Mendicite a Dakar: environ 7 600 enfants concernes

7.600 enfants sont touchés par la mendicité enfantine dans la région de Dakar révèle un rapport d’experts sénégalais et chercheurs de l’Institut FAFO (Norvège). Cette étude réalisée dans le cadre de l’Initiative de UCW (Undestanding children’s work ) montre que des zones rurales et des pays limitrophes au Sénégal constituent les pourvoyeurs de 95 % de ces enfants mendiants.

Les résultats d’une importante étude sur la « mendicité des enfants dans la région de Dakar » ont été rendu publics hier mardi au Centre africain d’étude supérieures en gestion (Cesag). Ce rapport qui est une « représentation qualitative et non quantitative » de cette couche de la société informe que plus de 7.600 personnes sont concerné par ce phénomène. La palme revient au département de Dakar où plus de 2.200 enfants-mendiants sont recensés. Soit 30 % de cette population. Les départements de Pikine et Rufisque concentrent chacun 25 % de ces mineurs avec respectivement 1.900 et 1.880 enfants par district. Guédiawaye qui n’accueille que 1.480 individus est crédité de 20% par ce document. Si cette analyse, situe la moyenne d’âge de ces jeunes « dans l’ensemble autour de 11 ans », des enquêtes relèvent que « le plus jeune avait 2 ans et prés de la moitié n’avait pas 10 ans ».

Dans les statistiques, les garçons représentent la quasi-totalité des enfants et « les filles ne sont que très marginalement concernées ». Mieux encore, ces études montrent que 90% de ces enfants mendiants sont des talibés et que 95%, sont originaire d’autres régions du Sénégal ou des pays limitrophes. Les régions de Kaolack et Kolda où « la pauvreté est très répandue » pourvoient le plus grand nombre de ces enfants mendiants, « surtout les talibés » fait remarquer le rapport qui précise que « les mendiants non-talibés, par contre, proviennent surtout de la région de Dakar ».

Pour ce qui est des pays étrangers d’où viennent « près de la moitié des enfants mendiants pour la plupart », la Guinée-Bissau, le Mali, la Guinée et la Gambie sont pointé du doigt. « Là encore, le type d’enfants mendiants dépend de son pays d’origine : le talibé est souvent un enfant de la Guinée-Bissau (30%) ; le non-talibé est plutôt originaire du Mali (30%) ». La répartition par « groupes ethniques » accorde la part du lion aux Peuhls (66%) suivi des wolofs (25%).

Dans l’ensemble ces enfants quittent leur foyer et leur communauté d’origine parce qu’ils ont été confiés par leurs parents à un maître coranique ou marabout itinérant afin de recevoir une éducation religieuse précise cette source. Et d’ajouter que si 98 % des enfants talibés vont mendier sur imposition de leur maître, chez 62% des non-talibés, la mendicité est « un moyen de pourvoir à leurs besoins ou à ceux de leur famille ». 12% de cette dernière catégorie de quémandeurs (non-talibés) escortent ou accompagnent une personne handicapée. De toute cette population, seuls 3% déclarent être orphelins, alors que le taux de jeunes dont uniquement « un des deux parents est vivant est le plus important chez les non-talibés que chez les talibés ».

Toutefois, malgré cette situation, 37% de ces mineurs sont en contact permanent avec leur famille. Le revenu moyen journalier de ces derniers est d’environ 450 francs Cfa. Seulement, là où le gain du talibé qui verse à son marabout en moyenne 300 francs Cfa par jour est de 400 francs, celui des non-talibés est estimé à 700 francs.

La prévention comme solution
Les cause de ce phénomène sont multiples et variées. Selon Maurizio Tovo, consultant à UCW, les parents expliquent leurs décisions par les conditions de vie difficiles en milieu rural, la pauvreté, la sécheresse ou l’insécurité alimentaire. Il y a aussi la grande taille des ménages, le refus explicite ou assumé du nouveau conjoint de s’occuper des enfants du premier lit en cas de remariage. « Des facteurs socioculturels, familiaux et économiques sont le plus souvent invoqués par les parents qui confient leurs enfants à des marabouts itinérants » a-t-elle indiqué au cours de la cérémonie de restitution des études menée en février et mars dernier dans 6 départements et 28 villages sur les quatre régions pourvoyeuses d’enfants (Kolda, Saint Louis, Thiès et Kaolack)

C’est ainsi qu’elle propose la prévention comme le « moyen le plus efficace » pour lutter contre ce fléau. Ces mesures de prévention devraient intégrer la réduction de la « vulnérabilité des ménages » à travers des « mesures de protections sociale dans les zones d’origine des enfants migrants » et des « programmes de transferts conditionnels envers les familles vulnérables ». Il y a également la diminution des barrières d’accès à l’école et l’accroissement de la qualité de l’éducation. Ce qui offrira « aux familles la possibilité de faire un investissement sur le capital humain que représentent leurs enfants ». A cela s’ajoute l’appui aux « daaras » dans les zones de provenance des enfants, la création d’activités génératrices de revenus à l’intention des marabouts, l’élargissement du programme enseigné dans les écoles coraniques par la promotion des langues nationales, l’introduction de la formation professionnelle.

Seulement, l’élaboration de cette stratégie de prévention suppose une bonne compréhension des différents facteurs motivant la décision des familles d’envoyer leurs enfants dans les « daaras », l’éducation à la paternité et à la maternité responsable. Il y a également la création d’environnement propice, sur les plans politique, juridique et institutionnel par l’intégration des problèmes de ces jeunes dans les plans et programmes nationaux.

Cependant, « l ‘assistance » peut avoir des inconvénients, en ce sens que les parents, une fois convaincu que leurs fils seront assistés n’hésiteront pas à confier d’autres enfants à ces marabouts itinérants. De même, les résultats de cette étude financée conjointement par la Banque mondiale et le Fonds fiduciaire japonais ne sont pas représentatifs au niveau national. Mais ils peuvent servir d’indicateurs à l’explication du phénomène » a-telle prévenu.

Source: Sud Quotidien

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