Les femmes Sénégalaises et l'alcool!!

Personne ne sera étonné si nous disons que le nombre d’hommes qui boivent est supérieur aux femmes. Tous ceux qui ont déjà mis les pieds dans un bar, une boite ou un clando pourront aisément confirmer ce fait. Il est cependant vrai qu’il y a des femmes aussi, peu nombreuses, souvent discrètes, voire effacées, qui s’affichent sans se soucier du regard d’autrui. En tout cas, elles sont bien là, de plus en plus nombreuses. La question que l’on est en droit de se poser est celle-là : qu’est ce qu’elles font en ces lieux ? Surtout, dans une société où la combinaison femme et alcool n’est guère vue d’un bon œil.

Il est à noter qu’il y a différentes façons de boire et différents genres de buveurs et de buveuses. La première catégorie, de plus en plus nombreuse hélas, est celle de la nouvelle génération. En allant au Duplex, Nirvana ou une des boîtes tendance de cette période, vous n’avez jamais remarqué des hordes de jeunes garçons façon baggy Ricain avec non distants des tribus bruyantes de disquettes en paillettes qui se partagent des verres contenant des substances aux couleurs indéfinies ou des bouteilles plus grandes qu’elles ? Eh bien, c’est d’elles qu’on parle : la nouvelle génération de gosses et gossettes de la « Dakar bien ».

Issues de bonnes familles des alentours des Almadies et consorts, ce sont les jeunes représentantes de la « New Bacardi Generation ». Non, ce n’est pas le nom d’un nouveau groupe de pop, c’est ma sympathique définition pour les jeunes consommatrices. La question était : pourquoi font-elles ça ? La réponse est tellement facile qu’on en arrive à l’oublier : tendance. C’est l’âge : l’envie de rébellion, l’envie de copier les mœurs toubab (eh oui, il y a de ça aussi !), tout à coup on se retrouve majeure, avec un petit argent de poche qui permet de faire la fête avec les amis et hop ! On y va les gars ! Rien de bien méchant, généralement une envie de débordement qui va se tempérer avec le temps. Il y a aussi l’envie de se montrer devant le groupe d’amis. La majorité des jeunes filles ne veulent pas s’entendre dire : « pfff, celle-là elle ne connaît rien, elle n’a même pas été en boîte ! » Soyons honnêtes : nous sommes tous passés par là. La majorité d’entre elles va délaisser tout ce petit monde dès que le poids des responsabilités de la vie va commencer à frapper à leur porte.

A partir des 25 ans, par contre, l’histoire change et la façon de boire aussi. D’entre les femmes plus mûres également, il y a différentes catégories de buveuses. Les plus connues et acceptées sont les femmes issues de famille chrétienne. Là, le problème ne se pose pas : tradition culturelle exige. Pourtant, contrairement à ce que les gens pourraient penser, ce ne sont pas les plus nombreuses. Buveuses occasionnelles, les catholiques peuvent être vues surtout en période de fête, ou tranquillement assises chez elles avec leur famille, en sirotant un petit verre de vin ou de bière. En r éalité, quand on parle des consommatrices assidues, on parle en majorité de femmes musulmanes. Vous n’y croyez pas ? Moi non plus, je n’y croyais pas, jusqu’à ce que j’aille demander aux fournisseurs eux-mêmes. Mais commençons par le début : les barmens nous informent qu’en moyenne, ils ont entre 10 et 20 clientes par semaine.

Comment font-ils pour distinguer les chrétiennes des musulmanes ? « Généralement, je les connais, sinon par le nom et l’air gêné. Certaines vont utiliser l’expression « vite fait, bien fait » pour être sûres que je ne traîne pas. En même temps, je pense qu’elles sont attirées par l’interdit », explique M. Même son de cloche au clando du coin : « les femmes en majorité qui viennent ont entre 40 et 45 ans. Elles viennent pour consommer en cachette car, issues de foyers musulmans, leur famille n’approuve pas. Beaucoup d’entre elles boivent pour oublier le stress et les responsabilités. Vous savez, ce n’est pas facile pour une femme de gérer ces temp-ci. D’autres viennent pour rencontrer des hommes, l’alcool étant qu’une raison secondaire ». En discutant avec les clients de différents bars (surtout des hommes, les femmes n’étant pas trop disposées à parler) le point de vue s’approfondit : « La majorité des buveuses habituelles sont celles qui ont moins d’argent.


A mon avis, c’est une forme de prostitution indirecte ’tu m’offres un verre et je vois quoi d’autre je peux en tirer’. Je ne les juge pas, il y a beaucoup de familles qui galèrent financièrement. Certaines boivent pour le plaisir mais elles sont plus rares. Je dirais même que le 95% des femmes qui boivent se prostituent ». Quoique ce jugement exagéré, elle en dit longue sur le regard que la société pose sur les consommatrices d’alcool, raison première de leur volonté de se cacher. Par ailleurs, les femmes interrogées se montrent moins tolérantes que les hommes, qui tout en « préférant « épouser qui ne boit pas et qui ne fume pas » disent ne pas vouloir juger, car ils ne savent pas ce que cette femme vit dans son quotidien ; certains trouvent même une femme qui boit « plus tôt sexy ».

Le point de vue de N., assise dans un bar mais non buveuse, est autre : « Une femme ne devrait pas boire. Je comprends un verre de champagne lors d’une fête, mais la consommation habituelle, c’est autre chose. La femme s’occupe du foyer et de l’éducation des enfants, elle doit servir d’exemple ». Sa copine B. ajoute : « Que ce soit homme ou femme trop se saouler n’est jamais une bonne idée ! ». Conclusion ? Tout se joue sur la modération, pour les hommes comme pour les femmes.

Source : Icône Magazine

1 commentaire:

Souleymane DIEYE a dit…

Nos valeurs sont en berne! Hélas!

 
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