Souleymane Jules Diop « Après le tramway entre Dakar et sa banlieue, le 1er mai 2005, Wade revient avec de nouvelles promesses »

Décidément, l'ancien conseiller en Communication du Premier ministre Idrissa Seck n'a pas mis son drapeau dans sa poche comme le faisaient croire certains quand il a marqué son indignation face à la volonté de son ancien patron, de négocier son retour au Pds. Très collé à l'actualité politique sénégalaise, Souleymane Jules Diop ne rate aucune bribe d'information sur les faits et actes du président de la République, par ailleurs secrétaire général national du Pds.

Dans cet article, il ne finit pas de s'étonner des 7 Tgv que Wade a promis au Sénégal, dans 4 ans, alors que des urgences beaucoup plus importantes foisonnent chez nous : inflation des prix des denrées de premières nécessités, crise énergétique, menace de famine...

« Il faudra s'y faire. Nous avons élu un homme qui ne s'appartient plus. Le grand-père sympa que les Sénégalais accueillaient tous les soirs dans leurs foyers est devenu son propre fantôme. Très amoureux de lui-même, il ne peut plus s'entendre parler, il ne peut plus se regarder agir. C'est toute sa souffrance. Comprenez-le donc, quand Abdoulaye Wade se prive de parole, c'est contre lui-même ».

C'est là un constat fait par Souleymane Jules Diop dans sa chronique intitulée « lignes ennemies » dans Seneweb. Et de poursuivre : « Une seule fois dans sa vie, il s'était soumis à cette règle douloureuse. C'est quand, suivant les interprétations d'un rêve, un marabout l'a réduit au silence pendant deux mois, pour lui sauver la vie, avait-il dit. Le président de la République a, au retour de chaque voyage, orienté la presse vers son ministre des Affaires étrangères, et le supplice a duré deux longs mois au bout desquels il a repris en main son ministère de la « parole »... Ouvrir la bouche ne lui réussit pas depuis quelques temps.

Il s'ajoute à cela, évidemment, une réalité cruelle qu'il vaut mieux ne pas évoquer. Le Sénégal est comme il est. Le président s'envole, les prix s'envolent. On a beau être poseur de compresses, la blessure est là, visible. Ceux qui espéraient un mot de lui attendaient de ces vacances de plus d'un mois des débuts de solution à la flambée des prix et à la famine qui guette. Mais il n'y en a pas, de remède miracle ». Revenant à l'actualité brûlante, Jules Diop déclare : « Il s'est, donc, rattrapé à Touba. Il y a la solennité des lieux, et il sait qu'il peut en tirer sans pudeur, le crédit qui lui manque, pour dire ce qu'il veut.

Il y a un an, le vendredi 11 août 2006 précisément, c'est Touba qu'il avait choisi, pour annoncer une usine de production d'éthanol, qui doit « remplacer le gasoil », après avoir promis de faire du Sénégal « le plus grand exportateur de pétrole ». Ça ne le dérange jamais de dire de telles énormités, et de prendre tout de suite après la direction de la mosquée. Faire une telle annonce, dans une ville qui n'a pas la moindre infrastructure sanitaire pour faire face au choléra, dans le département le plus pauvre du Sénégal, est en soi une insulte... Il sait comment venir à bout des promesses : en faisant de nouvelles promesses.

Le 1er mai 2005, il avait promis aux syndicalistes un tramway entre Dakar et sa banlieue avant la fin de l'année... 2005. Un an après, sans la moindre gêne, il promet, depuis le lac Leman où il était en croisière, deux bateaux solaires pour désengorger la capitale. Les promesses presque irrationnelles dans le domaine du transport sont un moyen de régler, chez lui, un problème de conscience qui le hante depuis le naufrage du Joola, et un autre qui le guette, sa commande d'un nouvel avion à plusieurs dizaines de milliards qui doit lui être livré dans le premier trimestre de l'année 2008 ». Et le journaliste en exil de s'interroger : « Comment expliquer une promesse aussi farfelue, alors que le sud du pays reste isolé, parce que nous sommes incapables d'acheter un bateau dont le coût ne peut pas dépasser 2 milliards ? » « C'est le paradoxe de cet homme, répond-t-il à sa propre question, avant d'ajouter que : « Wade a toujours des solutions, sauf quand il y a un problème.

Après les 7 Tgv dans quatre ans, il ira tranquillement faire son Oumra à la Mecque, en y invitant, comme c'est à son habitude, sa bande de fils et dignitaires religieux... » Selon Jules Diop : « Les promesses douteuses préparent toujours à des cures de « désintoxication ». Voilà un chef qui avait tout pour réussir sa mission. Un contexte économique des plus favorables, un pays prêt à tous les sacrifices. Finalement, aucune réussite à son actif. De sa ville nouvelle, son autoroute à péage, son port minéralier du futur, ses 14000 bassins de rétention, on n'aura rien vu après 7 ans. Même le sommet de l'Oci auquel il tenait tant, est en train de lui échapper, par son entêtement à faire la promotion de son fils.

La croissance a baissé de moitié, l'inflation monte, la dette intérieure s'accumule, la famine menace le monde rural, grâce au génie étincelant de cet homme. Le monde entier s'inspire de lui et de ses réalisations, et il le doit, de ses propres aveux, au culte du travail trouvé dans le mouridisme. Aller faire une telle déclaration à Touba, après un mois de vacances prolongées en Suisse n'est rien d'autre que de la provocation. Mais il pense qu'il lui suffit de se proclamer travailleur, pour en donner l'impression. Il a toujours pensé que la parole vaut l'acte, que le croire, c'est le voir. C'est la doctrine machiavélique -et non mouride- avec laquelle il a gouverné jusqu'ici : « faire croire », « faire semblant ».

Il n'a jamais soumis ses propres actions à la morale qui fonde le mouridisme. On ne peut pas s'inscrire dans un ordre moral aussi rigoureux, et se sentir à l'aise dans le m..., ne jamais se soucier de ses moindres engagements.

Abdoulaye Wade ne mesure peut-être pas la gravité de sa déclaration, quand il promet 7 Tgv dans 4 ans, et assure que parce que Dieu exauce les vœux de Serigne Saliou, il aura ses rails et ses trains « par miracle ». Une telle propension à passer à côté de la réalité est maladive, mais il aurait pu s'éviter de tels raccourcis, en convoquant une figure religieuse pour fuir honteusement les vrais problèmes des Sénégalais... »

Source: L'actuel

Aucun commentaire:

 
{http://www.leboytown.blogspot.com/}.