Femmes et hommes, ils sont nombreux ces chômeurs qui remplissent les rues de la capitale sénégalaise à la recherche du « travail sauveur ». Premiers à se lever et derniers à se coucher, ces « défavorisés » du système social rivalisent d’ardeur pour s’occuper, histoire de ne pas susciter la pitié et le mépris des voisins.
8 heures. Dans le couloir de l’un des vieux appartements de la Rue 6 Médina, un homme empressé. En principe, il n’a rien à faire dehors. Mais, il préfère sortir comme tous les autres hommes de son immeuble pour échapper aux questions embarrassantes de son voisinage. Ce stratagème, il l’a conçu depuis un an où, après deux ans d’infructueuses recherches d’emploi, il a décidé de laisser tomber et de se terrer chez lui. Mal lui en prit car, la nouvelle de son infortune fit le tour du quartier et les rares fois qu’il mettait le nez dehors, ce sont des regards moqueurs qui suivaient ces faits et gestes. Pour ces ‘bourreaux’, « son chômage n’est que le signe de son incompétence ».
Une critique qui n’est pas exacte car, Serigne Mbaye a suivi une formation dans une des prestigieuses écoles de la place et a obtenu un BTS en Génie Informatique. Mais depuis, rien. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Depuis 2004 qu’il a fini sa formation, il passe son temps à éplucher les pages publicitaires des journaux à la recherche d’une offre d’emploi qui se fait désirer.
Pour échapper donc aux accusations silencieuses de ses voisins et regagner leurs estimes, il sort chaque matin de chez lui et ne rentre qu’à la tombée de la nuit. Et son subterfuge semble avoir porté, si l’on s’en tient aux sourires cajoleurs et aux affectueuses poignées de main dont il fait l’objet. Que fait-il donc de sa journée ? Pour ses amis et autres connaissances, nul doute, « il travaille dans une société de la place et si l’on voit la mine de ‘ papier mâché ‘ qu’il présente à la descente, il doit avoir beaucoup de travail », nous confie le gardien de son immeuble avec qui il échange parfois quelques blagues.
Mais voilà, une fois le bus 20 de Dakar Dem Dikk pris, ce n’est pas vers un lieu de travail conventionnel que se rend Serigne Mbaye. Pantalon noir et chemise blanche bien repassés, notre bonhomme s’en va rejoindre ses camarades d’infortune à la place de l’indépendance. Une fois sur les lieux, il s’en va gaiement, mais le cœur lourd, deviser avec les relations qu’il s’est créé depuis le temps qu’il fréquente les lieux. Gardien de magasin de libanais, vendeur ambulant au marché Sandaga, tout y passe. Et ce sont ces nouveaux amis qui, de temps à autre, l’aident à entrer en contact avec les touristes, à qui il propose ses services moyennant quelques billets de banque. Et comme ils sont nombreux dans le cas, les jours où il ne trouve personne à guider, il se transforme en vendeur occasionnel de friperies. Mais là, il doit rester très vigilant pour ne pas se retrouver en face de quelqu’un de sa connaissance.
Une vie par procuration que vit donc ce chômeur sous l’influence de la critique sociale. L’être a disparu du forum pour laisser place au paraître avec ses corollaires que sont l’hypocrisie et le mensonge. Seul son jeune frère avec qui il partage la chambre est dans le secret, mais acquis à la cause de son frère aîné, il préfère jouer le jeu et se taire. Les maigres ressources qu’il arrive à amasser sont envoyées aux parents restés en région et qui n’attendent que le « salaire » du fils pour se nourrir, acheter les bijoux pour le mariage de la cousine éloignée ou éventuellement pour participer à la cotisation pour le voyage en mer vers l’Espagne de l’enfant de l’oncle ou de la tante qui n’a pas de travail et qui veut aller tenter sa chance sous d’autres cieux.
Source: La Sentinelle
Une critique qui n’est pas exacte car, Serigne Mbaye a suivi une formation dans une des prestigieuses écoles de la place et a obtenu un BTS en Génie Informatique. Mais depuis, rien. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Depuis 2004 qu’il a fini sa formation, il passe son temps à éplucher les pages publicitaires des journaux à la recherche d’une offre d’emploi qui se fait désirer.
Pour échapper donc aux accusations silencieuses de ses voisins et regagner leurs estimes, il sort chaque matin de chez lui et ne rentre qu’à la tombée de la nuit. Et son subterfuge semble avoir porté, si l’on s’en tient aux sourires cajoleurs et aux affectueuses poignées de main dont il fait l’objet. Que fait-il donc de sa journée ? Pour ses amis et autres connaissances, nul doute, « il travaille dans une société de la place et si l’on voit la mine de ‘ papier mâché ‘ qu’il présente à la descente, il doit avoir beaucoup de travail », nous confie le gardien de son immeuble avec qui il échange parfois quelques blagues.
Mais voilà, une fois le bus 20 de Dakar Dem Dikk pris, ce n’est pas vers un lieu de travail conventionnel que se rend Serigne Mbaye. Pantalon noir et chemise blanche bien repassés, notre bonhomme s’en va rejoindre ses camarades d’infortune à la place de l’indépendance. Une fois sur les lieux, il s’en va gaiement, mais le cœur lourd, deviser avec les relations qu’il s’est créé depuis le temps qu’il fréquente les lieux. Gardien de magasin de libanais, vendeur ambulant au marché Sandaga, tout y passe. Et ce sont ces nouveaux amis qui, de temps à autre, l’aident à entrer en contact avec les touristes, à qui il propose ses services moyennant quelques billets de banque. Et comme ils sont nombreux dans le cas, les jours où il ne trouve personne à guider, il se transforme en vendeur occasionnel de friperies. Mais là, il doit rester très vigilant pour ne pas se retrouver en face de quelqu’un de sa connaissance.
Une vie par procuration que vit donc ce chômeur sous l’influence de la critique sociale. L’être a disparu du forum pour laisser place au paraître avec ses corollaires que sont l’hypocrisie et le mensonge. Seul son jeune frère avec qui il partage la chambre est dans le secret, mais acquis à la cause de son frère aîné, il préfère jouer le jeu et se taire. Les maigres ressources qu’il arrive à amasser sont envoyées aux parents restés en région et qui n’attendent que le « salaire » du fils pour se nourrir, acheter les bijoux pour le mariage de la cousine éloignée ou éventuellement pour participer à la cotisation pour le voyage en mer vers l’Espagne de l’enfant de l’oncle ou de la tante qui n’a pas de travail et qui veut aller tenter sa chance sous d’autres cieux.
Source: La Sentinelle
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire