
Dans la chaîne de structures que Youssou Ndour a mises en place (studio, média, night-club) pour gérer le business de la musique, c’est sans doute sa maison de production qui est la plus problématique. Jololi est régulièrement impliquée dans des scandales, dénoncée pour ses coups fourrés à l’interne comme à l’externe.
Car la boîte est un lieu où se jouent à la fois des querelles familiales et des intérêts personnels, nourris par les enjeux de gros sous que charrie l’industrie musicale sénégalaise. Créée par le patron du Super Etoile, la société est gérée selon une loi qui privilégie la filiation à la compétence.
Après avoir développé la boîte, Bouba Ndour a passé la main à la sœur Ngoné qui était pourtant, jusqu’à une époque récente, étrangère au monde de la musique. La nouvelle patronne est secondée dans sa tâche par deux autres frangins : Ibrahima et Ndiaga Ndour. Ce dernier, après une brève formation, est devenu, dit-on, ingénieur du son et gère, par la même occasion, la logistique de la boîte. C’est par lui qu’est venu d’ailleurs l’incident de samedi dernier, le jour de la korité. Mbaye Dièye Faye l’accuse d’avoir ‘saboté’ sa soirée.
Mais au-delà de cet incident avec le percussionniste du Super Etoile, plusieurs observateurs sont d’accord pour dire que Jololi est une machine très huilée quand il s’agit d’orchestrer des manœuvres peu orthodoxes. Et même les membres du clan ne semblent pas être à l’abri de ses agissements. Car, malgré son apparence lisse, la vie au sein de cette entreprise familiale est très différente de l’image qu’elle cherche à renvoyer. Un ancien membre du personnel souligne ‘les ambitions égoïstes de la patronne des lieux qui, sans connaître grand chose de la musique, veut mettre la main sur tout’.
Contactée, Ngoné Ndour n’a pas voulu répondre à nos questions. Mais, d’après notre source, ‘son attitude boulimique ne serait pas étrangère au départ de Bouba Ndour’. Car ce n’est pas seulement pour éviter de donner l’impression de vivre au crochet de son richississime frère que l’ancien mari de Viviane est parti créer sa propre structure de production, Watawatt. ‘Il se sentait à l’étroit dans la boîte. En plus, il voulait diversifier les produits de Jololi vers d’autres genres musicaux, alors que Ngoné, elle, était plutôt portée sur le profit immédiat’, relate notre source.

Dépitée, la jeune femme décide alors de mettre fin à sa carrière avant que Youssou Ndour ne l’en dissuade. ‘Mais Jololi n’a fait aucun effort de promotion, poursuit notre interlocuteur. Elle sait maintenant avec eux qu’elle ne fera jamais une grosse carrière dans la musique. Et ce n’est pas surprenant qu‘elle se recycle actuellement dans la couture’.
A l’extérieur également, plusieurs altercations ont émaillé les rapports de Jololi avec ses différents partenaires. La structure de production est devenue une sorte de boîte à Pandore dans le milieu du showbiz. Elle est impliquée dans presque tous les scandales avec, à la clé, de grosses histoires de sous. Au mois de juillet dernier, Jololi n’a pas hésité à traîner devant la justice le Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda). Elle réclamait l’arrêt de tous les contrats de téléchargement des sons de treize de ses artistes. Mais la structure se plaignait surtout de n’avoir jamais reçu sa part de royalties ; les redevances que le Bsda reçoit en contrepartie de l’usage des œuvres musicales sur les téléphones portables. Mais d’aucuns soupçonnent la boîte de Youssou Ndour de vouloir mettre la main sur un marché très juteux : le téléchargement des chansons.
En fait, entre Jololi et la structure de protection des droits des artistes, cela n’a jamais été le grand amour. On se souvient qu’il y a trois à quatre ans, la patronne du Bsda, Mme Diabi Siby, dénonçait ouvertement un ‘vaste réseau de piraterie animé par des personnalités haut placées dans le milieu du show business et qui disposent de moyens immenses pour la reproduction en quantité des œuvres’. D’ailleurs, la maison de production n’a jamais supporté la politique des hologrammes mise en place par le Bsda pour contrer la duplication illégale des œuvres. Et comme par coïncidence, une coalition d’artistes dépose une plainte contre Jololi.

Et plus récemment, des caméras de la Rts ont été retrouvées chez Jololi dans les bagages de Ndiaga Ndour qui sera par la suite entendu par la Gendarmerie nationale. Le technicien du son avait réussi la prouesse se payer trois caméras à 10 millions de francs Cfa, alors que chaque pièce coûte pas moins de 80 millions. Ce qui, à l’évidence, est beaucoup moins difficile que dégotter une sono de soirée !
Source: Walf Fadjri
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