''Nous sommes le premier groupe de presse du Sénégal''

Entre deux allers-retours à Dakar - où il « habite et retourne même pour 24 heures », il tient à le souligner, Youssou N'dour est à Paris pour quelques jours. Rencontre avec un chanteur qui se veut « trait d'union » entre l'Afrique et le reste du monde.

Vous apparaissez dans une campagne vidéo conçue par le gouvernement espagnol pour dissuader les candidats africains d'émigrer vers l'Europe. Pourquoi cette intervention ?
Ces jeunes qui prennent des bateaux en pensant qu'ils vont trouver l'eldorado en Espagne ou en Italie ont tort. Dans le débat de l'immigration, on peut s'interroger sur qui porte la responsabilité de ce qui se passe. Le gouvernement local ? Le pays qui accueille ? Toutes ces questions sont discutables mais moi, je ne suis pas d'accord avec ces migrants. Il n'y a aucune raison de risquer sa vie comme ça.

Au Sénégal, vous êtes le propriétaire d'un groupe de médias, qui comprend un journal et une radio (Radio Futurs Médias émet sur la bande FM émissions et journaux en français, woloff et pulaar). Pourquoi ?
J'ai créé ce journal et cette radio il y a quatre ans. Au départ, c'était un petit projet, très modeste, et au final, le succès est là : aujourd'hui, nous sommes le premier groupe de presse au Sénégal et le groupe emploie 120 personnes. Pourquoi j'ai fait ça ? D'une part parce que c'est une manière de participer à la lutte contre le chômage, de créer des emplois. Je suis quand même quelqu'un qui travaille partout et qui gagne un peu d'argent alors, pour moi, c'est une manière d'investir et de participer. D'autre part, les médias doivent être en première ligne pour parler des conflits et des problèmes : ils permettent aux populations de s'informer, et donc, de mieux se faire une opinion.

Sur votre radio, n'êtes-vous pas tenté de favoriser la diffusion de votre musique plutôt que celle d'un autre artiste ?
Tout sauf ça ! Je n'ai rien à voir avec la programmation de la radio ni le contenu du journal. Je l'écoute et le lis comme tout le monde, de loin. Je peux rester six mois sans mettre les pieds dans les locaux. Je laisse des professionnels s'en occuper. Et quand Radio Futurs Médias a besoin de m'interviewer, pour moi, c'est beaucoup plus difficile d'y aller que sur les autres radios.

La comédie musicale « Kirikou » se joue en ce moment à Paris. Comment vous êtes-vous retrouvé à en composer la musique ?
« Kirikou » provient d'un conte guinéen et a passionné le monde entier. Je considère cette œuvre comme mon bébé parce que j'ai été à l'origine du projet avec Michel Ocelot (le réalisateur du film). Il m'a envoyé le script, puis est venu à Dakar. On est resté longtemps ensemble, j'ai écrit la musique et ai aidé à trouver les acteurs. Aujourd'hui, je suis très fier du succès de « Kirikou » et de tout ce que « Kirikou » a apporté au dessin animé.

Vous jouez un rôle dans « Amazing Grace », un film de Michael Apted, sorti aux Etats-Unis en février 2007. C'était votre première expérience cinéma ?
Oui, et c'était une très belle expérience. Le réalisateur voyait dans ce rôle de Oloudaqh Equiano quelque chose de symbolique. Car le personnage et moi-même avons des ressemblances. Physiquement d'abord mais également dans les combats. Lui dénonce l'esclavage dans le film et moi, d'une certaine manière, c'est ce que j'essaie aussi de faire avec ma musique et mes engagements.

Source: Infosen

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