Quartiers traditionnels de Dakar : Des noms familiers mais mal connus

Sandaga, Soumbédioune, Yakh Dieuf, Mbott, etc. Nombreux sont ces quartiers et places de la capitale qui portent des noms méconnus des Dakarois qui, donc, ne savent rien de leurs sens et origine.

D’origine léboue (ethnie reconnue comme étant la première à habiter la presqu’île du Cap-Vert), certains noms sont inconnus, à l’image de ceux donnés aux 12 « Penc » qui correspondent aux subdivisions de Dakar dans l’ancienne organisation de la société léboue.

Aujourd’hui, les noms authentiques d’une bonne partie de ces localités devenues des sous-quartiers ne sont connus que par leurs habitants et certaines personnes âgées. Les villages traditionnels de Ouakam, Ngor et Yoff, ainsi que les endroits (Sandaga et Soumbédioune) échappent à ce quasi-anonymat né de la subdivision administrative. Ainsi, un vieux lébou ne se gênerait pas pour désigner sous le vocable de Bagnoul la zone du Plateau abritant le Palais, l’hôpital le Dantec, l’Hôpital principal et le Cap Manuel. Il pourrait encore dire Yakh-Dieuf, pour parler de la zone englobant la rue Abdou Karim Bourgy, Galandou Diouf, ainsi que la rue Diaraf Mamadou Paye Assane (ex-rue Valmy) et alentours.

« Chaque fois que l’ennemi (Ndlr, le colon) préparait une action contre nos intérêts, c’est là que les responsables lébous se rencontraient pour lui faire échec au plan mystique ». Il y avait un « tata » érigé le long de la côte du Cap de Bel-Air (actuel Porte du millénaire). Une roche servant de moyen de délimitation, à cet endroit, était dénommée « Ka-soumb » (à ne pas attaquer), en sérère safène. « Soumb-dioum » et « ka-soumb » s’inscrivent ainsi dans la même symbolique, explique M. Diagne.

Sur la même lancée, le nom lébou du Cap de Bel-air, « Oum » (poisse), découle du fait que c’est sur ce site qu’était enterré le « gris-gris » destiné à anéantir tout sort maléfique jeté sur la ville. Les noms des sites de la ville de Dakar portent l’empreinte du Sereer safène, une ethnie dont les vieux dignitaires lébous sont presque unanimes à reconnaître les relations profondes avec leur communauté.

D’ailleurs, relève le responsable coutumier, la plupart des incantations faites lors des cérémonies de « ndeup » pour s’adresser aux djinns sont formulées en sérère safène.

Selon M. Diagne Mbor, le « site naturel des Lébou » désigné sous le nom de Ken Kalam (personne n’en hérite en sérére safène), va de Kayar à Mbour. En guise d’illustration, M. Diagne cite le nom du quartier de Yarakh, qui vient d’une interrogation en sérère safi « yar-akin » (à qui appartient ceci (ce site) ?). La réponse, « Ka-han » (c’est ma maison), a servi à désigner le quartier de Hann qui signifie « maison ».

Source: Le Soleil

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