Youssou N'dour « Je ne parle que de l'Afrique partout où je vais »

La star sénégalaise de la chanson, Youssou N'dour, a séjourné à Kinshasa dans le cadre de la vulgarisation de sa mutuelle Birima. Il a livré des concerts, au Grand Hôtel et à la Halle de la Gombe. Dans une interview exclusive qu'il a accordé au Potentiel, il parle de sa carrière, ses projets et de l'Afrique.

Youssou Ndour, grande star internationale, arrive pour la première fois en RDC sur invitation du ministre d'Etat en charge de l'Agriculture, Mobutu Nzanga. Quelles sont vos premières impressions en foulant le sol congolais ? .
D'abord je dis merci Dieu parce que j'ai toujours eu beaucoup de respect pour ce pays par rapport surtout à sa musique. Quand j'étais plus jeune, ma référence était Manu Dibango, Fela et aussi Franco Lwambo Makiadi. Je me disais que le jour j'irai là-bas ou j'y serai connu, ça me ferait vraiment du bien. En foulant le sol de Kinshasa, j'ai dit que ce jour est arrivé, que j'ai beaucoup pensé à Franco.

Parce qu'un jour, nous nous sommes rencontrés à Abidjan. Je venais de commencer. Je me souviens très bien, qu'il m'a appelé dans sa chambre d'hôtel et m'a dit : « t'as une belle voix ». Et il m'a encouragé. J'ai pensé à lui. En plus, j'ai été très bien accueilli par les gens, l'organisation et, bien sûr toute la direction du ministre d'Etat. C'est donc une première impression très positive.

Quel style de musique faites-vous ?.
Je faits deux styles de musique. La première, qu'on appelle le Mbalax, c'est la musique qui est partie de la langue wolof, avec les percussions qu'on appelle Saba. Cette musique, je la fais depuis très longtemps. La musique sénégalaise a été vraiment influencée par la musique latino-américaine cubaine.

Quand nous sommes venus, au sein d'une nouvelle génération, nous avons pris le rythme joué avec le saba pour le transposer avec les instruments modernes. C'est pour cela qu'on m'appelle le roi du Mbalax. Ça, c'est la première musique très populaire, mais aussi très complexe, parce qu'elle n'est pas basée sur ce qu'on appelle dans le monde de la musique le wan.

Soit, on a des notes (do, ré, fa, sol, etc.), sinon, on a le wan sur lequel tout le monde se base pour jouer. Dans le Mbalax, on ne marque pas le wan. C'est pour cela que, lorsque qu'on écoute le Mbalax et qu'on n'est pas très ouvert, on aura tendance à croire que c'est joué en contretemps. Contrairement à la musique congolaise qui a des fondements de wan, avec le beat régulier, nous n'avons pas ça au Sénégal. Mais, c'est fantastique.

Dans les années 1982-1983, j'ai fait une fameuse rencontre avec Peter Gabriel, qui est un grand musicien et un humaniste aussi. Il est d'abord venu à Dakar me voir parce qu'il avait entendu mon premier disque. Ensuite, il m'a invité chez lui. J'ai chanté dans son album sorti en 1985 intitulé « So ». J'ai chanté avec lui dans la chanson « Ignorance ».

Cette rencontre a été importante, parce qu'à ce moment, on a commencé à parler de « World music » il y avait Peter Gabriel, Paul Simon, Sting. J'étais là, à côté de Peter Gabriel. Nous étions là en train de mélanger des genres, des styles, etc. Et nous avons, sans le faire exprès, créé ce qu'on appelle la World music. Je me suis retrouvé dans un champ des sonorités extraordinaires de la World music et de la musique locale de mon pays.

Donc, je fais ces deux musiques. Des fois, je suis contraint de faire un peu plus que de World music ou un peu plus de Mbalax.

Quels thèmes exploitez-vous ?
De manière générale, je raconte la société en Afrique, des choses qui me plaisent et celles qui ne plaisent pas : l'amour, la foi, la solidarité.

J'écris aussi énormément des chansons qui peuvent être interprétées différemment. Mais, je n'évoque pas seulement des choses faciles ou belles. Je raconte les choses comme je les vis.

Je raconte la société où je vis. Et je pense que c'est comme ça, des fois, qu'on se rend compte qu'on est engagé. Je prends juste l'exemple de ma chanson « Mandela ».

