Homosexualite, drogue, armes etc...: Les terribles révélations d'un ancien détenu

Khalifa Samb pourrait écrire un livre sur la plus grande et dangereuse prison du Sénégal : Rebeuss. Condamné à une peine de 10 ans, puis gracié en 2006, il y retourna trois fois pour vente de chanvre indien. Aujourd'hui, il se dit repenti grâce à l'action que l'actuel régisseur mène pour les réinsérer dans la société. Il narre avec passion ce pan de son histoire carcérale. Une histoire faite d'affres et d'obscénités...

Khalifa Samb connaît les moindres coins et recoins de la prison de Rebeuss pour y avoir séjourné pendant 9 ans. C'est avec passion qu'il raconte ses années carcérales. Celui qu'on affuble du sobriquet de "Jackson" fait des révélations terribles sur cette citadelle du silence. De la drogue qu'on écoule dans les chambres à l'homosexualité courante tout y passe. Il nous raconte ainsi que le premier jour où il est arrivé à Rebeuss à la chambre 4, un grand bandit qui était leur chef de chambre a voulu coucher avec lui. "C'était vers les années 1997 ou 1998 j'ai oublié la date exacte. Mais ce jour-là, j'ai refusé les avances de ce caïd qui était un borgne hyper dangereux et redouté par tous". a laissé entendre cet habitant du quartier "Ndiago Bar" à Diamaguène. Avant de poursuivre que "ses subalternes m'ont mis dans un endroit qu'on appelait Seras au fond du mur de la chambre pour que j'y passe la nuit".

Mais ce qui le plus écœurait, c'est "la passivité" du régisseur et des contrôleurs d'alors qui étaient pourtant au courant de toutes ces animosités. "Ils étaient de mèche avec les caïds. Ils leur laissaient faire ce qu'ils veulent" insiste Khalifa, l'air dépité. Un autre fait, remarque ce repris de justice, c'est la promiscuité, la saleté et la faim qui régnaient dans cette prison lors de ses premières années de détention. "On cohabitait avec les vers de terre et les poux dans les chambres, les toilettes n'étaient jamais nettoyées" dénonce-t-il. Avant d'ajouter que "les pistolets et armes blanches circulaient à n'importe quelle heure dans les chambres et la cour de la prison alors qu'on ne sortait pas". Ce dernier de souligner dans la même lancée qu' "il semblait qu'il y avait deux poids deux mesures dans la manière de traiter les prisonniers". "En quelque sorte il y avait les prisonniers d'en haut et ceux d'en bas" a-t-il ajouté.

Ce dernier raconte avec mépris "les voleurs de milliards étaient mis dans les chambres climatisées alors que les gens qui n'avaient volé qu'un seau étaient entassés dans les chambres avec les bandits de grand chemin" affirme Jackson. Celui-ci est entré à Rebeuss pour la première fois pour meurtre. Jugé coupable devant la barre de la cour d'assises de Dakar, il devait purger une peine de 10 ans. Mais après 9 ans de détention, il sera gracié en 2006 à deux jours de la fête de Korité. Khalifa se souvient particulièrement d'actes cyniques et obscènes qui l’ont affecté jusqu'à aujourd'hui : "on demandait aux nouveaux venus de se déshabiller comme des vers exhibant ainsi leurs parties intimes à la risée de tout le monde". Jackson conte ainsi Rebeuss avec minutie et forces détails car il a séjourné dans différents secteurs et dans différentes chambres.

"J'ai fait la 4, la 1, la 39, la 9 et la 10" dit-il comme pour se glorifier. Il évoque avec beaucoup de dédain le règne d'un ancien régisseur des années 90. Ce dernier à en croire Khalifa, leur menait la vie difficile en utilisant des méthodes peu orthodoxes. "Il faisait pimenter le riz de telle sorte qu'il était difficile, voire impossible de le manger". fustige notre interlocuteur. Avant de poursuivre que "Comme nous avions trop faim on le prenait. A notre risque et péril". Pire, raconte cet ancien détenu " Certains parmi ceux qui supervisaient notre détention faisaient amener des prostituées nuitamment à certains détenus qui leur donnaient de l'argent en retour". "En réalité, ils avaient tellement peur de ces caïds et même les jours de fête où l’on espérait manger de la viande, seuls ces grands bandits y avaient droit" dénonce-t-il.

Le changement vint de l'actuel régisseur
Khalifa Samb alias Jackson est retourné en prison trois fois après sa grâce en 2006. Pour vente de chanvre indien, il sera condamné à trois mois de prison ferme deux fois. Puis, pour les mêmes motifs, il y retourna pour 6 mois, mais sera libéré avant l'épuisement de sa peine sur appel. Jackson âgé maintenant de 32 ans jure la main sur le feu avoir définitivement abandonné la vente de "yamba". "Le nouveau régisseur est un homme bien, j'ai appris à faire des meubles avec les cornes des animaux en prison " a t-i souligné. Et d'ajouter que " avec l'aide de ce monsieur, beaucoup de prisonniers qui sont sortis ces dernières années se sont repentis et gagnent convenablement leur vie".

Selon Jackson : "Chaque chambre a maintenant une télévision et l’on a un cyber à l'intérieur de la prison ".Ce désormais polygame (il a deux femmes) gère un télécentre et une mercerie à Diamaguène dans la lointaine banlieue Dakaroise. À la question de savoir l'origine de l'argent de son commerce. Jackson souligne que "Nous sommes plus de 25 ex-détenus à avoir été soutenus par Enda Tiers Monde grâce à l'actuel régisseur". Cet ex-pensionnaire de Rebeuss a tenu à attirer l'attention des autorités sur le fait que des contrôleurs malintentionnés sont en train de tout faire pour remplacer ce régisseur que Khalifa considère comme "le sauveur de Rebeuss".

Source: Le Matin

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