Serigne Mbaye Niang avertit: «Le “démon” de Petit Mbaye guette d’autres promoteurs»

«Si l’on n’y prend pas garde, certaines formes de sponsorisation risque de bousiller l’arène (en) faisant naître une jalousie et une concurrence malsaine». L’alarme vient d’être tirée par le promoteur Serigne Modou Niang. Les conséquences seraient énormes. Selon ce dernier, avec la course effrénée et aveuglée vers les grandes affiches «avec la complicité de certains sponsors», d’autres promoteurs risquent de suivre le patron d’Action 2000 dans les liens de la prévention. «Le démon guette d’autres», avertit le promoteur de l’alternance. Qui ne manque pas d’égratigner certains de ces “collègues” «qui s’en remettent aujourd’hui au parrainage qu’ils dénonçaient hier.»

Le cercle des promoteurs est devenu de plus en plus restreint, comment l’expliquez-vous ?
Parce qu’il y a des jaloux qui veulent tout accaparer. Ils ont tendance à tout verrouiller, c’est pourquoi certains jeunes ont du mal à s’en sortir et finissent toujours par abdiquer. C’est le seul problème ; sinon avec les sponsors, on peut bien s’en sortir. Le ministre des sports doit aujourd’hui faire en sorte que les sponsors leaders traitent les promoteurs sur le même pied.

Comment expliquez-vous la montée vertigineuse du cachet des lutteurs ?
C’est le monopole qui s’est constitué autour des deux promoteurs avec la complicité des deux sponsors leaders qui l’explique. C’est dangereux pour eux, les promoteurs. C’est une des raisons qui ont valu à un promoteur (Petit Mbaye) son incarcération. Il a fait les frais de ce tiraillement. Je ne le souhaite pas du tout, mais si l’on ne fait pas attention, d’autres vont le suivre. Le démon guette d’autres promoteurs parce que la concurrence est déloyale. Les gens essaient d’avoir la mainmise sur certaines affiches au point de prendre des risques.

N’êtes-vous pas jaloux de ces promoteurs qui organisent de grandes affiches ?
(Il éclate de rires). Jamais ! Je peux d’ailleurs le faire mieux qu’eux. Je suis plus expérimenté que ces promoteurs. Au moment où j’organisais des combats et assistais à des combats, ils ne savaient même pas c’est quoi la lutte. Ce sont des businessmen qui sont venus pour gagner de l’argent, alors que moi je connais la lutte parce que j’ai grandi dans ce milieu. Ils ne m’arrivent même pas à la cheville. D’ailleurs, ils l’ont reconnu.

Avez-vous une fois posé un acte dans ce sens ?
En début de saison, j’ai organisé un grand combat opposant Baye Mandione à Mame Gor Diouf transmis en direct à la télévision. C’est pour vous dire que je suis dans la mouvance. Je ne manque pas de sponsors, mais je tiens à dénoncer l’exclusivité déguisée.

Jusqu’ici les promoteurs n’ont rien fait pour venir en aide à Petit Mbaye. Pourquoi ?
Bien que nous nous ne sommes pas unis, nous allons nous regrouper autour de l’essentiel pour voir comment faire pour aider ce promoteur à surpasser ces difficultés. Je m’investis beaucoup pour cette cause. J’ai pris langue avec de bonnes volontés, mais je ne peux pas dévoiler leurs noms. Je suis partant aussi à l’idée d’organiser un combat de lutte pour le faire sortir en lui versant les recettes. Mais comme il n’y a pas eu de jugement, il est très difficile de se prononcer sur la question.

À votre avis, combien les sponsors injectent dans l’arène ?
Permettez- moi d’abord de faire ce constat : les promoteurs sont nombreux, mais rares sont ceux qui restent pendant longtemps dans l’arène. Pourquoi ? Il y a deux sponsors leader qui exercent dans la téléphonie mobile. Ils injectent des centaines de millions dans la lutte, mais seuls deux promoteurs en bénéficient : Gaston Mbengue et Luc Nicolaï. Ça pose problème. Ils ne sont pas les plus méritants. Je pense que cela doit susciter une réflexion de la part du ministre des sports, Bacar Dia.

