France: Vifs échanges à l'Assemblée sur le projet de loi immigration

La poursuite du débat, mercredi à l'Assemblée, sur le projet de loi controversé sur l'immigration a donné lieu à de vifs échanges entre des députés de gauche très offensifs et le ministre de l'Immigration Brice Hortefeux.

"Quand on voit certains de vos propos, on imagine ce qui se serait passé si certains d'entre vous avaient été députés en 1940", a lancé le député PCF Jean-Pierre Brard lors de l'examen du premier article du texte, déclench"Peut-être peut-on éviter certaines références historiques, certains peuvent être gênés plus que d'autres, je vous suggère de ne pas évoquer au nom de votre famille politique certaines périodes de notre histoire", a rétorqué le ministre.

Un peu plus tôt le député PS, Bernard Lesterlin, accusait le ministre d'"être chargé de nettoyer de notre paysage des éléments qui font tâche" à savoir "ces femmes en boubous, ces gamins mal élevés qui traînent dans nos quartiers" pour "rassurer un électorat populaire à six mois des élections municipales".

"Vous avez raison, nous nous préoccupons des catégories populaires. Peut-être ont-elles été abandonnées et peut-être cela explique-t-il le résultat présidentiel", a répondu le ministre. Le député Vert, Noël Mamère a également provoqué la colère de la majorité en déclarant qu'il "n'ose pas dire l'intitulé" du ministère de M. Hortefeux "tellement (il a) honte", évoquant des "relents plutôt nauséabonds". Le ministre de l'Intégration, de l'Identité nationale et du codéveloppement a refusé d'alimenter la polémique assénant: "les Français ont tranché, il faut l'accepter".

L'article premier du texte prévoit que les candidats au regroupement familial seront soumis dans le pays d'origine du candidat au regroupement familial à une "évaluation de connaissance de la langue et des valeurs de la République".

Si le "test" est négatif, une formation sera organisée et l'admission sera accordée sous réserve d'une "attestation de suivi de cette formation dans des conditions qui seront fixées par décret". Un amendement de Nicolas Perruchot (NC) fixant un délai d'un mois pour la délivrance de l'attestation de suivi a été adopté.

Les députés ont par ailleurs abrogé une mesure adoptée en 2006 par le Sénat, autorisant les conjoints étrangers entrés régulièrement et vivant sur le territoire depuis plus de six mois à obtenir leur visa long séjour en France.

Brice Hortefeux a jugé cette mesure "inapplicable". Les conjoints étrangers seront désormais contraints de retourner dans leur pays d'origine pour obtenir ce visa sauf s'ils sont déjà admis au séjour comme les étudiants.Arnaud Montebourg (PS) a qualifié ces articles "d'humiliants", Jean-Pierre Brard de "liberticides".

"Vous voulez comprimer l'immigration familiale, environ 20 à 25.000 personnes par an. Or ce qui a été multiplié par deux, ce sont les conjoints étrangers de Français, au nombre de 50.000. Votre texte vise à limiter cette immigration-là", s'est indigné Christophe Caresche (PS).Voix discordante au sein de l'UMP, Etienne Pinte, a jugé que l'évaluation du français "pose problème". "Au nom de quoi voudriez-vous priver les conjoints de Français de débuter leur parcours d'intégration dans leur pays d'origine ? Seraient-ils des citoyens de seconde zone ?", s'est défendu Brice Hortefeux.

Source: AFP

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