Citoyens, debout !

Conscience citoyenne ! Le terme était galvaudé, étant devenu l’apanage des seuls pouvoirs publics. Tant ils y avaient trouvé une manière bien singulière de rejeter la responsabilité sur les Sénégalais. Ceux-ci ayant toujours besoin de se faire rappeler l’exigence pour un citoyen d’avoir le sens civique, c’est-à-dire de se conformer aux lois et règlements qui régissent leur pays.

Quelque soit par ailleurs ce que cela peut leur coûter de voir ceux pourtant chargés de conduire la bonne marche des institutions persister dans leurs nombreuses dérives et errements. Parce que dans leur conception de la citoyenneté, les autorités estiment que les Sénégalais ont plus de devoirs à remplir que de droits à réclamer.

C’est pourquoi il y a bien quelque chose de révolutionnaire dans la nouvelle perception que les Sénégalais se font de leurs rapports avec les pouvoirs publics. Lundi 14 janvier dernier, des dizaines d’entre eux ont manifesté devant le Bureau des passeports. Munis de leur récépissé, ils ont exigé des autorités policières plus de diligence dans la confection des passeports. Certains sont en attente depuis au moins huit mois, alors que d’autres ont dû reporter leur retour en Hexagone, et doivent débourser près de 500 000 F Cfa pour s’acheter un autre ticket d’avion. La même situation prévaut à Paris, où de sources concordantes, des Sénégalais risquent de perdre leur emploi parce que n’ayant pas pu renouveler ce sésame.

Ce n’est pas donc surprenant que des manifestants se réveillent un beau jour devant les portes du Bureau des passeports, qui jouxte pourtant le Commissariat de police de Dieuppeul, sans être inquiétés. C’est-à-dire sans inhaler une bonne dose de lacrymogènes, comme ce fut toujours le cas.

Car, il semble aujourd’hui arriver le moment pour les autorités de comprendre que la citoyenneté exige également de leur part la satisfaction des droits des populations. Elle ne peut être à sens unique. Et la promptitude avec laquelle la Direction des passeports a réagi pour prendre en charge cette question traduit la crainte des autorités à devoir une fois de plus faire face à la furie des populations. Le Sénégal n’est plus à l’abri d’un autre mercredi noir, à l’image de celui du 21 novembre 2007 du fait de la révolte des marchands ambulants.

C’est l’avènement d’un nouveau type de citoyenneté qui se singularise par le souci des populations à vouloir résoudre dans l’immédiat elles-mêmes leurs problèmes. Reléguant du coup en seconde zone les organisations syndicales, politiques et même la société civile, lesquelles s’étaient positionnées dans le passé en défenseurs des intérêts des populations. Face à ce nouveau contre-pouvoir, celui des masses, le pouvoir devra désormais changer d’approche dans sa manière de prendre en compte les préoccupations des Sénégalais.

Source: La Sentinelle

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