Est-ce que ce n’est pas parce que ces promoteurs - Gaston Mbengue et Luc Nicolaï - créent l’événement que les sponsors ont choisi de s’allier avec eux contrairement à vous et aux autres ?
Je suis le premier promoteur à organiser le combat Yékini – Balla Bèye 2.

Mais à ce moment, ils n’étaient pas aussi connus !
C’est vrai, mais l’événement était à la hauteur des sponsors. Ceux qui organisent les grands combats ou combats évènementiels, ils ne sortent pas l’argent de leur poche. Ce sont les sponsors qui sortent l’argent ; malheureusement, ils choisissent leur promoteur. Si l’on n’y prend garde, certaines formes de sponsoring risque de bousiller l’arène. Pourquoi ? en faisant naître une jalousie et une concurrence malsaine. Ils voudront accaparer un bien qui doit être, à mon avis, celui de tout le monde. Chacun voudra détenir l’exclusivité. Et c’est la porte ouverte à toutes les dérives. D’abord des dessous-de-table avec les lutteurs et bien d’autres choses. Je sais que ces promoteurs qui organisent des combats évènementiels ont de gros problèmes. Aujourd’hui ils font tout. Même ceux qui dénonçaient le parrainage s’y mettent maintenant. Ils m’ont attaqué quand j’ai dit que c’était de la transhumance déguisée, mais en réalité c’est ça.

Quel est le but visé en parrainant un combat de lutte par une personnalité ?
C’est pour de l’argent. Il ne faut pas qu’on essaie de tromper les gens. Ils ne le font pas gratuitement.

Vous ne pouvez pas leur reprocher cela parce que vous le faites…
Certains de mes parrains, au moment où j’ai commencé à leur dédier des journées de lutte, n’avaient pas d’argent, du moins pas beaucoup. L’exemple de Guinguineo est patent. La première édition a été précédée de 30 ans d’inactivé de lutte dans cette localité. Aujourd’hui, Dieu a fait qu’on peut organiser un combat et, en retour, gagner quelque chose.

Mais le constat aujourd’hui est là : vos parrains sont tous des nantis…
Non, je ne pense pas. J’ai fait parrainé un combat à Ndongo Lô, après sa mort. Donc je ne l’ai pas fait pour de l’argent. Les cas de ce genre sont nombreux. Je l’ai fait souvent pour venir en aide à des gens qui en avaient besoin. C’était pour rehausser leur cote. Je le fais souvent pour aider mes camarades de parti, Pds, mais jamais par opportunisme comme le font certains. Une personne doit être un homme de principe et de valeur. Mais certains promoteurs font aujourd’hui comme Zoss : «soos fi soos fee».

Quel est votre programme du week-end ?
J’organise la 7e édition du drapeau Souleymane Ndéné Ndiaye que j’organise annuellement à Guinguineo. L’entrée sera libre. Je vais ensuite organiser le drapeau du ministre Habib Sy, troisième édition.

Comment pouvez-vous organiser un combat de lutte en ouvrant les portes ? d’où tirez-vous l’argent pour payer les lutteurs ?
Dans un premier temps, il y a les sponsors qui nous soutiennent. Nous avons aussi le soutien des parrains. C’est pourquoi nous avons voulu faire plaisir aux populations de leur localité en ouvrant les portes d’autant plus qu’elles n’ont pas tout le temps l’opportunité d’assister à des combats de lutte.

Cela n’explique pas, dans une certaine mesure, le fait que les sponsors arrivent à demander le report d’un combat comme ce fut le cas avec le combat Tapha Guèye-Eumeu Sène ?
C’est la version officielle, mais je ne pense pas que cela puisse arriver. Un sponsor ne peut pas imposer à un promoteur le report d’un combat, du moins s’il respecte toutes les procédures liées à la signature de sponsoring. Mais si le partenariat ne repose pas sur des bases solides, le promoteur peut être à la merci du sponsor.

Source: L'Obs

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