Dieynaba Laye, est une non-voyante orthopédiste à l’hôpital régional Amadou Sakhir Ndièguène de Thiès. Pour cette handicapée, la fatalité et la résignation sont de vains mots. Seuls le travail et l’abnégation paient. Son souhait le plus ardent, rencontrer le président Abdoulaye Wade qui lui en avait fait la promesse à Tunis lorsqu’elle était étudiante en orthopédie.
Née en 1974 à Thiès où elle a grandi et fait ses études jusqu’à l’obtention de son Bac en 1997, Dieynaba Laye est l’une des rares femmes non voyantes, sinon la seule, à exercer au Sénégal le métier d’orthopédiste. Tout n’a cependant pas été rose pour cette femme du quartier Nguinth de Thiès qui, après avoir perdu la vue, s’est battue pour poursuivre ses études. Parce que, ‘tout n’est pas perdu quand on perd la lumière’, avait dit un penseur, observant les six points inventés par Louis Braille et qui ont généré l’alphabet dont il sera le père. Cette pensée, ‘Dièk’, surnom donné à Dieynaba, en référence à son port altier et à son raffinement, en a fait sienne.
La lumière a, certes, définitivement quitté ses yeux, mais sa ténacité, son refus de la fatalité et de la dépendance ont fini par avoir le dessus sur le mal qui l’accablait. ‘J’avais six ans et demi quand j’ai perdu la vue. Je n’étais pas malade et je ne sentais rien. Tous les remèdes sont demeurés vains et aucun diagnostic n’a pu, à ce jour, déterminer la cause de ma cécité’, se rappelle Dieynaba, affichant un large sourire éclairé par la blancheur de sa dentition contrastée par sa peau noire d’ébène. Elle précise que c’était difficile, mais que l’insouciance à cet âge avait rendu son mal supportable.
C’est à l’âge de 7 ans que l’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles de Thiès (Inefja) lui ouvre ses portes. Elle y restera jusqu’à sa réussite à l’examen d’entrée en sixième. Cette réussite la conduira au Collège Mamadou Diaw, puis au Lycée Malick Sy de Thiès où elle décrochera son baccalauréat en 1997. Ce sésame lui ouvrira les portes de l’université de Dakar où elle vivra deux ans dans des conditions assez difficiles. ‘Je m’étais inscrite à l’université, dit-elle, parce que je n’avais pas de bourse, alors que je voulais coûte que coûte poursuivre mes études’. ‘Malheureusement, poursuit Dieynaba, l’université n’était pas prête pour accueillir des étudiants handicapés visuels : les moyens pédagogiques, les œuvres en braille et l’encadrement faisaient défaut’. Qu’importe ! L’étudiante en sociologie y restera deux années durant (1997-1999). Deux années durant lesquelles elle cherchera vainement une bourse étrangère.
Ce n’est qu’à la fin de l’année 1999 que ‘Dièk’ décroche enfin une pré-inscription en Tunisie devant lui permettre de poursuivre ses études de kinésithérapie à Tunis. ‘Je voulais continuer la socio, mais le destin fut autre. J’avais choisi d’être kiné… pour d’alléger la souffrance de mes semblables’, lance-t-elle. A Tunis, elle passera trois années de vie estudiantine avec un encadrement adéquat en plus de l’estime et du soutien de tout le personnel enseignant. Diplôme en poche, Dieynaba rentre au Sénégal pour affronter le dur marché du travail. C’était en 2003. Un an après, elle est recrutée dans la fonction publique où l’Etat avait décidé de réserver un quota de 15 % aux handicapés.
Après un stage de six mois à l’hôpital général de Grand Yoff de Dakar, Dieynaba, qui vit à présent avec sa grand-mère, entame sa carrière à l’hôpital Amadou Sakhir Ndièguène de Thiès. ‘Comme je suis handicapée, j’avais le trac au début. Je faisais beaucoup attention et je donnais le mieux de moi-même. J’avais à cœur de prouver mon savoir-faire. Mais, tout le monde était gentil à mon égard, aussi bien mes collègues que les malades’, raconte longuement Dieynaba bien rassurée aujourd’hui dans son travail. Ce sentiment de stigmatisation s’est vite estompé grâce à la confiance que n’ont cessé de lui témoigner ses supérieurs. Elle put trouver ses repères et s’adapter à son milieu professionnel.
Mais Dieynaba connaîtra une aventure amoureuse avec la rencontre d’un homme qu’elle croyait être celui de sa vie. Une idylle qui ne dura que le temps d’une rose, au cours de laquelle l’orthopédiste aura une charmante fille qui vient juste de souffler ses deux bougies. Une charmante petite fille qui fait son bonheur de vivre. ‘En attendant de découvrir une autre âme sœur’, dit-elle. Mais cette attente, Dieynaba ne la sent pas comme un fardeau sur ses frêles épaules. En effet, il n’est pas rare de la retrouver, en dehors de ses heures de travail, s’adonner à des activités ménagères. ‘J’aime faire la cuisine. Mes plats, je les concocte moi-même, surtout quand il s’agit du mafé (riz à la sauce d’arachide : Ndlr) que j’affectionne beaucoup, confie-t-elle. A côté d’une musique de Youssou Ndour, cela devient super’, commente l’orthopédiste qui respire la vie.
A Thiès, Dieynaba garde les contacts avec ses camarades de l’Inefj. ‘J’y vais souvent et je les encourage, surtout les filles, car il faut qu’elles apprennent dès maintenant à se départir de la dépendance en refusant la fatalité. Il faut qu’elles apprennent à vivre d’elles-mêmes’, souligne-t-elle. ‘Car le soleil brille pour tout le monde, pourvu que l’on sache profiter de sa lumière’, dit sagement Dieynaba Laye.
