Alif: Certains producteurs s’intéressent plus à notre corps qu'à notre produit

Créé en 1997, le groupe Alif était composé de Myrièm et Mina. Elles habitaient le même quartier et avaient une passion commune : le Rap. Par la suite, Oumy intégra le cercle. Dès 1999, le premier produit d’Alif envahit les bacs, et marque l’entrée en scène de la gent féminine dans le hip hop sénégalais.

Vous avez viré, maintenant vous faites du «mbalax» ?
Myrièm: Cette fois-ci on a chanté du «Mbalax». On n’a jamais dit qu’Alif était focalisé sur le rap. On chante selon nos sensations pour qu’au retour, les mélomanes puissent le sentir. L’album est une variété de musique. Ce n’est pas non plus pour l’aspect commercial. Parce qu’au début on avait déjà enregistré l’album. Après on est allé voir Baba Mille mélodie. C’est lui qui nous a conseillés de chanter en «mbalax». On a décidé de le faire parce que si on nous proposait quelque chose, on le fait pour voir qu’est ce que ça va donner. Qu’on fasse du «mbalax» ou du rap la musique reste inchangeable.

Il y n’a pas de jalousie entre vous ?
Myrièm : Non, on est des sœurs. Il nous arrive parfois de nous disputer, mais on discute sans rancœur, après ça passe. Quand ça nécessite de se crêper les chignons, on le fait. L’essentiel, c’est de ne pas avoir une relation très médiatisée. On règle tous les problèmes entre nous.

Quel est votre type d’homme ?
Mamy : Notre type d’homme, je pense que c’est tout ce qu’une femme peut souhaiter. Personnellement, je rêve d’un homme honnête, sincère, fidèle ce qui est malheureusement rare. Donc, l’essentiel est qu’il te respecte même s’il doit lorgner à gauche et à droite. Les choses viennent naturellement. On se demande même s’il y a un homme qui se limite seulement à une seule femme. Comme on dit, il y a exception à tout. On souhaite vraiment avoir un homme qui nous respecte, qui a assez de style, d’affection et surtout beaucoup d’amour à nous donner.

Dans vos chansons, vous titillez les hommes ?
Mamy : On ne les titille pas, mais on parle carrément des hommes qui jouent ce rôle. On ne généralise pas la chose, il y a des hommes fidèles, très honnêtes. Je vais vous donner un exemple très simple : tu te maries à un homme, il n’est pas riche, mais malgré tout tu l’aimes à la folie. Un bon jour, il devient riche et il épouse une seconde épouse. Subitement on est abandonnée. Il n’a rien de plus mauvais que ça.

Pourquoi vous êtes sexy dans vos clips ?
Myrièm : Je ne pense pas qu’on s’habille sexy. On est toujours en tenue de ville comme toutes les filles qui vont à l’université ou au travail. On est tout à fait normal dans nos clips, c’est des trucs de jeunes quoi.

Vous ne devez pas faire comme toutes les filles parce que vous êtes des leaders d’opinion ?
Myrièm : Justement que ce soit en clip ou partout où je me rends, je porte ce que je sens le plus dans mon corps. Dans les soirées de gala, je suis toujours en robe parce que je me sens bien dedans.

On a l’impression que le rap ne cartonne plus comme avant ?
Myrièm : Oui, vous avez raison mais ce n’est pas que le rap seulement. C’est la musique en général. Même les mbalaxmen qui vendaient 150 000 exemplaires, maintenant ils ne peuvent même pas vendre 15 000 exemplaires. C’est dû à un développement technologique. De nos jours, il y a plus de pirates que d’acheteurs. Il suffit d’un ordinateur pour graver tous les sons dont on a besoin. Nous sommes tous des pirates. C’est ce qui explique le déclin.

Pourquoi vous ne chantez pas de la politique ?
Myrièm : chacun à ses concepts qui lui sont spécifiques. On est très démocrate, on n’écrit pas un texte sans que l’autre donne son accord. En 2004, on a chanté «Douta Mbaye», c’est l’alternance. On avait donné tous nos espoirs à notre président. Il nous a déçues, parce que ça fait trop mal de voir des camarades de promotion qui sont devenus des ministres. Si on sait nettement qu’ils n’ont pas le niveau et qu’ils ne méritent pas leurs postes. On voit des gaspillages avec les avions présidentiels. C’est pour ça qu’on a chanté «Douta Mbaye» pour dire qu’on nous a bernées. Parce que s’il y a alternance, c’est grâce aux rappeurs. Nous étions les premiers à crier révolution.

On dirait que vous êtes riches ?
On est loin d’être riches.

Comment vous avez intégré le milieu ?
Mamy : au début je travaillais avec mon frère, on enregistrait dans le même studio que le groupe Alif. On se connaissait et un bon jour il y a eu un départ. Puisqu’au niveau international, les fans connaissaient le trio et il fallait forcément avoir une troisième. On a vu qu’on avait le même concept, les mêmes idées et les mêmes objectifs. J’ai retrouvé une famille, elles sont hyper sincères. C’est vrai que j’avais trop peur au début parce que je me disais que nous sommes des filles et qui parlent de filles parle de petites disputes. Mais grâce à Dieu, tout se passe comme nous avons voulu.

Votre père, il est dans le domaine de la musique ?
Mamy : Non, c’est son frère qui évolue dans ce milieu. Djimi Mbaye est le frère à mon père. Donc, je peux dire que j’ai la musique dans le sang.

Est ce qu’il vous aide ?
Mamy : J’ai eu à enregistrer dans son studio avec mon frère. Il nous a donné ses idées sur ce que nous faisions. Il est très occupé. Il ne peut pas m’aider tout le temps même s’il le voulait. On ne peut pas se voir tous les jours. Mais ce qui est sûr c’est qu’on fera plein de choses ensemble.

En tant que femme, est-ce facile d’émerger dans le milieu du hip hop qui est très masculin ?
Mamy : Non, ce n’est pas facile. C’est pourquoi déjà on est tout le temps ciblé à plus forte raison qu’on évolue dans le milieu musical. On est appelé à sortir à n’importe quelle heure, à voyager tout le temps quand c’est nécessaire. On nous qualifie de toutes sortes de perversion. Mais c’est au fil du temps qu’ils acceptent que c’est un métier comme les autres.

Myrièm : l’autre aspect, c’est la plupart des gens qui viennent vers nous. Ils ne viennent pas pour nos talents, il viennent pour autre chose. C’est l’artiste en personne qui les intéresse mais pas ce qu’elle fait. Il y a plein de producteurs qui le font. Ils veulent produire le corps de l’artiste mais pas son produit. Il faut juste savoir ce que l’on veut.

Ne pensez-vous pas que c’est à cause du rap que les hommes vous fuient ?
Myrièm : je discutais avec un pote, il m’a fait savoir que les hommes sont devenus une espèce rare. Pour cause, le Diola a dû emporter des hommes, le « barsa barsac » aussi et il y a trop de « moitiés moitiés » (les homosexuels). Il y a plein de jeunes filles qui ont notre âge et qui ne sont pas toujours mariées. Nous ne sommes pas les seules à ne pas être mariées.

Source: L'Obs

1 commentaire:

ayawebmarketer a dit…

Blog interressant,

Je trouve qu'elles ont évolué avec le temps ces filles!!!En plus j'adore leur musique

 
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