Un jour, je regardais la télé avec ma mère, les images de l'Afrique du Sud pendant la période de l'apartheid. Les commentaires à la télé étaient en français. Et j'étais en train d'expliquer à ma mère analphabète toute l'histoire de l'apartheid.

Elle s'est exclamé : oh ! Ils sont méchants ces Blancs. Le lendemain je me suis dit : « comme il y a plus de femmes analphabètes, je vais écrire une chanson pour toutes les femmes ». Voilà un peu le contenu de mes chansons : je parle de politique, indirectement, mais je pense que ma musique me permet de dire ce que je pense.

N'êtes pas un chanteur engagé comme les Ivoiriens Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly ?
Non, je ne fais partie d'aucun parti politique. C'est connu au Sénégal. Chaque fois qu'il y a des élections, je garde une position de neutralité. Mais, je suis cohérent comme ça. Je crois sincèrement que je suis un militant du peuple.

Dans quel cadre avez-vous effectué une visite à l'hôpital général de Kinshasa ?
C'était dans le cadre de Witness. C'est une organisation qui lutte contre le Sida, qui essaie, par des moyens un peu différents, d'attirer l'attention. Witness donne, par exemple, des caméras à des séropositifs. Ça leur permet de filmer des situations, des trucs, de faire des reportages, et des pressions aux gouvernements. Witness essaie également d'aider les séropositifs à trouver des médicaments.

Dans le cadre du Congo, où il y a énormément d'inquiétudes par rapport au Sida, nous avons une lettre de l'archevêque sud-africain Desmond Tutu pour attirer l'attention du gouvernement congolais sur la situation des sidéens. Nous devons remettre cette lettre au chef de l'Etat.

Nous avons rencontré le ministre de la Santé à qui nous avons remis la lettre qu'il va transmettre au chef de l'Etat. Nous avons donc été à l'hôpital général où la situation est vraiment très difficile. Je pense qu'il faut beaucoup plus d'efforts à l'hôpital pour que les séropositifs soient pris en charge. C'est ça Witness.

Star, patron d'un groupe de presse, de la Fondation Birima Youssou Ndour a-t-il finalement plusieurs casquettes ?
Je n'ai jamais eu de plan, de vision. Je n'avais de plan que pour ma musique. Prenons l'exemple de la manière dont je suis devenu ambassadeur de l'Unicef. Quand j'ai commencé à être connu au Sénégal, à chaque fin d'année, je faisais le tour des écoles des plus petits pendant trois jours pour faire des play-backs. Les enfants ont adoré cela. Dans une journée, je pouvais faire quatre écoles. C'était quelque chose d'extraordinaire. Et cela continue aujourd'hui avec d'autres chanteurs. Je pense que l'Unicef a suivi cela.

Au bout de 2 à 4 ans, elle m'a nommé ambassadeur de l'Unicef. Automatiquement, j'étais, plus ou moins, en charge de promouvoir les droits de l'enfance. Tenez. Lors de la tournée que j'ai faite avec Peter Gabriel, nous avons beaucoup parlé des droits de l'homme. Ensuite, nous avons été membre d'Amnesty international. A propos de la presse, c'est parti d'une réaction autour d'un bol de riz. Nous nous sommes dit que si nous n'essayons pas de faire quelque chose, cette presse ira à la dérive, parce qu'il y a beaucoup de jeunes journalistes, il y a beaucoup de professionnels, mais il y a aussi de mauvais.

Donc, à trois, un bijoutier, l'entrepreneur Jean Lefèbre et moi, nous avons commencé à faire la presse. Nous sommes Tandjan du journal Le Matin. Nous avons mis un peu d'argent en se convenant de partager le tout. Nous ne nous sommes pas entendus au bout de quelques mois. A nouveau à trois, nous nous sommes retirés. Et comme le virus était là, nous avons décidé de créer un groupe qu'on a appelé Com7. Le groupe a évolué avec la bénédiction de Dieu jusqu'à devenir numéro 1. Ensuite, nous avons eu des problèmes.