A présent, son souhait le plus ardent, rencontrer le président Abdoulaye Wade. Un souhait qu’elle nourrit depuis 2001, date à laquelle elle l’avait rencontré à Tunis, alors qu’elle était encore étudiante. Me Abdoulaye Wade lui avait promis une audience dès son retour au Sénégal. Une promesse derrière laquelle Dieynaba court toujours.
Source: Walf fadjri
La lumière a, certes, définitivement quitté ses yeux, mais sa ténacité, son refus de la fatalité et de la dépendance ont fini par avoir le dessus sur le mal qui l’accablait. ‘J’avais six ans et demi quand j’ai perdu la vue. Je n’étais pas malade et je ne sentais rien. Tous les remèdes sont demeurés vains et aucun diagnostic n’a pu, à ce jour, déterminer la cause de ma cécité’, se rappelle Dieynaba, affichant un large sourire éclairé par la blancheur de sa dentition contrastée par sa peau noire d’ébène. Elle précise que c’était difficile, mais que l’insouciance à cet âge avait rendu son mal supportable.
C’est à l’âge de 7 ans que l’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles de Thiès (Inefja) lui ouvre ses portes. Elle y restera jusqu’à sa réussite à l’examen d’entrée en sixième. Cette réussite la conduira au Collège Mamadou Diaw, puis au Lycée Malick Sy de Thiès où elle décrochera son baccalauréat en 1997. Ce sésame lui ouvrira les portes de l’université de Dakar où elle vivra deux ans dans des conditions assez difficiles. ‘Je m’étais inscrite à l’université, dit-elle, parce que je n’avais pas de bourse, alors que je voulais coûte que coûte poursuivre mes études’. ‘Malheureusement, poursuit Dieynaba, l’université n’était pas prête pour accueillir des étudiants handicapés visuels : les moyens pédagogiques, les œuvres en braille et l’encadrement faisaient défaut’. Qu’importe ! L’étudiante en sociologie y restera deux années durant (1997-1999). Deux années durant lesquelles elle cherchera vainement une bourse étrangère.
Ce n’est qu’à la fin de l’année 1999 que ‘Dièk’ décroche enfin une pré-inscription en Tunisie devant lui permettre de poursuivre ses études de kinésithérapie à Tunis. ‘Je voulais continuer la socio, mais le destin fut autre. J’avais choisi d’être kiné… pour d’alléger la souffrance de mes semblables’, lance-t-elle. A Tunis, elle passera trois années de vie estudiantine avec un encadrement adéquat en plus de l’estime et du soutien de tout le personnel enseignant. Diplôme en poche, Dieynaba rentre au Sénégal pour affronter le dur marché du travail. C’était en 2003. Un an après, elle est recrutée dans la fonction publique où l’Etat avait décidé de réserver un quota de 15 % aux handicapés.
Après un stage de six mois à l’hôpital général de Grand Yoff de Dakar, Dieynaba, qui vit à présent avec sa grand-mère, entame sa carrière à l’hôpital Amadou Sakhir Ndièguène de Thiès. ‘Comme je suis handicapée, j’avais le trac au début. Je faisais beaucoup attention et je donnais le mieux de moi-même. J’avais à cœur de prouver mon savoir-faire. Mais, tout le monde était gentil à mon égard, aussi bien mes collègues que les malades’, raconte longuement Dieynaba bien rassurée aujourd’hui dans son travail. Ce sentiment de stigmatisation s’est vite estompé grâce à la confiance que n’ont cessé de lui témoigner ses supérieurs. Elle put trouver ses repères et s’adapter à son milieu professionnel.
Mais Dieynaba connaîtra une aventure amoureuse avec la rencontre d’un homme qu’elle croyait être celui de sa vie. Une idylle qui ne dura que le temps d’une rose, au cours de laquelle l’orthopédiste aura une charmante fille qui vient juste de souffler ses deux bougies. Une charmante petite fille qui fait son bonheur de vivre. ‘En attendant de découvrir une autre âme sœur’, dit-elle. Mais cette attente, Dieynaba ne la sent pas comme un fardeau sur ses frêles épaules. En effet, il n’est pas rare de la retrouver, en dehors de ses heures de travail, s’adonner à des activités ménagères. ‘J’aime faire la cuisine. Mes plats, je les concocte moi-même, surtout quand il s’agit du mafé (riz à la sauce d’arachide : Ndlr) que j’affectionne beaucoup, confie-t-elle. A côté d’une musique de Youssou Ndour, cela devient super’, commente l’orthopédiste qui respire la vie.
A Thiès, Dieynaba garde les contacts avec ses camarades de l’Inefj. ‘J’y vais souvent et je les encourage, surtout les filles, car il faut qu’elles apprennent dès maintenant à se départir de la dépendance en refusant la fatalité. Il faut qu’elles apprennent à vivre d’elles-mêmes’, souligne-t-elle. ‘Car le soleil brille pour tout le monde, pourvu que l’on sache profiter de sa lumière’, dit sagement Dieynaba Laye.
A présent, son souhait le plus ardent, rencontrer le président Abdoulaye Wade. Un souhait qu’elle nourrit depuis 2001, date à laquelle elle l’avait rencontré à Tunis, alors qu’elle était encore étudiante. Me Abdoulaye Wade lui avait promis une audience dès son retour au Sénégal. Une promesse derrière laquelle Dieynaba court toujours.
Source: Walf fadjri
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