
Youssou N’Dour, musulman de confrérie mouride, est un chanteur populaire, un gamin à la voix d’or né dans la Médina de Dakar, il gère des affaires et s’implique dans l’humanitaire, mais pas seulement. De timide et introverti qu’il était en dehors de la scène à ses débuts, il est aujourd’hui devenu le porte-parole d’une Afrique urbaine et économiquement consciente.
Ainsi, début juin, il était au G8 d’Heiligendamm, près de Rostock, en Allemagne, avec ses amis Bono (chanteur de U2) et Richard Branson (fondateur de Virgin). Du voyage également, Sir Bob Geldof, promoteur du Live Aid en 1985 contre la famine en Ethiopie, puis du "Live 8" en 2005, série de shows télévisés planétaires montés pour exiger des puissants l’abolition de la dette des pays les plus pauvres. Youssou N’Dour avait alors été le seul chanteur africain à figurer dans les concerts "nobles" de Paris ou de Londres.
Les présidents présents à Rostock, dont Nicolas Sarkozy pour la France, n’ont pas manqué de se laisser photographier aux côtés de ces stars du show-biz, une aristocratie à laquelle, bizarrement, Youssou N’Dour appartient. "You", en effet, vit, travaille à Dakar. Il aurait pu toute sa vie vendre un nombre de disques proportionnel à la connaissance mondiale du wolof.
Mais le musicien surdoué a su décupler ses forces de vente par un incontestable talent, et par un gracieux système d’alliances : duo de charme avec Neneh Cherry (7 Seconds, standard absolu), appui confraternel du cinéaste américain Spike Lee, puis flirts avec la musique arabe, notamment dans Egypt, hymne à l’islam tolérant enregistré au Caire, et récompensé en 2005 par un Grammy Award américain, malgré le choc irakien, alors que, en 2003, il avait annulé sa tournée américaine en signe de protestation. Le voici acteur, rejouant la tragédie de la traite négrière dans le rôle de l’esclave-poète Olaudah Equiano pour Amazing Grace, du Britannique Michael Apted, à sortir prochainement.

La rumeur voudrait que Youssou N’Dour soit mûr pour entrer en politique : il serait candidat à la députation, à la mairie de Dakar, à la présidence de la République du Sénégal, à celle de l’Union africaine... Mais, invité en mai à la grande "party" qui réunissait les cent personnalités de l’année retenues par Time Magazine, il en revient sceptique, chamboulé et gêné : "On a l’impression que, dans ces milieux-là, on peut décider du sort du monde."
A Dakar, pourtant, la polémique va bon train : sous le baobab Youssou, aucune herbe ne repousserait. Il serait l’ami des présidents, intime d’Abdou Diouf, puis d’Abdoulaye Wade, toujours du côté du manche. Youssou N’Dour possède un studio d’enregistrement, Xippi, un label de disques, Jojoli, une boîte de nuit, le Thiossane, deux fondations humanitaires. Il a créé Joko, un réseau d’accès à Internet pour les plus démunis. Il possède une radio, Radio Futur Medias, un journal, L’Observateur (60 000 exemplaires par jour), regroupés au sein du groupe Futur Medias, qui emploie 104 personnes. Il a des projets de télévision, parce que "les Africains doivent créer leurs médias".
Son récent divorce à l’amiable d’avec sa première femme, Mamy Camara, a alimenté les gazettes, autant que le procès en diffamation que lui a intenté Karim Wade, le fils du président, après la révélation, dans L’Observateur, d’un trafic de devises de plusieurs millions de dollars l’impliquant. Youssou N’Dour avait soutenu sans réserve ses journalistes. "Les médias, c’est difficile, commente le directeur de la publication, on dit toujours : c’est Youssou qui dit que... Mais non, je découvre le journal chaque matin, c’est un challenge."

"Il fallait prendre cette maladie au sérieux. En pleine crise de paludisme, les Sénégalais disaient, avec une grande légèreté : je suis un peu "sibirou". Aujourd’hui, le discours a changé. On sait qu’il y a près de 3 millions de morts du paludisme par an. Je m’étais fixé un seuil de 3 milliards de dollars pour lutter contre cette maladie et notamment acheter des moustiquaires." Il dit avoir réuni 1,4 milliard.
Source: Nettali
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