On ne s'entendait plus à cause de la ligne éditoriale ; il y avait beaucoup de choses que je ne comprenais pas. J'ai toujours voulu que ma presse reste neutre dans toutes les situations. Je pense que, pour des intérêts, c'était difficile. Donc, je suis parti. Mais, j'ai résolu de rester dans la presse. J'ai créé Futur Média où j'étais seul. Pour être sûr que je maîtrise la chose, j'ai d'abord fait une radio sportive : le Sport FM. Ensuite, la radio est devenue généraliste, la Radio Futur Média, et on a créé L'Observateur.

Ce n'est pas pour prendre le devant que je me suis lancé dans la presse. Je veux participer et je pense que la presse doit tendre le micro à tout le monde, même lorsqu'on n'a pas d'argent. Aujourd'hui, mon groupe de presse compte plus de 160 personnes. Nous avons le plus gros tirage du Sénégal, 60.000 exemplaires par jour.

La radio est le numéro 2 du Sénégal. Nous avons obtenu la licence pour une télévision qui pourra être opérationnelle avant la fin de l'année. Tout cela me fait énormément plaisir, de voir tous ces jeunes sortis du CESTI, école de formation des journalistes. J'ai donc offert du travail à au moins deux sections qui sont sorties du CESTI.

C'est un acte économique pour moi. Mais, il y a des gens qui m'accusent d'utiliser cette presse pour des ambitions, peut-être politiques, demain. Sincèrement, ils se trompent. J'ai posé un acte économique. J'ai fait confiance à des professionnels. Ça s'arrête là. Même ma musique, je ne demande jamais qu'on la programme à ma radio. Au sujet de Birima, je dis que j'habite en Afrique. Quel que soit le développement de ma carrière, je suis basé en Afrique. Même si j'ai deux jours, je rentre sur Dakar et, trois jours après, je suis à New York. Je me replie toujours vers chez moi, pour ma musique, ma famille et énormément de choses. Je suis humain, je sens les choses.

Au Sénégal, je reçois plus de cent lettres par mois 80 % d'entre elles sont des demandes d'aide. J'en ai fait beaucoup et je me suis rendu compte que cela ne va pas servir à grand-chose. Un jour, à la veille de la grande fête de Tabaski, j'ai reçu un garçon. Lors de notre échange, il m'a dit : « je suis venu pour vous emprunter de l'argent et non pour demander de l'aide.

Je travaille, je suis cordonnier. Si j'ai 200.000 FCFA, je pourrais fabriquer des chaussures, les revendre et une semaine après la Tabaski, je viens vous rembourser ». Je lui ai remis 200.000 FCFA. Il m'a demandé de me signer un papier, mais j'ai refusé. Mais, il a insisté. Il est revenu, avec de belles babouches et mes 200.000 FCFA. Je me suis rendu compte que je venais de faire mon premier micro-crédit. Ça m'a inspiré. Je me suis souvenu de la phrase : au lieu de me donner du poisson, apprends-moi à pêcher.

Ça ne sert donc à rien de mettre des gens en rang chez vous en leur donnant 10 Usd par-ci, 5.000 FCFA par-là. Je suis donc allé chercher des professionnels pour discuter avec eux. Nous avons fait le business-plan de Birima, qui devrait consister à prêter de l'argent, peut-être pas avec garantie pour certains. Et soudain, le bureau de Benetton m'invite pour animer les 60 ans d'anniversaire de son groupe à Paris.

Je joue dans la soirée. M. Benetton était tellement ému, qu'il m'a demandé de rester un jour de plus à Paris. Cela a bouleversé mes engagements à Dakar. Je suis donc resté et il est devenu fan de ma musique. Il m'a invité à Venise deux mois après. Il m'a demandé ce que je voulais faire. Je lui ai répondu : le micro-crédit. Il a tellement apprécié l'idée qu'il m'a offert sa campagne institutionnelle mondiale afin que je l'utilise pour parler de mon projet de micro-crédit. Nous sommes ensuite allés à l'Atrapica, un lieu de réflexion artistique.

Nous avons fait le tour du système. Il m'a envoyé des photographes, jusqu'à ce que le projet soit mis en place. Enfin, il m'a donné la campagne évaluée à 12 millions d'euros dans le monde. C'est parti comme cela. Sur Birima, je me suis dit que je travaille et gagne de l'argent, Dieu merci. Aujourd'hui, j'ai de quoi nourrir mes enfants. Je ne cherche rien d'autre, c'est simplement mon travail. Je me dis qu'il faut quand même faire du social. J'avais donc pris 150 millions de FCFA et j'ai misé comme si je le donnais simplement. Et c'était le début de Birima.

