Dakar banlieue croule sous les ordures

L’hivernage arrive tardivement et irrégulièrement à Dakar avec son lot de désagréments : inondations, perturbations dans les transports, problèmes d’évacuation des eaux pluviales, mais aussi et surtout, l’évacuation des ordures. La capitale sénégalaise change carrément de physionomie avec des amoncellements d’ordures à travers les rues et avenues donnant l’image d’une décharge publique à ciel ouvert. Reportage.

"C’est dur et c’est invivable !". Ce cri du cœur d’une habitante des Parcelles Assainies démontre le ras le bol des populations de la banlieue face à l’amoncellement des ordures qui fait désormais (ou depuis toujours) partie du décor de plusieurs quartiers de la capitale. A Ouakam, c’est le terrain vague jouxtant la case des Tout-petits qui sert de dépotoir d’ordures aux quartiers environnants. Sur une dizaine de mètres, les ordures s’amoncellent, transformant l’endroit en un véritable laboratoire de bouillon de culture de maladies.

Ici et là, les détritus ont colonisé les lieux, les mouches par essaims s’adonnent à un véritable festin voltigeant au gré de leurs humeurs et appétits. Les populations indifférentes à ce spectacle, vaquent tranquillement à leurs occupations. Même une "dibiterie" siége à coté, l’air de rien. Un passant rencontré sur les lieux confie : "qu’est ce que vous voulez qu’on y fasse ? On ne peut pas empêcher les populations de venir déverser leurs ordures sur le terrain, car les camions ne viennent pas aussi souvent pour ramasser les ordures."

Certes, le spectre des inondations hante le sommeil des populations depuis que le ciel a commencé à ouvrir ses vannes. En effet, les inondations de 2005 sont encore fraîches dans la consciences des Sénégalais, de même que leurs conséquences qui sont encore visibles, malgré le déclenchement de la farce pécuniaire pour reloger les sinistrés dans le cadre du plan "Jaxay".

Cohabiter avec les ordures
Mais à coté de cela, les Sénégalais sont encore confrontés à l’épineux problème de l’insalubrité, surtout en cette période d’hivernage. L’avènement de ce dernier est un véritable casse-tête pour les ménages sénégalais quant à l’évacuation des ordures. Les rues, avenues et autres terrains vagues, sont souvent transformés en dépotoirs d’ordures à ciel ouvert, dès que les camions chargés de la collecte viennent à manquer un jour ou deux. Au grand dam des populations attenantes à ces lieux.

Au terrain situé près de l’école de la gendarmerie où se jouent les "navétanes" (championnat populaire de football pendant la saison des pluies), les passants semblent faire fi de cet état. Même les abords du CICES (prés de la station d’essence) ne sont pas épargnés avec un monticule d’ordures sur une de ses voies. Même décor aux Parcelles Assainies, Unité 22, où, depuis une semaine, un grand tas d’ordures infeste l’environnement des riverains, les privant ainsi de respirer un air pur.

"Ça sent mauvais et on est fatigué de cette situation. Toute personne ayant son trop plein d’ordures vient nous le déposer devant l’entrée de nos maisons, et, nos enfants, en période de vacances où ils jouent beaucoup, ne sont pas à l’abri des maladies, surtout durant l’hivernage", dénonce Bintou, une habitante du quartier.

Les populations sont unanimes à dénoncer cette situation. "Ce sont les autorités, en l’occurrence la municipalité, qui est interpellée, parce qu’elle a la prérogative de ramasser les ordures de manière régulière et, dès fois, on comprend les populations qui ne peuvent plus cohabiter avec ces ordures dans leurs maisons".

Est ce seulement dans la banlieue?
A y voir de plus près, on dirait que seule la banlieue est dans cette situation. Car, comment comprendre que le centre ville et ses quartiers périphériques soient tous les jours nettoyées par la société Veolia alors que cette société avait décidé d’en faire une zone test pour une durée de trois mois, avant d’étendre son programme sur l’ensemble de la capitale sénégalaise. Plus de trois mois se sont écoulés et toujours rien.

Certes, ces temps-ci, l’on a remarqué dans les différentes artères de la capitale une chose pour le moins inhabituelle. De jeunes gens en uniformes, armés de pots signalétiques qui arpentent les rues et avenues de Dakar, soit pour désensabler celles-ci, soit pour curer les canaux. Le hic dans cette opération salutaire, est que sitôt désensablées, les rues reprennent, au bout de quelques jours, leur aspect premier. Par ce qu’on a laissé le sable en place.

Mais surtout par ce que nos trottoirs ne sont pas (plus) bitumés. Ceci du fait que ces jeunes, en accomplissant leur travail, ne prennent pas la peine de déverser le sable ou les détritus sortis des canaux au loin ou être acheminés par des camions vers d’autres destinations. Au contraire, ils les laissent à quelques mètres, donnant à certaines rues le visage d’un jardin infestés de taupes avec des monticules de terre qui sentent mauvais et indisposent les habitués de la route, tout comme les riverains qui ne savent plus où se donner de la tête. Youssoufa Sabari, employé dans une des boites spécialisées dans le ramassage des ordures est l’un d’entre. Selon lui, "on nous a juste demandé d’enlever le sable des rues mais les populations ne nous aident pas vraiment. Car, poursuit-il, les populations, au lieu de mettre leurs ordures dans les poubelles réglementaires, préfèrent déverser celles-ci dans des seaux qu’ils laissent à l’air libre".

Les inondations et les routes coupées, par endroits, ont rendu difficile, pour les éboueurs, l’évacuation des ordures vers la décharge de Mbeubeuss, située dans la banlieue dakaroise. Mais aussi, l’absence de centres de transit pour accélérer le ramassage des ordures dans les quartiers de Dakar et sa banlieue. Depuis le début des inondations, le ramassage des ordures n’est plus régulier, les dysfonctionnements liés aux difficultés d’accès à la décharge de Mbeubeuss font que, les ordures s’entassent partout à travers la banlieue.

Source: Le Matin

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