"Le Dakar n’est pas mort" selon Roger Kalmanovitz, directeur des relations extérieures et de la sécurité du rallye

Le rallye Lisbonne-Dakar 2008 a été annulé ce vendredi pour cause d’insécurité en Mauritanie mais Amaury Association Sport (ASO), organisateur de la compétition, ne s’avoue pas vaincu. Roger Kalmanovitz, directeur des relations extérieures et de la sécurité chez ASO, revient sur les conséquences de l’annulation de la course et sur les perspectives d’avenir.

Le Lisbonne-Dakar ne se tiendra pas comme prévu du 5 au 20 janvier prochains. La célèbre course a été annulée ce vendredi en raison de menaces terroristes visant la Mauritanie, où huit étapes étaient programmées. Amaury Association Sport (ASO), en charge de l’organisation du rallye, se désole dans un communiqué de cette décision mais explique avoir privilégié la sécurité des participants, des partenaires et des habitants des pays traversés : le Portugal, le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. Roger Kalmanovitz, directeur des relations extérieures et de la sécurité chez ASO, revient sur les conséquences immédiates et à plus long terme de l’annulation et sur l’avenir du Dakar.

Le directeur des sports de France Télévisions, Daniel Bilalian, a annoncé sur Europe 1 l’annulation du Dakar avant ASO. Que s’est-il passé ?
Roger Kalmanovitz : C’est un malentendu entre l’heure portugaise qui est GMT et l’heure française, qui a une heure de plus. Ce qui explique que Daniel Bilalian, qui était au courant avant, puisque France Télévisions est partenaire du Dakar, se soit exprimé avant ASO. Mais, malheureusement, cela ne change rien…

Avez-vous pensé à d’autres options que l’annulation du Dakar ?
Roger Kalmanovitz :
Le Dakar, qui est le plus grand rallye du monde, ne voulait pas d’une course médiocre, d’un ersatz de course ou d’une course saucissonnée. Si nous ne pouvions pas remplacer 17 jours de course par 17 jours de course, nous préférions annuler. Cette décision a fait l’objet de beaucoup de réflexion et nous avons vraiment pesé le pour et le contre en vérifiant les allégations des responsables ministériels avec les gens sur place.

Certains ont dit que vous aviez pensé à des solutions de rechange, comme raccourcir le tracé et faire un Lisbonne-Guelmin (la dernière étape marocaine)-Lisbonne…
Roger Kalmanovitz : Je m’inscris en faux contre ces élucubrations. Nous avons trois critères à ASO et au groupe Amaury : la morale, la sécurité et la qualité du sport. Nous n’étions pas dans une configuration de plan B. Nous étions dans la configuration d’une menace ferme et péremptoire en Mauritanie dont le gouvernement français nous a fait part.

Justement. Ces mises en garde contrastent avec ce que l’on vous a dit lors de votre dernier séjour en Mauritanie…
Roger Kalmanovitz :
Il y a une semaine, à la même heure, nous étions à Nouakchott, où les autorités mauritaniennes nous ont donné tous les gages de sécurité. Ces gages ont été validés par l’ambassade de France. Mais le ministère français des Affaires Etrangères est rentré en action, il nous a dit qu’il y avait une autre forme de menace. Jusqu’à présent, on craignait l’arrivée de menaces classiques, comme des enlèvements et des demandes de rançon. Mais des gens biens informés du ministère des Affaires Etrangères nous ont dit qu’il y avait des menaces plus diluées, plus underground, qui ont à voir avec la menace [terroriste] mondiale. Les moyens mis en place par la Mauritanie, c’est une chose, mais la menace terroriste, c’est autre chose… Alors nous avons annulé.

Avez-vous été directement visé par des menaces ?
Roger Kalmanovitz :
Nous n’avons pas reçu de menaces directes, mais le ministère des Affaires Etrangères nous a expliqué qu’il y avait des déclarations de la Baqmi (Branche d’Al Qaida au Maghreb, ndlr) qui ne sont pas sur Internet et qui menaçaient la Mauritanie, et par voie de conséquence le rallye.

Envisagez-vous pour les autres Dakar de réduire le nombre d’étapes en Mauritanie ?
Roger Kalmanovitz : Le risque d’attentat nous a amené à reconsidérer beaucoup de choses, mais ASO est une entreprise sérieuse et le Dakar n’est pas mort. On peut imaginer de faire un rallye à cheval sur deux continents. Très vite, nous proposerons à nos participants un nouveau Dakar pour 2009.

Vous expliquez que l’annulation se place dans une démarche sécuritaire et non économique. Mais, outre le travail de préparation « perdu », il y aura des coûts. Avez-vous une idée des pertes que vous allez subir ?
Roger Kalmanovitz :
Je ne m’occupe pas du volet économique, mais je peux vous dire que pour fabriquer le Dakar il faut 12 millions d’euros, hors coût de la production télévisée et de la police d’assurance. La moitié de ces 12 millions d’euros est dépensée en Afrique. Nous rembourserons tout ce que nous avons commandé, car c’est la moindre des choses, ainsi que les droits d’engagement des participants, qui s’élèvent à 10 000 euros par personne, et les sommes versées par les sponsors.

Pensez-vous que l’annulation du Dakar pour risque terroriste ternira l’image de la course ?
Roger Kalmanovitz : J’emploierais plutôt le terme de « choc », qui peut être positif ou négatif. Au cours des 29 dernières éditions, le Dakar est toujours retombé sur ses pieds et là, pour la 30e, on a été obligé de s’auto-annuler. L’annulation aura probablement un impact, mais tout dépendra de notre capacité à rebondir.

Source: Afrik.com

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