Comment on y souscrit ?
Il y a des professionnels pour cela, et j'espère qu'ils vont bientôt venir aussi à Kinshasa. Mais, j'ai eu une extraordinaire idée : les gens qui n'ont pas de garantie n'ont qu'à venir devant la caméra, nous parler et dire : si je ne rembourse pas, vous pouvez diffuser les images à mes parents. Et je pense que cela fonctionne. On ne peut pas changer les règles de la banque. Mais, cette formule, cette petite innovation intéresse énormément.

Birima marche comme un mrcor-crédit et dès qu'on l'a lancé, des milliers de personnes se sont ruées vers Birima. Il y a même des gens qui n'ont pas besoin de crédit, mais viennent plutôt verser de l'argent en banque pour participer et non emprunter de l'argent. Les institutions financières dans le monde entier nous ont contacté.

Elles sont en discussion et on attend de grands accords qui seront issus de ces concertations. J'ai discuté avec le ministre d'Etat chargé de l'Agriculture ici à Kinshasa, qui est quelqu'un de très social aussi et veut participer.

C'est pour cela qu'on va délocaliser Birima ici en RDC, en tenant compte des réalités et des images du pays, avec de la musique également, parce que Birima, c'est aussi une chanson. On va mettre toute la stratégie de Birima sur place pour son bon fonctionnement. Et au-delà même de Birima, je pense que l'agriculture, dont le ministre d'Etat est en charge, pourrait en bénéficier. Mais, il faut un mouvement.

Nous avons créé le label et nous allons le mettre ici. Toutes les opportunités de financement que nous aurons dans le monde, seront partagées et il y aura une part pour la RDC. Il faut donc que les Congolais s'y mettent pour que ça fonctionne. Il y a beaucoup de demandes. Mais, j'en fais un peu mon affaire personnelle pour examiner chaque demande, voir le profil de celui qui veut lancer Birima dans son pays (il est qui, il pèse combien, etc.). C'est vrai qu'il n'y a pas d'or, ni de diamant dans Birima, mais c'est quant même mon nom, ma réputation. On ne peut pas mettre cela entre les mains de n'importe qui.

L'édifice de Lwambo a disparu après sa mort. Avez-vous pris, en ce qui vous concerne, des précautions pour que Birima ne disparaisse pas après vous ?
J'espère que Birima ne disparaîtra pas après moi. Lorsqu'on fait beaucoup de choses comme moi, on se retourne et on voit des plus jeunes, des enfants, des frères qui ont la même hargne et la même vision. Je pense qu'on peut être plus tranquille. Aujourd'hui, dans le cadre de la musique, je suis un homme comblé. Depuis une quinzaine d'années, je pense que je produis plus de 60 % de la musique sénégalaise. Ces dix dernières années, tous les artistes, les nouvelles vedettes, chanteurs et chanteuses, sont passés par mon label. Rien qu'avec ça, je suis comblé. Car, c'est un héritage.

Quand ils chantent, on dit que c'est du Youssou Ndour. Dieu merci. Mes parents m'ont donné une bonne éducation que j'essaie de la transmettre à mes enfants, tout en les protégeant, à ne les mettant pas dans une situation où tout est parfait. Ils doivent affronter la vie au vrai sens du mot, mais, en background, savoir que Papa a travaillé. Si Futur Média tombe, il n'y aura aucun effet vital ou économique sur moi, peut-être émotionnel. Si je disparais, j'espère qu'il n'y aura pas d'effet sur eux (les enfants), parce que j'ai mis des professionnels, des gens qui prennent Futur Média au sérieux plus que moi.

Vous avez annulé votre tournée aux Etats-Unis pour protester contre la guerre en Irak. Ensuite vous avez rencontré le président Georges Bush. Quelle a été la teneur de cette entrevue ?
Nous avons escamoté cette parenthèse lors de notre entretien. Il savait et moi également, mais nous n'avons pas abordé la question. Peut-être parce qu'il était en face d'un trop petit et ça n'a pas d'effet pour lui. On parlait d'autres choses. J'y étais avec Bono, etc. et on a pris le café ensemble. Nous sommes restés très longtemps, et j'ai pu relever ses efforts pour la lutte contre le Sida, le paludisme. Je l'ai encouragé et je lui ai dit ce que je pensais sincèrement : si l'Amérique peut vraiment gagner une guerre, c'est celle contre le Sida, contre le paludisme, mais pas les autres guerres.

