Aphsatou Sy: A la rencontre d'une liane perchée sur hauts talons

Les escarpins claquent sur le parquet. Le pas est efficace. Quelques enjambées suffisent à traverser la pièce qui nous sépare. Hauts talons vernis, roses et pointus. La silhouette d'Hapsatou Sy est fine. Elle aurait pu être mannequin. « Impossible, rigole-t-elle, je ne fais qu'un mètre soixante-sept ! »

Elle choisira donc une autre voie, celle de l'entreprise. Avec ses risques, ses montées d'adrénaline, ses coups durs, ses surprises et ce « grain de folie » qui lui plaît tant. A 26 ans, cette jeune femme née d'un père sénégalais, d'une mère mauritanienne n'a pas une seconde à perdre.

Une longueur d'avance: Son entreprise Ethnicia est florissante. Elle a vu le jour il y a deux ans et demi à peine. A l'époque, Hapsatou n'a qu'une centaine de milliers d'euros en poche. Et son affaire ne compte que deux personnes : elle et son associé. Mais à force de travail, son premier centre de beauté ouvre en 2005. 120 m2 au cœur de la très chic Île Saint-Louis. Aujourd'hui, la jeune femme dirige quinze employés. Son deuxième centre de soins a été inauguré fin janvier. 230 m2 dans le 15ème arrondissement de la capitale. 4000 clients, un chiffre d'affaires qui a bondi de 400%.

Son secret ? Du travail et une détermination extrême
« Au départ, j'étais quasiment seule à y croire, confie-t-elle. Mais quand on veut arriver au bout de son rêve, on est prêt à tout. Je me suis serrée la ceinture. ». Dès lors, Mademoiselle Sy ne compte plus ses heures. La jeune femme est une lève-tôt et…une couche tard. Tant mieux. Ses journées commencent généralement vers 7h00. Direction l'ordinateur. Ensuite s'enchaînent coups de téléphone, négociations avec les fournisseurs, rendez-vous. Un rythme effréné qui se termine souvent après minuit. La jeune femme se bat. Elle est passionnée. Les banquiers ne veulent pas l'aider ? Elle pioche dans ses économies. Les fournisseurs veulent être payés ? Elle négocie et obtient des délais. Le salon doit être rénové ? Elle fait elle-même la décoration. L'idée qui la motive : créer un centre de beauté multi-ethnique.

Un même espace où le cheveu raide, crépu, souple ou ondulé pourrait se côtoyer. Un concept original dans le monde de l'esthétique. Né d'un constat simple : « la France est de toutes les couleurs. La France est métisse. Trop souvent, raconte Hapsatou Sy, il m'est arrivé de pousser la porte d'un salon et on me refusait les soins. Pas du tout à cause de ma couleur de peau, mais par manque de savoir-faire. » Un voyage à New York lui donne le déclic et le petit coup de pouce pour se lancer dans l'aventure. Là-bas, elle entre dans un centre de beauté et constate que des clientes de tous horizons se font coiffer. Indifféremment. Elle en restera ébahie. « Je me suis dit, si c'est possible ici, tout est possible. » Dès son retour en France, elle démarre son projet. Mais n'allez pas croire que la bouillonnante Hapsatou met sa vie privée de côté. Sa famille et ses amis comptent énormément. « Je me donne le temps de voir les gens que j'aime, il n'y a pas de réussite sans une vie privée équilibrée, » confie-t-elle. Sportive, elle aime courir. Sa discipline préférée : la vitesse, elle déteste l'endurance…

« J'ai mis au monde un homme »
Sa recette pour mener tout de front ? Difficile à dire. Même ses parents ne se l'expliquent pas. Troisième d'une famille de huit enfants, Hapsatou s'est toujours débrouillée, enchaînant les petits boulots. Aujourd'hui, son père dit de sa fille : « j'ai mis au monde un homme. » Et elle d'ajouter d'un air amusé : « Ne vous en faites pas, c'est un compliment. Certains en Afrique disent qu'il n'y a que les hommes qui sont censés réussir. » Hapsatou fonce, et cela, dès son plus jeune âge, sans s'embarrasser des remarques sur sa façon de faire. Son baccalauréat en poche, elle poursuit son cursus avec un BTS en commerce international. Débute ensuite l'alternance chez Econocom, un grand groupe de services informatiques et télécoms. Très vite, à 22 ans, elle est nommée responsable des marchés internationaux.

Très vite, elle avoue « avoir fait le tour. » Sûre d'une chose : la vie est courte. Angoissée par le temps qui passe : « On passerait vingt-cinq ans de sa vie à dormir » remarque-t-elle dans un souffle. Pas le temps donc, de se reposer sur ses lauriers. La jeune femme est même passée à la vitesse supérieure. Elle veut désormais voir les choses en grand et développe une nouvelle stratégie pour son entreprise. Lauréate du concours de la société de gestion immobilière Unibail-Rodamco, destiné à lancer de jeunes créateurs, elle va s'installer, en septembre dans l'un des dix-sept centres commerciaux franciliens d'Unibail-Rodamco (Forum des Halles, Parly 2, Carré Sénart), fréquentés chaque année par près de 200 millions de visiteurs. « Je vais entrer dans la cour des grands », se réjouit Hapsatou Sy. Le quartier de la Défense doit accueillir le troisième salon de la jeune entrepreneuse.

Parallèlement, elle lance une marque de maquillage, d'extension pour cheveux et développe sa propre chaîne de centre de soins sous le label Ethnicia. « J'espère arriver à cinquante salons en cinq ans, précise-t-elle. Où ? Et bien partout ! En France, en Europe. But ultime : New York. Comme un hommage à cette ville qui lui a inspiré son salon. « Là, enfin, assure la jeune femme, je n'aurais plus rien à prouver. » Difficile de croire qu'elle s'arrêtera là.

Regardez la video
Hapsatou, 25 ans, fondatrice d'Ethnicia

Source: Ferloo

2 commentaires:

Anonyme a dit…

He, Elle n'ai pas senegalaise c'est une mauritanienne.

Anonyme a dit…

Non elle est sénégalaise, je sais de quoi je parle, j'ai grandi avec Hapsatou.

 
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