Le phare des Mamelles ne « brille » plus

Assis sur le sommet du volcan le plus célèbre d’Afrique de l’Ouest, le Phare des Mamelles n’illumine plus Dakar comme il le fait depuis quelques années.


Aujourd’hui si les délestages sont pris par les techniciens comme une vraie raison à ce problème, il reste que certains problèmes liés au non-renouvellement du matériel depuis plusieurs années, n’est pas étranger à la difficulté que vit cet instrument stratégique pour la navigation maritime et aérienne qui n’en reste pas moins, un haut lieu du tourisme.

Le phare des Mamelles n’est pas en panne, il est toujours aussi performant qu’on ne puisse le croire. C’est en quelques lignes, ce qu’on peut retenir de la déclaration faite par Mamadou Sy, un des gardiens intérimaires trouvés hier mardi sur place. Cette affirmation ne peut pas résister cependant, à l’urgence de procéder à une urgente rénovation d’un site devenu vétuste établi sur un volcan était, mais qui souffre beaucoup du défaut de renouvellement de son matériel électronique et mécanique.

Le Phare des Mamelles perçu en hauteur dans toute la ville, ne semble plus briller comme avant. Pourtant, la vérité est qu’il continue à illuminer le ciel dakarois. Même si c’est plus une lumière plutôt teintée à en croire certains regards qu’autre chose. À Ngor, après le village de Ouakam, tout à l’ouest de la presqu’île du Cap-Vert, se trouve une colline sur laquelle un bâtiment blanc ; c’est là où se trouve le phare des Mamelles.

Depuis la corniche qui mène en direction du quartier résidentiel des « Almadies », non loin du croisement de la route venant du village de Ouakam, se trouve une petite piste bitumée qui remonte la pente de la colline en circulaire jusqu’au sommet. Le chemin du phare est ainsi tracé sur le versant sinueux de ce qui reste encore l’un des plus vieux volcans ouest-africains éteint, d’après les scientifiques, depuis la fin du tertiaire et le début du quaternaire. En franchissant le grand portail menant à l’intérieur de la cour du service du phare, de petits-enfants jouent au ballon rond, insouciants de l’altitude des lieux par où souffle un vent frais et régulier.

Mamadou Sy, un des trois gardiens remplaçants au service du phare des Mamelles est aujourd’hui de service. L’homme y travaille depuis sept ans. Devant nos inquiétudes sur la situation actuelle du phare qui réverbère moins qu’il y a quelques années, il nous signale que l’outil n’est pas en panne.

A l’en croire, « Il est toujours fonctionnel et allumé tous les jours. C’est une fausse information. « Parce que nous procédons à son allumage et à son extinction tous les jours. Selon lui, « L’allumage dépend toutefois du temps qu’il fait et de la visibilité, s’il est sombre ou obscur. Nous l’allumons un peu plus tôt.

Mais d’habitude, nous le faisons après 19 heures à la fin des visites guidées que nous faisons pour les visiteurs à partir de 10 heures tous les jours. Mamadou Sy d’ajouter, Nous sommes trois gardiens de phare, le conservateur et son adjoint », a souligné M. Sy.

Sur ce point spécifique relatif à la panne du phare, M. Mbodj rencontré sur le chemin du retour et qui est l’un des adjoints du conservateur absent durant cette période de la journée à 13h50 a fait le même démenti. Selon lui, « S’il y a un délestage, ce sont les générateurs qui doivent assurer le relais de l’allumage du phare. Or, les deux générateurs semblent avoir quelques difficultés de performance ; ce qui fait que l’allumage est assuré par des batteries de 24 volts qui diminuent par la même occasion, la portée du reflet du phare. »

Un outil de contrôle en danger
Ce phare a été construit, il y a 143 ans par les Français. C’était en 1864. Il sert de signal pour les bateaux en ce qui concerne la navigation. Pour l’avion, il est un point de repère pour les avions », nous précise Mamadou Sy. Dans les archives conservées au service du phare, est mentionné pour le service du 25 au 26 juillet 1959, l’échouage d’un cargo alors que le ciel était nuageux ce jour, avec une légère brise malgré une bonne visibilité constatée par le service.

En effet, ce jour-là, à 0h20 mn, le gardien en service avait réussi à signaler à son chef par téléphone qu’un cargo venait de s’échouer entre le phare des Almadies et la terre. Le responsable du phare des Mamelles, ayant constaté les dégâts après son arrivée au service, avait aussitôt avisé la Capitainerie du Môle 8, la gendarmerie de Ouakam et des Almadies. C’est alors que huit fusées rouges de détresse ont été lancées par le cargo entre 1 h 00 et 2 h 30 mn. Le cargo aurait alors été repêché par un remorqueur de la Marine nationale entre 14 h et 15 h le lendemain 26 juillet 1959.

Telle est donc l’utilité de cet outil important qui même s’il est aujourd’hui en maintenance fréquente devrait être complètement rénové avant qu’il ne soit trop tard. Des ouvriers soudeurs métalliques sont trouvés sur les lieux en train de refaire certaines fissures des garde-fous.

Un haut lieu de tourisme à sauvegarder
Le phare des Mamelles est le toit de la ville de Dakar, il y culmine à 126 mètres par rapport au niveau de la mer. La colline est haute de 105 mètres et le phare est haut de 21 mètres. De là, toute la topographie de la presqu’île de Dakar est sous les yeux du visiteur.

En suivant les escaliers qui mènent en haut, M.Sy explique que les anciennes grandes ampoules qui étaient utilisées sont de 6000 watts avec une portée de 70 kilomètres, alors que les nouvelles ampoules halogènes à la mode aujourd’hui sont de 1000 watts pour une portée de seulement 53 kilomètres.

Arrivé au sommet de l’édifice, le gardien remplaçant explique la fréquence du phare en ces termes : « Le phare émet un éclat blanc toutes les cinq secondes ». Il nous dévoile en même temps que les rideaux qui sont là servent à protéger ces lentilles contre les rayons solaires. Cette grande lentille ronde faite en cuivre et en verre est appelée Lentille de Fresnel », dit-il ; du nom du physicien français Augustin Fresnel à qui, on doit aujourd’hui, l’existence des systèmes de phares dans le monde.

Dans une autre mesure, le phare des Mamelles reçoit plusieurs visites par jour surtout des touristes venus de France et d’ailleurs. Mamadou Sy de conclure, « Notre service est rattaché au service de la sécurité maritime du Port Autonome de Dakar (Pad). C’est le service des Phares et Balises. Mais ce qui m’a le plus frappé dans ce boulot, c’est la fréquentation des nombreux touristes étrangers. Et ce qui est plus significatif dans leur discours, c’est leur indignation commune contre l’état vétusté du phare. »

Aujourd’hui, même si les jours du phare le plus populaire au Sénégal ne sont pas forcément en danger, il est légitime pour les défenseurs du patrimoine, de dire que tout ne tourne plus rond au niveau des Mamelles. En silence depuis des années, le volcan du même nom n’en a pas moins conservé ses mythes et son univers fait de cendres et de roches volcaniques. Demain, pour entourer toute cette solitude d’un semblant de vie plus utile, le phare des Mamelles devrait garder sa flamme qui s’abaisse de jour en jour depuis quelques années. Le temps est venu de moderniser tout cet outillage pour sauver ce qui en reste.

Source: Sud Quotidien

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