Nous nous sommes revus deux ou trois fois. C'est bizarre, mais c'était comme si nous nous connaissions. Franchement, je suis contre Bush. Mais, la vie a fait qu'en gentleman. C'est quant même le président des Etats-Unis. J'ai des fois l'opportunité de le voir et, lui parler de l'Afrique. Quand on parle du continent, quand on donne des chiffres, je vérifie. Des fois, le G8 dit qu'on va donner 5 milliards Usd en Afrique, mais ne donne rien. Et notre organisation suit si ce qui est dit se réalise.

Je rencontre donc le président Bush et ça se passe normalement. On n'a jamais parlé du boycott de la tournée. Je ne suis pas non plus Michael Jackson, ni Bruce Springsteen. Aux Etats-Unis, ce boycott a eu un effet modeste.

Qu'est-ce qui explique votre modestie, votre simplicité ?
Je remercie mes parents. J'ai été élevé et éduqué d'une certaine manière. J'ai peur d'être isolé, je veux être avec les gens. Ça me gêne de porter des bijoux, je veux paraître comme tout le monde. Ça me gêne de conduire des voitures dans un milieu pour créer de l'insolence. Et pourtant, j'ai des moyens, je peux faire tout ce que je veux si Dieu le veut. Je ne mets pas les bijoux, j'ai été éduqué comme cela. Et Dieu merci, ça se passe très bien.

N'est-pas une leçon que vous donnez aux musiciens congolais qui aiment bien vivre dans le luxe ?
J'ai beaucoup de respect pour les musiciens congolais. Je pense que chacun a sa vision, son style. Ça n'enlève en rien le talent. Je ne considère pas les bijoux, les voitures, etc. J'écoute : ce sont d'excellents chanteurs.

Le Congo est en guerre. Mais, on a l'impression que l'élite africaine, les intellectuels, les artistes ne s'intéressent pas à ce pays qui est pourtant le coeur de l'Afrique. Selon des analyses, des personnalités comme Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah, sans le Congo, l'Afrique ne peut décoller. Quelle est votre analyse à ce sujet ?
J'ai comme l'impression qu'il y a de la stratégie derrière ce pays. Ce n'est pas normal que, chaque fois que ce pays essaie d'aller dans le sens du progrès, qu'il connaisse des perturbations. C'est peut-être une affaire des intérêts intérieurs ou extérieurs. Je crois que l'Afrique devrait reconnaître ce que nos savants, nos historiens ont dit. Le Congo est le coeur de l'Afrique. Et « chacun pour soi, Dieu pour tous » ne fonctionne pas. Si le Congo est déstabilisé, d'autres pays le seront également. Je pense qu'il y a quelque part des non-dits.

On a même l'impression que c'est du bluff. Pour tirer la richesse de ce pays, on fomente une guerre ici pour récupérer là-bas, je ne comprends pas vraiment. Je souhaite sincèrement que la paix définitive soit installée dans ce pays, que la démocratie, qui a commencé ici (rien n'est parfait), puisse continuer vraiment pour ce pays. Et que le pouvoir fasse rapidement des efforts, -je ne sais pas comment-, pour que le Congo ait des infrastructures.

On ne peut pas manger que des choses qui viennent de l'extérieur pendant que, dans notre propre pays, il y a des cultivateurs qui mettent 5 jours pour arriver dans une autre ville, l'avion met 7 heures de temps pour nous amener d'un continent à un autre. C'est une grande question pour le pouvoir. Un pays, c'est la communication, l'éducation, la santé et les infrastructures.

Sans cela, ce n'est pas possible. Des fois, tous les problèmes viennent de l'irresponsabilité. Moi, je suis l'ambassadeur du Congo et de l'Afrique. Je ne parle que de l'Afrique partout où je vais. Je suis d'accord que la mobilisation et la conscience des gens puissent faire évoluer les choses.

Source: Africa hits

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